[L5A] Épopée de la délégation de Topaze

Vos parties elles déchirent ! N'en perdez pas la trace, faites profiter les malheureux absents.

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Oloth
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[L5A] Épopée de la délégation de Topaze

Message par Oloth »

Cette campagne est terminée depuis un bon moment et mes notes sont complètes, mais il faut que je trouve du temps pour les mettre au propre sur mon pc. Ça arrivera un jour ! Si si ! ^^"
En attendant, je remets le début de nos (més)aventures :mrgreen:
Bonne lecture !

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Jour 24 du mois du Lièvre, an 1120 du calendrier impérial

En ce jour, moi, Kitsuki Yuuko du clan du Dragon, entame le récit de la délégation de Topaze.
Il y a 10 jours de cela et comme tous les ans au mois du Lièvre, s’est tenu le tournoi de Topaze. De nombreux jeunes samurais de nombreux clans étaient ainsi réunis au sein des terres de la famille Kakita pour un ensemble d’épreuves sur deux jours. Moi-même ai été sélectionnée et quitté mon cher dojo et ma chère famille, puis parcouru une partie de l’Empire de Rokugan pour y participer.

Nombreuses furent les épreuves : course d’obstacles, tir à l’arc, équitation, étiquette, sumai, chasse en groupe, kenjutsu... Tous les participants firent de leur mieux pour honorer leur clan et ainsi remporter les différentes épreuves, mais seuls huit d’entre eux purent atteindre l’épreuve finale de iaijutsu. Après une nuit de repos méritée, les huit finalistes se retrouvèrent le matin du troisième jour devant la foule, Otomo Banu-sama, cousin du Fils du Ciel et surtout Sa Majesté le Prince, venue assister aux duels au premier sang finaux. Les trois précédents champions de Topaze étaient présents aussi : Bayushi Tangen-san du clan du Scorpion, Kakita Kenji-san du clan de la Grue et Matsu Hikaru-san du clan du Lion.
Là encore, tous les participant firent preuve de bravoure et eurent l’occasion de démontrer leurs talents dans l’art de dégainer le katana. C’est finalement Kakita Haruki-san qui remporta la victoire contre votre humble serviteur devant une foule en liesse, dans une frappe parmi les plus dignes de son école. Les blessures, toutes sans gravité fort heureusement, preuve du talent des duellistes, furent pris en charge par des shugenjas.

Je retrouvai ensuite tous les finalistes et le nouveau champion de Topaze. Nous fûmes alors habillés et eurent tous l’immense honneur d’avoir une audience avec Sa Majesté le Prince. Sa Majesté nous félicita et félicita le nouveau champion de Topaze. Puis, Sa Majesté nous fit part de ses souhaits de réconcilier les clans de Rokugan, en nous rappelant qu’à ce moment même, le champion du Lion armait ses troupes afin de reprendre la Cité des Apparences sur les terres du clan de la Grue. Sa Majesté demanda alors à Kakita Haruki-san de constituer un groupe parmi les finalistes, dont le but serait de parcourir l’Empire de Rokugan pendant un an et travailler à améliorer les relations entre les clans.
Kakita Haruki-san fut honoré de cette demande et choisit la calme et érudite shugenja Isawa Tsukiharu-san du clan du Phénix, le volubile et vigilant stratège Ikoma Daisuke-san du clan du Lion, l’intrépide et cavalier émérite Shizo Kazuo-san du clan de la Licorne et moi-même. Sa Majesté et sa suite prirent congés et nous laissèrent retourner à nos activités. Kakita Haruki-san rencontra Matsu Hikaru-san, la précédente championne de Topaze qui nous invita au château de son père Matsu Tôju-sama.

Nous passâmes une soirée forte agréable au sein de la demeure familiale du champion de Topaze, puis après une semaine de préparatifs où Sa Majesté le Prince nous fournit des sauf-conduits pour parcourir librement l’Empire pour un an. Ikoma Daisuke-san fit fabriquer un étendard aux couleurs du topaze nous quittâmes Kyôden Kakita et priment la route pour nous rendre sur les terres du clan du Lion.

Sur le chemin, aux bords d’une rivière, peu avant d’arriver sur les terres de la famille Matsu, nous mîmes à jour un réseau de contrebande d’armes, organisé par un cartel criminel nommé le « lotus noir ». Ces mécréants nous attaquèrent malgré notre statut et reçurent le châtiment qu’ils méritaient.

Après cet incident, nous reprîmes notre route vers le château de Matsu Tôju-sama. C’est lui-même, accompagné de son conseiller Matsu Goro-san et sa fille Matsu Hikaru-san qui nous accueillirent à notre arrivée. Nous pûmes nous rafraichir et nous rendre plus présentables après une épuisante journée de voyage.
Nous rejoignîmes ensuite Matsu Hikaru-san dans un magnifique pavillon de thé construit à sa demande, où elle nous fit découvrir sa maitrise de la cérémonie du thé. Tous ensemble, nous goûtâmes alors à un silence apaisant et revigorant. Ce calme fut troublé par l’arrivée d’un corbeau qui se posa non loin de nous, nous regarda, croassa puis reprit son envol. Isawa Tsukiharu-san nous fit partager son savoir et nous parla des significations possibles de ce présage : un grand changement était à prévoir. C’est l’esprit chargé de ces pensées que nous prîmes le chemin de la salle de réception où nous partageâmes le repas avec Matsu Tôju-sama, Matsu Goro-san, Matsu Hikaru-san et deux autres invités du clan du Phénix, Asako Nichiren, un vénérable généalogiste et son garde du corps Shiba Kaisuke.
À la fin du repas, Matsu Tôju-sama nous apprit qu’aujourd’hui, pendant le deuxième assaut de la Cité des Apparences dirigé par le Champion du clan du Lion et chef de la famille Akodo, Akodo Daiyo, celui-ci trouva la mort avec son fils, Akodo Arasô. La fiancée de ce dernier, Matsu Tsuko et chef de la famille Matsu avait pour le moment hérité du titre de Champion et serait en route vers la capitale avec des ambassadeurs pour demander au Fils du Ciel, l’autorisation pour une guerre totale au clan de la Grue. Ces nouvelles nous bouleversèrent tous et nous discutâmes longuement sur ce que nous pourrions faire pour empêcher un tel désastre.
Il nous fit part aussi de ses recherches sur le cartel du lotus noir et nous apprit que ce cartel ne sévissait pas ici d’ordinaire.

Le cœur lourd, nous partîmes nous coucher.

Cependant… je fis un rêve cette nuit. Et je sais que mes compagnons le firent aussi car je les sentais auprès de moi. Nous survolions les terres du clan du Crabe quand nous arrivâmes en vue du Mur des Bâtisseurs, ultime et seul rempart avec les braves et fiers samurais du clan du Crabe, entre l’Empire de Rokugan et les légions damnées de l’Outre-Monde. Un assaut terrible était en train d’avoir lieu et d’innombrables bakemonos, onis et autres créatures maléfiques du Sombre Seigneur, suintants et puants de corruption attaquaient sans relâche, tandis que le clan du Crabe redoublait d’ardeur au combat.
C’est alors que nous vîmes un officier crabe, comme devenu fou qui massacrait ses propres hommes. Il se dirigea vers une des portes du Mur et entreprit de l’ouvrir, afin de laisser les forces de l’Outre-Monde se déverser en notre monde. C’est alors que plusieurs bushis s’interposèrent, dont une féroce samurai du clan du Dragon qui après un combat enragé parvint à occire cet officier corrompu.
Alors que tout le monde repartait vers d’autres combats, un autre samurai laissé seul, criblé de flèches replaçait la lourde barre de fer qui bloquait les portes. Lorsqu’il se retourna, exténué, nous pûmes reconnaitre Kakita Kenji-san, un ancien champion de Topaze. Une voix se mit alors lui évoqua alors la mission qu’il venait d’accomplir :
Kakita Kenji dit à son interlocteur : "voilà une bonne chose de faite, et maintenant ?
- Maintenant, tu vas retourner à la cité des apparences. Tu as des choses à y faire et un peu de temps pour voir ta famille
- Vous n'avez pas l'air comme d'habitude
- C'est normal, d'autres voient à travers mes yeux
- Qui ça ?
- Les prochains qui vont avoir des choses importantes à faire et dont tu vas devoir t'occuper."
Kenji déclara alors en nous regardant : "Ah. Je suis désolé, mais qui que vous soyez, il va donc falloir que je m'occupe de vous.".
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Oloth
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Re: [L5A] Épopée de la délégation de Topaze

Message par Oloth »

Jour 6 du mois du Dragon, an 1120 du calendrier impérial

En ce jour, moi, Kitsuki Yuuko, humble bushi du clan du Dragon, continue le récit de la délégation de Topaze.
Ce mystérieux et étrange rêve commun, survenu après un différend qui opposa Daisuke-san et Haruki-san, différend qui ne connut pas de fin tragique grâce à la force de volonté de chacun de nous, rendit la nuit bien courte. Fort heureusement, un copieux et excellent déjeuner nous requinqua tous.
Ce matin-là, Tsukiharu-san devisa longuement avec Asako Nichiren-sensei. Tsukiharu-san nous informa par la suite que ce dernier nous faisait l’honneur de nous proposer de voyager ensemble vers Tonfajutsen, la Cité des Apparences. Pendant ce temps, Haruki-san et Daisuke-san se baladèrent aux alentours du château de Matsu Tôju-sama, alors que Kazuo-san et moi-même accompagnâmes le seigneur à la chasse. Nous parlâmes peu, et profitâmes de ces instants pour soulager nos esprits tourmentés.
Toujours ce matin-là du 25ème jour du mois du Lièvre, Tsukiharu-san fit un oracle et prédit qu’une éclipse aurait lieu le lendemain. Tout le monde fut surpris mais cela nous fut confirmé peu après.

Après le repas de midi, notre groupe prit la décision de continuer à enquêter sur cet odieux trafic d’armes qui semblait se tramer sur les terres de Matsu Tôju-sama. Nous partîmes donc en direction du village principal des terres de Matsu Tôju-sama. Compte-tenu de la quantité de sabres que nous avions trouvés, il était évident que plusieurs forgerons travaillaient ensemble et tous les jours. Une grande quantité d’acier était nécessaire, pourtant, aucune fumée de forge ne se distinguait au loin. En interrogeant plusieurs heimin au village, nous apprîmes qu’il existait plusieurs routes annexes pour se rendre sur les terres du clan de la Grue, où ces détestables criminels du lotus noir semblaient se rendre, avant que nous ne réglions leur compte. La première route menait vers une ancienne carrière. La seconde route menait vers un monastère de nonnes. La dernière était une ancienne route frontalière. Nous passâmes la nuit au village car la nuit était tombée.

Nous décidâmes d’abord de nous rendre au monastère le lendemain matin. Nous y fûmes accueillis par une nonne qui n’avait rien perdu de ce qui fait la fierté de la famille Matsu. L’éclipse étant sur le point de survenir, Tsukiharu-san et votre modeste servante furent alors invités par les nonnes à leur prêter main-forte pour rapidement préparer le rituel, célébrant la rencontre de Dame Soleil et de Seigneur Lune, ce que nous fîmes.
Une fois que Dame Soleil et de Seigneur Lune mirent fin à leur dialogue, nous aidâmes à ranger et fîmes des offrandes à Bishamon-kamisama, la Fortune de la Force.

Puis, nous reprîmes la route, cette fois en direction de l’ancienne carrière. Et tout le monde fut pris de stupéfaction par ce que nous découvrîmes. Au cœur de la colline éventrée se tenait un grand bâtiment. Un grand tuyau s’en échappait pour se diviser en neuf cheminées sur plusieurs dizaines de mètres, afin de couvrir l’odieuse activité qui s’y déroulait. Une trentaine de heimin s’affairaient, plus dix hommes enchainés, à la peau très sale et sombre. Aucun de nous n’avait jamais rien vu de tel. Enfin, six bushis en armures et aux couleurs du clan du Lion surveillaient l’endroit. Daisuke-san nous confirma grâce à ses connaissances de stratège qu’ils n’étaient pas de vulgaires criminels portant les armures de samouraïs. Nous débattîmes longuement sur ce que nous devions entreprendre. Je proposai d’attaquer en bouchant d’abord les sorties des cheminées et de jouer sur le fait qu’une fois l’alerte donnée, les heimin se disperseraient probablement et nous aurions l’avantage de la vitesse et de l’endurance face aux bushis en armure.
Mais Haruki-san et Daisuke-san souhaitaient une issue moins sanglante : le champion de Topaze suggéra d’aller à la rencontre des bushis et de les féliciter pour avoir découvert le trafic et qu’il fallait avertir tout de suite le seigneur Matsu Tôju-sama. Daisuke-san préférait une approche plus discrète et souhaitait repartir avertir le daimyo avant de revenir éventuellement pour attaquer. Dans tous les cas, nous prévoyions d’avertir la Magistrature d’Émeraude dès que possible. Finalement, nous décidâmes de repartir au château sans attaquer.

À notre retour, nous croisâmes Matsu Hikaru-san qui surveillait d’un œil bienveillant le jeune et fougueux Akira-kun s’entrainer au kyûdô. A ce que dit le jeune samouraï à sa sensei, nous comprimes que Matsu Tôju-sama cachait plus de choses qu’il ne le faisait croire. Après lui avoir annoncé que nous avions de graves nouvelles par rapport au trafic, Matsu Hikaru-san nous accompagna à la rencontre de son père pour une audience. Le seigneur était dans le jardin, s’exerçant à la calligraphie.
Lorsque nous lui annonçâmes ce que nous avions découvert, son sang ne fit qu’un tour et fit mander immédiatement son conseiller Matsu Goro-sama. Ce dernier fût accusé devant nous, se prosterna et se confondit en excuses devant son daimyo avant d’être emmené.

Cependant, je sentais au fond de moi que quelque chose ne tournait pas rond. Les regards de Matsu Tôju-sama et Matsu Goro-sama ne me satisfaisaient pas. Matsu Tôju-sama m’avait eu l’air bien trop préparé et plusieurs paroles qu’il dit m’interpellaient au plus profond de mon âme. Ce n’est que pendant le repas qui suivit que je compris : Matsu Goro-sama était innocent. Je savais la vérité. Tiraillée, déchirée par l’absence de preuve matérielle et par l’idée que j’allai porter accusation contre un seigneur qui nous avait accueillis, allais-je risquer ma vie ainsi que celle de mes compagnons en la faisant éclater ? J’étais sur le point de salir mon propre honneur et garder la vérité pour moi quand je me souvins de ma mère et de ce qu’elle m’avait enseigné, sages pensées auxquelles je n’avais pas assez prêté attention étant enfant... Je rassemblai mon courage et ma volonté et demanda son avis à Matsu Hikaru-san sur les derniers événements. Et à la surprise de tous les présents, je fis part de mes soupçons sur le seigneur de ces terres, malgré l’absence de preuves pour appuyer mes dires. Je devais être au clair avec ma conscience.
Matsu Hikaru-san contenait sa fureur et me provoqua en duel à mort. Personne d’autre que nous ne parlait. J’allai accepter quand Kazuo-san nous rappela providentiellement que Matsu Tôju-sama avait dit qu’il dépêcherait des hommes vers l’ancienne carrière afin de mettre fin au trafic. Il proposa donc de tous nous y rendre. Matsu Hikaru-san finit par acquiescer. Elle ne me regardait pas. Mes compagnons étaient silencieux, tout comme moi, conscients que ma vie était en jeu.

Arrivés à la carrière, nous vîmes que les 6 bushis étaient maintenant torses nus, sous la surveillance d’une dizaine d’autres bushis de la famille Matsu. Les heimin avaient été rassemblés, ainsi que ces étrangers toujours enchainés, car nous pouvions clairement voir maintenant qu’ils n’étaient pas sales, mais que leur peau était très sombre. L’un des samouraïs en armure annonça qu’ils attendaient la décision de Matsu Tôju-sama pour savoir s’ils seraient autorisés à faire seppuku. Dans une voix impérieuse et remplie de colère, Matsu Hikaru-san somma les prisonniers à avouer qui était leur chef. L’un d’eux se désigna alors. L’héritière commença un monologue sur le fait qu’elle dirigerait un jour ces terres et qu’elle aurait à assumer les conséquences de ce qui se passait ici. La dernière question qu’elle posa fut presque hurlée :
« - QUI T’A DONNÉ CES ORDRES ?! »
Alors le bushi se prosterna face contre terre et avoua : « Votre père Madame ! ».

Le lourd silence qui suivit fut interrompu par le galop de chevaux qui approchaient. C’était le seigneur Matsu Tôju-sama, escorté de plusieurs hommes. Ce dernier fut extrêmement surpris de nous voir tous et devint méfiant.
S’ensuit un affrontement verbal entre sa fille, mes compagnons et moi faisant corps derrière elle, et lui, au cours duquel il admit sa culpabilité avec ces deux simples mots : « Quelles preuves ? » et nous eûmes confirmation qu’il avait aussi jeté le déshonneur sur sa femme par le passé. Sa fille lui ordonna de descendre de cheval et de se rendre, afin d’agir enfin comme un seigneur digne de ce nom. Au bout d’interminables secondes, Daisuke-san s’avança vers lui, prudemment couvert par ses compagnons, et lui proposa son aide pour descendre de cheval. Ce qu’il fit.
Il défit son daishô qu’il tendit à Daisuke-san sans le regarder et il s’avança. Matsu Hikaru-san déclara alors qu’il n’était plus digne de porter le nom Matsu et qu’elle se détournait. Ayant dit cela, elle mit ses bras en croix et se retourna. Tout le monde l’imita. Après plusieurs secondes, chacun reprit sa position normale et le criminel fut emmené. Matsu Hikaru-sama, nouvelle daimyo du domaine, décréta qu’elle saurait tout de cette histoire. Tout. Le repas du soir et la soirée furent bien morose et personne, surtout moi, n’osait prendre la parole.

Le lendemain matin, nous nous joignîmes à Asako Nichiren-sensei et son garde du corps Shiba Kaisuke-san. Matsu Hikaru-sama était en armure. Elle inclina la tête, ce que nous fîmes en retour. Lorsque nous nous perdîmes de vue, elle n’avait toujours pas bougé.
Nous faisions route vers les terres du seigneur Akodo Maori-sama, daimyo de Daisuke-san. Nous passâmes 3 jours à traverser les plaines militarisées de la famille Matsu, avec des fortins placés régulièrement et stratégiquement. Grâce au laisser-passer du Prince, nous pouvions passer la nuit dans les relais impériaux. Asako Nichiren-sensei et Shiba Kaisuke-san quant à eux dormaient dans des auberges proches.

Le 4ème jour, alors que nous arrivions à une petite rivière surplombée d’un pont à péage et que les heimin nous laissaient la place, nous remarquâmes qu’un groupe d’une trentaine de personnes approchaient. Environ 20 fantassins et 10 cavaliers portaient l’étendard de la famille Akodo. Nous pûmes reconnaitre ensuite le blason d’Akodo Kage-sama, frère par alliance du Fils du Ciel, et prétendant au titre de nouveau chef de la famille Akodo. Nous apprîmes qu’Akodo Kage-sama se rendait aussi au château d’Akodo Maori-sama et nous accorda l’immense honneur de chevaucher ensemble.
Pendant les quelques jours où nous fîmes trajet commun, l’escorte d’Akodo Kage-sama parla de rumeurs qui courraient en ce moment. Il se disait que des guerriers s’étaient entretués à la Cité des Apparences, que le clan du Phénix avait fermé ses frontières et qu’une bushi Mirumoto aurait tué un général Crabe devenu fou pendant une rude bataille sur le Mur entre les forces de Rokugan et celles du Sombre Seigneur.

Nous arrivâmes à la prochaine étape de notre périple. Une immense forêt touffue se présentait devant nous, un chemin la traversant vers Rengai Mura, le village de briques. Comme beaucoup de villages dans Rokugan, cette bourgade méritait bien son nom. Toutes les demeures étaient fabriquées en briques rouges, tranchant nettement avec l’architecture classique rokugani que nous connaissons tous. L’autre chose qui nous frappa à notre arrivée est que beaucoup de gens, y compris des heimin, portaient un brassard blanc. Nous comprîmes vite qu’un autre événement tragique avait eu lieu il y a peu.
La confirmation de ce triste sentiment se fit au château Ichimei, demeure du seigneur Akodo Maori-sama. C’est son fils, Akodo Hakenka-sama qui nous accueillit. Ce dernier nous annonça que son père avait rejoint leurs ancêtres il y a 2 jours de cela. Le seigneur Akodo Saemon-sama était en route lui aussi et devait arriver sous peu. Akodo Hakenka-sama nous fit l’honneur de nous héberger durant notre séjour. Tout le monde accepta son offre avec joie.

Nous laissâmes alors Akodo Kage-sama et Akodo Hakenka-sama pour nous rendre à la demeure des parents de Daisuke-san. Nous fîmes en premier la connaissance de sa dynamique et fière mère Ikoma Nagisa-san qui s’entrainait imperturbablement à la naginata dans le jardin. Le père de Daisuke-san, le calme et érudit Ikoma Sume-san, nous rejoint plus tard. Pendant qu’Ikoma Nagisa-san nous préparait un repas dont la délicieuse odeur se répandait déjà dans le séjour, nous conversâmes avec Ikoma Sume-san autour d’une bonne bouteille de liqueur de fruit. Il nous apprit qu’officiellement, Akodo Maori-sama s’en était allé durant son sommeil. Néanmoins, des rumeurs faisant état d’une malédiction allaient bon train. Une marque aurait été retrouvée sur sa dépouille, identique à celle qui aurait été trouvée sur celle de son défunt père. Kitsu Toshin-sensei, le shugenja du château Ichimei était persuadé qu’une malédiction était à l’œuvre. Nous nous rappelâmes de l’une des prophéties de Togashi-kamisama, déclarant que le règne de Hantei prendrait fin avec la mort du dernier Akodo. Nous évoquâmes le trafic d’armes que nous avions déjoué, où étaient destinés les sabres que nous avions découvert, parlant de terres bien au-delà de Rokugan, le Royaume d’Ivoire.

Après un succulent repas, nous prîmes congé de la famille de Daisuke-san et nous rendîmes au château. Tsukiharu-san avait l’intention de discuter de cette malédiction avec Kitsu Toshin-sensei. Un garde nous dit que le shugenja se trouvait derrière le château. À ce moment-là, un groupe de cavalier escortant un palanquin fit son entrée. Le cavalier de tête n’était autre qu’Akodo Saemon-sama. Du palanquin émergea son épouse, Akodo Yumi-sama. Deux noms que je connais bien car leur histoire est intimement liée à celle de mon village, Mimura. Mais peut-être aurons-nous l’occasion d’en reparler.

Nous nous inclinâmes devant eux puis reprîmes notre route vers le crématorium. Nous traversâmes des bosquets et des parterres de fleurs et d’herbes aromatiques et odorantes, et notre objectif se présenta devant nous. Devant une petite bâtisse en brique, munie d’une cheminée, se tenait un homme fatigué d’une trentaine d’années, en pleine prière. Kitsu Toshin-sensei. Deux etas vaquaient à leurs occupations.

Après les présentations, Tsukiharu-san, accompagnée Kitsu Toshin-sensei entra dans le bâtiment. Une jeune eta examinait la dépouille du seigneur. Cette eta aurait pu être d'une grande beauté si son visage n'était pas défiguré par plusieurs balafres, visiblement faites avec un objet tranchant. Lorsque mes yeux croisèrent ceux de la jeune eta, une sensation étrange parcourut mon être. Un sentiment étrange de plénitude m’envahit. En regardant mes compagnons, il sembla que j’étais la seule à avoir été affectée. Kitsu Toshin-sensei ordonna à cette jeune « femme » de sortir. Kazuo-san resta en retrait alors que Haruki-san, Daisuke-san et moi-même commençâmes à interroger cette personne. Peu après, presque tout le monde était dans le bâtiment. Kitsu Toshin-sensei maintenait qu’Akodo Maori-sama avait été la victime d’une malédiction. La jeune eta nous avait dit qu’elle avait remarqué que le coin supérieur droit de la marque était plus clair que le reste. Pendant que je réalisai un croquis de la marque, Daisuke-san demanda alors à la jeune eta de nettoyer la marque sur le torse du défunt seigneur, un phalène de couleur bleu nuit. Elle s’exécuta et peu après, elle montra un chiffon blanc maculé de bleu. Mes compagnons et moi-même comprîmes que la malédiction n’était qu’un mensonge.
Par la suite, la discussion entre la jeune eta et nous continua. Daisuke-san semblait perturbé par le ton neutre et serein de cette jeune personne et après avoir été bousculée, celle-ci leva les yeux vers lui…
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Oloth
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Daisuke-san se figea et resta immobile pendant un moment, puis il reprit ses esprits. Un débat s’ensuit pour discuter du sort de cette jeune eta nommée Hiko. Nous décidâmes de la garder en vie.
Tsukiharu-san et moi-même retournâmes avec l’eta examiner le corps. Cela faisait 2 à 3 jours qu’il était ici. L’une des difficultés que nous allions avoir était la persistance de Kitsu Toshin-sensei par rapport à la malédiction. Il semblait qu’Akodo Maori-sama souffrait de problèmes de jambe. Tsukiharu-san grâce à ses connaissances en médecine et aux descriptions de la jeune eta en fonction de ce qui lui était demandé d’examiner nous permit de conclure que la mort du seigneur avait été rapide. Deux options étaient alors à retenir : une attaque ou du poison.
Soudain, Tsukiharu-san eut un éclair de lucidité : elle avait entendu parler d’une plante, l’obuno, qui produit énormément de couleur bleue même diluée, mais toxique à cause de la transpiration et à une exposition longue. Le clan du Crabe en fit l’amère expérience il y a quelques siècles. Cela soulevait néanmoins de nouvelles questions car l’obuno était plutôt cultivée dans le Sud de Rokugan. En interrogeant des serviteurs, nous apprîmes que sa concubine jardinait souvent avec lui.
Nous suspendîmes notre enquête car nous étions mandés au château. Nous fûmes accueillis par le capitaine de la garde Matsu Nari-san. L’intérieur du château était bien plus faste que l’extérieur et nous pûmes admirer nombre de calligraphies et d’objets en bois précieux.
Enfin, nous nous présentâmes devant le nouveau seigneur du château, Akodo Hakenka-sama, ainsi que les seigneurs Akodo Kage-sama et Akodo Saemon-sama. Ces derniers parlaient à voix basse et sirotaient du thé à notre arrivée. Akodo Hakenka-sama sembla un instant gêné de la présence de Haruki-san mais fit preuve de bonne foi. Une courte discussion avec Matsu Nari-san eut lieu, un renforcement de la garde était nécessaire. Aucune personne n’était soupçonnée pour le moment. Amai-san, la concubine du défunt seigneur lui était d’une loyauté irréprochable, tout le monde pouvait en attester. La présence d’Akodo Kage-sama et Akodo Saemon-sama pouvait être liée à ces événements, voire visés. Avec l’autorisation d’Akodo Hakenka-sama, nous reçûmes la permission de nous rendre les appartements de feu son père. Les serviteurs en reconnaissant Daisuke-san ne nous posèrent aucun souci. Pendant que Haruki-san, Kazuo-san et lui cherchaient des indices dans la chambre d’Akodo Maori-sama, Tsukiharu-san et moi nous entretînmes avec Amai-san. Son fils Sokoi, âgé d’une dizaine d’années était avec elle. Nous n’apprîmes pas grand-chose, si ce n’est qu’Akodo Maori-sama était visiblement le meilleur candidat à la succession de la famille Akodo avant qu’il ne rejoigne ses ancêtres. Akodo Saemon-sama était jugé trop à l’écart et excentrique. Akodo Kage-sama quant à lui avait une réputation bien établie malgré un mariage tragique, mais tout le connaissait, aussi bien à la Cour Impériale qu’au sein de la famille Akodo.
Alors qu’ils étaient dans les appartements de l’ancien seigneur, nos compagnons surprirent une conversation entre 4 gardes d’Akodo Kage-sama à la recherche d’un rônin nommé Katsu Ichi. Ils décidèrent de les suivre. En arrivant, ils découvrirent le rônin et les 4 gardes, vivants, mais à terre. Un échange eut lieu et le rônin demanda à Daisuke-san de montrer ce qu’il avait appris au dojo. Katsu Ichi-san parla de « l’orgueil et la fausseté des Akodo ». Avant son altercation avec les gardes, le rônin comptait se rendre à un monastère pas très loin. Haruki-san, Daisuke-san et Kazuo-san décidèrent de l’accompagner tout en devisant. Ils apprirent que Katsu Uchi-san avait combattu sur le Mur il n’y a pas si longtemps de cela. À leur arrivée devant le monastère, Haruki-san le questionna par rapport au général Crabe devenu fou et qui avait été tué par Mirumoto Hitomi, cheffe de la famille Mirumoto. Katsu Ichi-san répondit que « coïncidence » était un mot inventé pour cacher les actions des fortunes. Mis au courant de notre rêve commun, il leur demanda de le suivre dans le monastère. Trois statues dans le temple se dressent devant nos compagnons : Bishamon-kamisama, fortune de la force, Akodo-kamisama, fondateur de la famille Akodo et Megumi-kamisama, fortune des actions héroïques. Comme ce que nous raconta Kakita Kenji-san, le fait que les fortunes s’intéressaient à nous n’était pas forcément le signe d’une bénédiction…

Pendant ce temps, Tsukiharu-san invoquait les Kamis de la Terre afin de recueillir des informations sur l’obuno et s’il y en avait dans le jardin du château. Les divinités lui répondirent favorablement. En cherchant, nous en trouvâmes bien dissimulés sous une haie. Nous arrachâmes les pieds mais nous nous sentîmes observées. Mais il n’y avait personne lorsque nous nous retournâmes et cela nous ne nous mit pas à l’aise. Tsukiharu-san invoqua ensuite les Kamis de l’Eau pour identifier qui aurait pu planter et cueillir l’obuno. Elle obtint une silhouette frêle mais floue, ce qui était un autre élément perturbant. Dans la soirée, une fois que tout le monde s’était rejoint, nous mîmes en commun les informations que nous avions récoltées et nous discutâmes sur la façon de continuer à progresser dans notre enquête.
Nous fûmes ensuite reçus en audience par les 3 seigneurs Akodo. Un débat enflammé avait lieu entre Akodo Kage-sama et Akodo Saemon-sama à propos de samouraïs tués par un rônin nommé Katsu Ichi. Les victimes n’étaient que d’anciens élèves du dojo d’Akodo Kage-sama. Étant un ancien élève de Katsu Ichi lorsqu’il faisait partie de la famille Akodo, Akodo Saemon-sama annonça qu’il se proposait de défaire son ancien maître en duel. Akodo Kage-sama répondit qu’il appréciait ce geste… Akodo Saemon-sama prit alors congé. Puis ce fut le tour d’Akodo Kage-sama, qui dit que la nuit porte conseil. Tout le monde comprit ce qui venait de se passer : la famille Akodo avait un nouveau chef en la personne d’Akodo Kage-sama. Après un moment de silence, Akodo Hakenka-sama nous autorisa à parler. Haruki s’engagea avec lui dans une longue discussion sur l’offensive du Sombre Seigneur qui se profilait dans l’ombre. Akodo Hakenka-sama nous dit que l’Outre-Monde avait toujours eu l’initiative à ce sujet et que personne ne pouvait rien faire sinon se défendre. Kuni Osaku-sensei il y a 300 ans sauva l’Empire en dressant les eaux de la rivière de l’ultime résistance pendant 63 jours, ce qui permit la construction du Mur, sachant que la magie n’a aucun effet au-delà. Le Clan du Serpent et la famille Shiniitsu, ceux qui ont fini par trahir l’Empire étaient les plus vigilants.
Haruki-san demanda ensuite à Akodo Hakenka-sama s’il savait comment étaient mort Akodo Arasu-sama et son fils Akodo Daori-sama. Devant des centaines de samouraïs, plusieurs auraient demandé à faire seppuku pour ne pas avoir pu ou su les protéger.
Le souper se fit dans une ambiance morose. Tsukiharu-san et moi nous rendîmes dans le jardin, elle pour consulter les astres et moi pour méditer, pendant que Haruki-san et Daisuke-san allaient voir Kitsu Toshi-sensei. Je n’en suis pas sûre, mais je pense que Tsukiharu-san fit des cauchemars cette nuit-là. Toutefois je ne la forcerais pas à nous en parler.
C’était maintenant le troisième jour de notre séjour au château. Les préparatifs du départ d’Akodo Kage-sama avançaient. Dans le bureau du père de Daisuke-san, ce dernier lui fit part de ses interrogations pour avertir le seigneur de l’assassinat de son père. Nous interrompîmes notre discussion pour assister au départ du nouveau chef de la famille Akodo.
Notre enquête piétinait. Nous nous rendîmes à nouveau dans le jardin, puis au crématorium, puis au dojo et enfin à la bibliothèque, où nous retrouvâmes le père de Daisuke-san. Il tenait des carnets ayant appartenu à Akodo Maori-sama. De nombreuses pages étaient arrachées mais nous pûmes lire « Malédiction », « Et nous 4 porterons à jamais la marque de l’infâmie, la phalène ». Ceci était donc plus une allégorie qu’une malédiction et cela était probablement lié à un petit groupe de bushi, des frères d’armes. Nous décidâmes d’aller consulter la mère de Daisuke-san qui connaissait bien l’histoire de la famille Akodo. Celle-ci nous confirma bien des choses. Cela remontait à l’époque du père d’Akodo Maori-sama, à la Cité des Apparences. Il était un jeune guerrier audacieux, qui formait un quatuor célèbre avec 3 autres bushis. L’un d’entre eux s’appelait Akodo Tamoru. Et nous pensâmes tous à Katsu Ichi-san. Nous nous précipitâmes au monastère où le rônin se trouvait. Il était au chevet de l’abbé, souffrant. Après avoir expliqué la situation à Katsu Ichi-san, celui-ci s’adressa à l’abbé : « Parle-nous de l’infâmie, Naoki. ». Et Naoki-san parla. C’était une longue histoire, de 4 jeunes gens célèbres, liés à des choses oubliées et mélangées, à la honte. Un jour on leur confia une mission pendant une période de rapprochement entre les clans de la Grue et du Lion. Ils devaient escorter une jeune fille du clan de la Grue. Mais ils avaient reçu d’autres ordres en secret : ils devaient massacrer la caravane, y compris des membres de la famille Akodo puis faire porter le chapeau à des bandits. La fratrie fut dissoute après ces événements. Cela s’était passé il y a 35 ans.

Nous remerciâmes l’abbé et Katsu Ichi-san pour ces précieuses informations et nous repartîmes au château. Nous nous rendîmes dans les appartements de Kitsu Toshin-sensei. Daisuke-san trouva le journal du shugenja. Il évoquait avoir trouvé les carnets du grand-père d’Akodo Hakenka-sama et la marque de l’infâmie et d’en avoir parlé à un ami. Nous prîmes le carnet et demandâmes à être reçu par le seigneur du château dès que possible. L’audience nous fut accordée. Akodo Hakenka-sama jouait au go avec Akodo Saemon-sama. Ce dernier en nous voyant arriver préféra remettre la partie à plus tard et prit congé. Après nous avoir entendus, le seigneur convoqua son shugenja. Ce dernier avoua que l’ami dont il parlait n’était autre que Matsu Nori-san. Daisuke-san et Haruki-san se proposèrent d’aller le chercher. Je lui parlai ensuite du problème que Tsukiharu-san et moi avions ressenti dans le jardin. Il demanda à Tsukiharu-san de purifier le jardin devant Kitsu Toshin-sensei qui n’osait plus prendre la parole.
Arriva alors Matsu Nari-san, accompagné de Haruki-san et Daisuke-san. Ce dernier et Tsukiharu le trouvèrent bien trop mielleux. C’est alors que la confrontation commença entre le capitaine et le seigneur du château. Matsu Nari-san avoua alors que c’était bien un règlement de compte et qu’il cherchait à se venger car son grand-père était mort dans le déshonneur le plus total.
Tout s’enchaina très rapidement. À peine avions-nous eu le temps de dégainer que Matsu Nari-san se précipita pour tuer Akodo Hakenka-sama. Daisuke-san s’interposa et prit un coup violent à la place de son seigneur. Juste après, Haruki-san parvint à blesser l’ancien capitaine. Ce fut le seigneur qui donna le coup de grâce, en découpant littéralement le traitre en 2. Daisuke-san fut immédiatement envoyé à l’infirmerie.
En reprenant notre enquête, nous découvrîmes qu’Amai-san, la concubine de feu Akodo Maori-sama était morte. Elle avait des traces bleues sur les mains. Nous trouvâmes une fiole bleue ressemblant à de la teinture d’obuno dans ses affaires de maquillage. Chose étrange, il n’y avait aucune trace de son fils. Nous fîmes part de nos découvertes au seigneur qui discutait dans le jardin avec Akodo Saemon-sama et son épouse Akodo Yumi-sama. Ces derniers se retirèrent après une courte discussion ensemble.
Pendant ce temps, Daisuke-san soigné par Tsukiharu-san et les médecins du château rentra chez ses parents en marchant fièrement armé de sa lance, malgré ses blessures. Nombreux sont ceux les heimin qui s’inclinèrent sur le chemin.
Plus tard dans la journée, Akodo Saemon-sama nous invita à faire route avec lui quelques jours. Nous donnâmes notre accord, en espérant que Daisuke-san serait rétabli pour leur départ. Cette nuit-là, Tsukiharu fit un rêve étrange, où elle aperçut le corps de Sokoi, le fils d’Amai-san au fond d’un puits asséché. Le lendemain matin, elle exorcisa le jardin comme le seigneur le lui avait demandé. Nous cherchâmes et trouvâmes le puits que Tsukiharu-san avait aperçu en rêve. Sa vision était juste et le corps sans vie du jeune garçon gisait au fonds du puits asséché. La mort remontait à environ 2 semaines. Ceci signifiait donc que quelqu’un ou quelque chose était parvenu à se faire passer pour le fils de la concubine, aux yeux de tous. Quelqu’un ou quelque chose d’assez puissant même pour apparaître flou, ou dangereux… aux kamis.

Deux jours avant notre départ, Daisuke-san était presque indemne, grâce aux soins de notre shugenja et de sa mère. Tout le monde se rendit au monastère sauf Haruki-san qui attendait une lettre, pour nous entretenir une nouvelle fois avec Katsu Ichi-san. Il nous donna de précieux conseils pour survivre sur le Mur. Le rônin était atterré devant la perte d’influence des Akodo. Lui et Daisuke-san s’en allèrent converser de leur côté.

Puis vint le jour du départ, le 10ème du mois du Dragon. Daisuke-san discuta rapidement avec Akodo Nao-san, avant que nous allions tous nous recueillir au temple et enfin rejoindre Akodo Saemon-sama et sa suite.
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Oloth
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Jour 15 du mois du Dragon, an 1120 du calendrier impérial

Nous partîmes donc vers le Nord avec le seigneur Akodo Saemon-sama, sa femme Akodo Yumi-sama et leur garde, en suivant la route impériale. À la fin de notre premier jour de voyage, nous fîmes halte dans un hameau. Akodo Saemon-sama se rendit chez le seigneur local, nous trouvâmes refuge dans un relai impérial. Tsukiharu-san comme à son habitude consulta les astres cette nuit-là.
Le deuxième jour de voyage fut tranquille, en avançant au rythme du palanquin. Mes compagnons et moi débattîmes par rapport à notre mission. Le soir venu, Tsukiharu-san fit appel à ses talents d’astrologie pour étudier ce que les étoiles avaient à nous raconter. Elle remarqua une constellation avec une étoile supplémentaire, très rarement visible : l’Étoile du Conquérant, plus connue sous le nom de « Chrysanthème d’acier ».
Le troisième jour marqua la séparation entre la délégation de Topaze et Akodo Saemon-sama et sa suite. Ces derniers continuaient vers le Nord-Ouest vers leur fief, tandis que nous nous rendions à la Cité des Apparences au Nord-Est. Après une demi-journée de marche, nous parvînmes à un poste frontière gardé par des bushis de la famille Daidôji. Une fois le contrôle effectué, nous reprîmes notre route. En l’espace de quelques heures, le terrain se fit plus accidenté et des tombes du Lion et de la Grue fleurissaient de façon sinistre autour de nous. Nous étions arrivés dans la vallée de Kintani. N’ayant pas de relai impérial à proximité, nous passâmes la nuit à la belle étoile. L’expérience de voyageur de Kazuo-san nous aida à trouver un coin tranquille pour établir notre bivouac. L’un après l’autre, nous montâmes la garde. La nuit se passa sans problèmes. Après avoir réveillé Kazuo peu avant le lever du jour, Tsukiharu-san consulta les astres et vu une chose inquiétante : la constellation d’Ebikyogamisama, la fortune de la maladie et de la pestilence était dans la maison du Phénix. Nous fûmes réveillés par une odeur étrange. Kazuo-san se préparait un met de sa terre natale appelé « saucisse ». Daisuke-san et Haruki-san goutèrent. Haruki-san n’aima pas. Tsukiharu-san et moi préférâmes en rester à un petit déjeuner traditionnel. Une fois notre repas terminé, nous reprîmes la route.
Nous arrivâmes bientôt dans une zone bien agitée, avec de la terre remuée un peu partout, des vestiges de barricades, des champs de stèles funéraires et plusieurs chapelles. Un vieux couple du clan du Lion se recueillait près de l’une des stèles. Daisuke-san alla s’entretenir quelques instants avec eux. Dispersés parmi les stèles d’autres samouraïs de la Grue et du Lion se recueillaient aussi. Nous traversâmes un hameau peuplé d’etas qui pliaient bagages. Ces gens suivaient les armées… La vallée continua de s’élargir et nous arrivâmes bientôt à un croisement. Au loin sur l’une des routes, les enceintes de la Cité des Apparences étaient visibles, c’est donc naturellement que nous nous engageâmes sur cette voie. À notre arrivée devant les portes de la Cité, celles-ci étaient ouvertes. Daisuke-san arborant les couleurs de notre délégation nous devança pour nous annoncer. Autour de la ville, il n’y avait aucune trace des armées du clan du Lion.
Il revint et nous dit que tout était en ordre. Nous entrâmes alors dans la cité. Bien que peu étendue, elle semblait prospère. Il y avait beaucoup d’activité et nous croisâmes beaucoup de bushis de la Grue et du Phénix. Nous nous rendîmes au poste de garde le plus proche pour signaler notre arrivée, comme le veut le protocole. Haruki-san en croisant un yoriki de la Grue, reconnaissable à son jitte, lui demanda s’il connaissait un bushi nommé Kakita Kenji et s’il savait où il résidait. Le garde répondit par l’affirmative et nous indiqua comment nous y rendre.

Nous fîmes un passage par une auberge nommée « Les alliés inattendus », où nous pûmes nous délester de notre paquetage, manger et réserver des chambres pour la nuit. Daisuke-san en profita pour payer une tournée générale au en l’honneur du Champion de Topaze.
Nous eûmes vent qu’un émissaire de la famille Miya, l’une des 4 familles impériales et réputée comme pacifiste était en ville. Nous reprîmes notre chemin en direction de la maison de Kakita Kenji-san. Au fond de la rue des Épices où nous étions maintenant à la recherche du bushi de la Grue, nous vîmes un magnifique blason du clan du Phénix, gravé sur les portes d’une grande demeure : nous comprîmes que ce bâtiment était l’ambassade du clan du Phénix ici. En discutant avec Tsukiharu-san, nous décidâmes de nous y rendre.
Un serviteur vint nous ouvrir après que nous ayons frappé à la porte. Dans le jardin, un camp de fortune avait été aménagé et des réfugiés heimin s’étaient installés. Il n’y avait aucun blessé à première vue. En demandant à voir l’ambassadeur, le heimin nous répondit qu’il n’y en avait plus depuis longtemps. D’autres heimin, des serviteurs pour la plupart, circulaient entre les tentes et les cabanes montées en hâte. Celui qui nous avait accueillis nous guida pour nous amener à celui qui gérait le bâtiment. Nous contournâmes ce dernier et arrivâmes devant un arbre magnifique. Il devait être âgé de plusieurs siècles, vu la taille de son tronc et la hauteur de ses branches. En l’admirant, j’eus l’impression bizarre d’être déjà venue ici... Mes compagnons me firent part du même sentiment plus tard. Le serviteur qui nous accompagnait cria « Sensei ! Sensei !! », en direction des hauteurs de l’arbre. Un homme d’une trentaine d’années, habillé d’un kimono rouge aux couleurs du Phénix descendit promptement de l’arbre. Il se présenta sous le nom d’Asako Ningen.

La discussion s’engagea. Nous apprîmes qu’une épidémie dévastait les terres du clan du Phénix depuis l’éclipse. Tsukiharu-san ne le montra pas, mais nous pûmes tous ressentir son inquiétude. Asako Ningen-sensei s’en alla préparer un plateau de thé. Daisuke-san, intrigué par la sensation que nous partagions tous monta dans l’arbre. En touchant l’arbre, j’eus l’intime conviction que j’étais déjà venu ici. Haruki-san ajouta que nous étions déjà venus ici, ensemble. Tous.
En revenant, Asako Ningen-sensei fut surpris de nous voir ainsi mais commença à servir le thé comme si de rien n’était. La conversation reprit à propos de l’épidémie. Peu d’informations circulaient jusqu’ici, mais une chose était sûre : elle n’était pas naturelle. Les rumeurs les plus folles se répandaient, faisant état de morts qui se relevaient, de cultures pourrissant à vue d’œil, que les oiseaux étaient morts avant les humains... La panique avait gagné le clan du Phénix et les Fortunes ne répondaient pas aux questions des shughenjas. Le sensei nous apprit que le Chrysanthème d’acier était le nom du 16ème Empereur. Fou et paranoïaque, il aurait ordonné la mort d’un nombre considérable de gens. Il aurait finalement été tué par l’un de ses gardes. Il ajouta que son successeur, Hantei 17, fut un bien meilleur Empereur.
Nous lui parlâmes aussi de Megumi-kamisama, la fortune des actions héroïques, puis de l’Outre-Monde. Enfin, nous abordâmes une conversation philosophique forte intéressante sur le cycle de la réincarnation. Daisuke-san préféra aller voir les réfugiés heimin.
Daisuke-san revint à la fin de la discussion. Nous décidâmes de nous rendre sur les terres du clan du Phénix. Asako Ningen-sensei retourna vaquer aux tâches qui l’incombaient. Tsukiharu-san et moi nous approchâmes de l’arbre. Consciente que la décision que nous venions tous de prendre allait nous amener à affronter des périls que nous ne soupçonnions pas encore, je lui demandai s’il était sage que nous nous rendions sur les terres du clan du Phénix. Je ne compris pas sa réponse, mais j’eus la vision de 3 choses : une forêt morte, à l’air sinistre et macabre, sans Soleil ni verdure. Une immense bibliothèque, avec des rouleaux de parchemin à perte de vue. Enfin, je vis le visage de la jeune eta balafrée que nous avions rencontrée sur les terres de la famille Katai. Tsukiharu-san me confia avoir eu 3 visions elle aussi : un naga, créature mythique dont la légende racontait qu’ils auraient vécu ici bien avant que les humains n’apparaissent, Asako Ningen-sensei et le heaume de Togashi, le Champion de mon clan.

Pendant ce temps, Haruki-san, Daisuke-san et Kazuo-san partirent à la recherche de Kakita Kenji-san. Les Fortunes devaient effectivement nous prêter attention car ils le croisèrent en compagnie de sa femme et sa fille. L’ancien champion de Topaze les invita en leur demeure. Le malaise en sa présence était toujours palpable.
À leur retour, Tsukiharu-san et moi-même vîmes que la discussion avait dû être intense en révélation, car nos 3 compagnons semblaient secoués et troublés.
Voilà ce qu’ils nous racontèrent. Haruki-san commença en parlant de la vision commune que nous avions eue sur le Mur. Kakita Kenji-san comprit alors que c’était nous dont il avait ressenti la présence. Il expliqua qu’il était « l’agent » de Megumi-kamisama et que son rôle consistait à aider des héros anonymes à s’élever. Il leur dit que ce moment n’était pas encore arrivé, mais il confirma que bientôt, nous aurions des actes héroïques à accomplir.
Puis, Kakita Kenji-san leur raconta son histoire. Il y a longtemps, très longtemps, Megumi-san était un humple jardinier parmi d’autres, travaillant au jardin impérial. À cette époque, Kakita Kenji-san était un seppun, un garde du corps du Fils du Ciel. Un jour, l’Empereur fit l’objet d’une tentative d’assassinat. Ce fut Megumi-san qui le sauva. Le seppun ayant failli à son devoir fit seppuku. Élevé au rang de fortune, Megumi-kamisama considéra qu’il devait quelque chose à Kakita Kenji-san. Aux dires de nos compagnons, ce dernier semblait désabusé et fatigué. Daisuke-san lui demanda si nous étions dans la bonne direction. L’ancien champion de Topaze lui annonça qu’il ne pouvait répondre, car il avait promis à la Fortune qu’il ne nous fournirait aucun indice. Selon lui, la « pire » chose que Megumi-kamisama pouvait nous faire serait de nous inviter dans son salon de thé, le Pavillon des Héros. Il déclara que la Fortune n’était pas une menace. « Un héros est quelqu’un qui voit les choses en face et réalise ce qui est nécessaire. » dit-il. Il ajouta que les Fortunes agissaient avec beaucoup de précautions.
Tout à coup, en observant le bushi de la Grue, Daisuke-san compris pourquoi il mettait les gens mal à l’aise : il n’avait pas d’ombre ! Il fit un signe à ses compagnons, se leva, dégaina immédiatement son sabre et exigea des explications. Calmement, leur hôte s’exécuta et reprit son récit.
Il y a 2 ans de cela, il accompagnait un magistrat impérial enquêtant sur plusieurs disparitions à la Cité des Mensonges, l’une des principales villes du clan du Scorpion. Ils découvrirent qu’un couple de heimin était responsable. En les pourchassant, ils débouchèrent sur un labyrinthe de miroirs et d’ombres. Tous furent confrontés à des mirages, passés et futurs, qui leur demandaient de se prononcer ce qu’ils voulaient faire. Chacun fut laissé seul face à ses propres choix. En acceptant certaines choses, Kakita Kenji-san parvint au cœur du labyrinthe. Face à lui se tenait le couple et une petite fille. Il n’eut pas le temps de prendre la parole qu’il sentit quelque chose derrière lui. Lorsqu’il se retourna, il vit avec effroi sa propre ombre qui s’apprêtait à le pourfendre. Après un combat rapide mais acharné, il vainquit son ombre. À ce moment-là, le couple disparut. La petite fille, Imiko, est celle qui l’accompagnait lorsqu’ils se sont croisés dans la rue. En continuant d’enquêter, ils dévoilèrent une partie de la vérité : le couple fut cobaye d’expériences anormales et à cause de cela, développèrent des capacités surnaturelles. La femme était enceinte. Parvenus à s’enfuir, ils se cachèrent mais ne pouvaient prendre soin de leur enfant. Alors, ils cherchèrent quelqu’un pour s’en occuper. La femme de l’ancien champion de Topaze étant aveugle et stérile, ils décidèrent d’adopter la petite fille.
Après un silence, Kakita Kenji-san conclut. Il y avait quelque chose, tapi dans l’ombre, à l’affût. Cette entité avait peur de lui car il avait tué son ombre. Même les Fortunes n’en parlaient pas. Il serait impossible de la vaincre et en parler seulement était suffisant pour attirer son attention.
Il regarda alors nos compagnons et demanda quels sacrifices devait-il encore accomplir pour gagner notre confiance… Daisuke-san proposa qu’il nous emmène au mémorial dédié à feu Akodo Arasu-sama. Haruki-san nous confia que malgré son trouble, il décida d’aller de l’avant.

Nous les retrouvâmes en début de soirée alors que nous étions parties à leur recherche. Ensemble donc, nous nous rendîmes au fortin converti en chapelle, en l’honneur de l’ancien champion du clan du Lion, tombé au combat avec son fils. 3 bushis se recueillaient à notre arrivée, 2 du clan du Lion avec un air de famille entre eux et une samouraï du clan de la Grue à qui il manquait un bras. Ils quittèrent l’édifice après un moment. Tous, nous adressâmes nos prières aux ancêtres, qu’ils soient de notre clan ou non. Daisuke-san fut le dernier à se terminer sa prière. Alors qu’il se relevait, nous vîmes l’une des cruches de saké en offrande sur l’autel léviter en l’air et se briser. Le saké s’éleva alors dans l’air et forma les blasons des 7 clans majeurs de l’Empire : Lion, Grue, Phénix, Dragon, Crabe, Licorne et Scorpion.

Après cette vision bien réelle qui acheva cette journée éprouvante sur le plan émotionnel, nous quittâmes Kakita Kenji-san et nous rendîmes à l’auberge des alliés inattendus pour souper et dormir d’un sommeil bien mérité.
Arrivés sur place, le tenancier indiqua qu’un samouraï désirait s’entretenir avec Haruki-san. Le bushi se présenta sous le nom de Dôji Uragiri. Lui et Haruki-san allèrent discuter en privé un moment. Lorsque le Champion de Topaze, il avait l’air encore plus soucieux…
Il nous annonça que le frère ainé de Kazuo-san, Shinzo Sheitan-san, magistrat impérial était présent en ville, et que Dôji Uragiri-san souhaitait que nous l’aidions, sans qu’il le sache…

Ainsi se termina notre première journée en la Cité des Apparences.
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Avant d’aller dormir, Tsukiharu-san consulta les astres, alors que Daisuke-san et moi-même partîmes à la recherche de Hiko, la jeune eta. Nous nous rendîmes à l’extérieur de la cité, dans le village monté à la hâte où séjournaient les etas. Ceux-ci nous avouèrent l’avoir chassée car ils pensaient qu’elle était possédée. Elle était donc partie la veille, nul ne savait où. Après avoir été dans un tel endroit, Daisuke et moi nous sentions souillés. Aussi, nous nous rendîmes chez Asaka Ningen-san afin de nous laver et pratiquer des ablutions. Nous entamâmes une discussion nocturne avec lui avant de retourner à l’auberge pour goûter à un sommeil bien mérité.
Le lendemain matin, nous conversâmes ensemble et fûmes d’avis que Hiko se rendait probablement sur les terres du Clan du Phénix. Une nouvelle fois, Daisuke se rendit au village eta et proposa une somme d’argent en échange d’informations sur l’intrigante eta. Une fois qu’il fut revenu, nous allâmes dans les quartiers nobles, à la recherche du frère de Kazuo-san. Daisuke nous annonça et nous nous retrouvâmes face à trois magistrats d’Emeraude : l’intimidant Shinzo Sheitan-san, le vénérable Asahina Shinzen-san et le curieux Kitsuki Jin-san, dont un œil était masqué. La discussion fut d’abord tendue car Kazuo-san semblait gêné en présence de son frère et nous avions tous en tête les aventures satiriques d’un magistrat impérial faisant fureur sur les terres du Scorpion, écrits basés sur Asahina Shinzen-san. Kitsuki Jin-san nous demanda quelle était la véritable raison de notre venue. Daisuke prit la parole, et nous leur dîmes que nous n’avions pas d’informations ou d’accusations à leur fournir dans le cadre de leur enquête. Peu après, Asahina-san et Kitsuki-san nous laissèrent avec Shinzo Sheitan-san. Ce dernier nous évoqua des esprits ou des assassins qui auraient semé le trouble dans les armées du Lion et de la Grue lors du siège, plus un sensei qui aurait ouvert une porte vers le Royaume des massacres, l’un des mondes les plus sinistres dans lesquels les âmes peuvent être amenées. Le seul témoin et survivant du massacre qui aurait suivi était un magistrat du nom de Kakita Kenji… Asashina-san soutenait envers et contre tout que le clan du Scorpion était à l’œuvre dans les coulisses, mais Sheitan-san émit l’avis que son passé obscurcissait son jugement. Daidoji Sakura-san était la samurai qui avait porté le coup fatal et avait demandé à être testée au jade de son plein gré, pour montrer qu’elle n’avait rien utilisé d’anormal. Elle avait perdu un bras lors de ce duel et nous reconnûmes la samurai que nous avions croisé au mémorial. Nous parlâmes ensuite de l’épidémie qui ravageait les terres du Phénix. Sheitan-san était sûr lui aussi qu’elle était délibérément provoquée. Les recherches des Shugenjas auraient eu des résultats inattendus mais trop peu d’informations filtraient.

Ceci nous conforta dans notre décision de nous rendre sur les terres du clan de Tsukiharu-san. Nous prîmes congé et décidâmes de nous préparer dans ce voyage à l’issue incertaine. Nous allâmes à la rencontre d’Asako Ningen-sensei qui nous concocta des médicaments pour nous protéger. Pendant ce temps, Haruki-san et Daisuke-san allèrent converser avec l’arbre, pendant que Tsukiharu-san et moi aidions Ningen-sensei. Une fois la potion prête, Tsukiharu-san récupéra la recette et alla parler avec l’arbre, alors que je trouvai un coin tranquille dans l’ambassade pour m’entrainer. Le remède était un bouillon étrange blanc et bleuté, qui devait pouvoir nous prévenir contre la peste dix à quinze jours. L’une des principales difficultés serait d’accéder Kyûden Isawa une fois sur les terres du Phénix, afin d’aller s’enquérir de la santé de la famille de Tsukiharu-san. Ningen-sensei nous confia une carte assez précise des terres du Phénix. Le reste de la soirée fut pris pour achever les derniers préparatifs.


Jour 18 du mois du Dragon

La première journée de voyage fut sans embûche. La nuit approchant, nous trouvâmes refuge dans une bourgade fortifiée du clan de la Grue. Non loin se tenait un fortin du clan du Lion. Peu après, nous atteignîmes le château Kyûden Kotei, fief de la famille Damasu. Nous y fûmes accueillis par l’héritier, abattu par les récents événements. Deux jours plus tard, nous parvînmes aux portes de Ninka Toshi, la cité du traité respecté, aux frontières des clans du Phénix et de la Grue. Nous entrâmes sans souci et partîmes à la recherche d’Asako Nichiren-sensei. Nous demandâmes à plusieurs notables en vain, mais l’un d’entre eux nous parla d’une grande cérémonie religieuse en cours avec tous les membres éminents du clan du Phénix présents en ville. Notre but était de pouvoir obtenir un sauf-conduit pour nous rendre sur les terres du clan du Phénix.
La grande majorité des auberges dans la ville étaient toutes complètes, nous finîmes par en trouver une non loin de la frontière, tout de même protégée par les murailles. Nous échangeâmes nos habits de voyage pour nos vêtements de cérémonie et nous joignîmes la foule qui se massait devant l’ambassade du Phénix pour la cérémonie. Le temps de se frayer un chemin, nous n’assistâmes qu’aux vingt dernières minutes. Les gens commencèrent alors à se disperser et il devint plus facile de trouver celui qui nous cherchions. J’aperçus Shiba Kaisuke-san, le garde du corps d’Asako Nichiren-sensei. En nous approchant, nous vîmes que celui-ci discutait avec une femme du clan du Phénix d’âge moyen, et nous reconnûmes Isawa Narutoki-san, l’un des finalistes du tournoi de Topaze. La femme était en fait Isawa Saya-sama, la gouverneure de Ninka Toshi et Narutoki-san son fils. Nous expliquâmes les raisons de notre présence et Isawa Saya-sama refusa de nous fournir le laisser-passer. Nous étions toujours en train de négocier quand un autre samurai fit son apparition. Ce n’était autre que le champion du clan du Phénix, qui en lui exposant nos doléances accepta avec allégresse. Isawa Saya-sama et son fils ne cachaient pas leur désapprobation mais nous nous rendîmes au palais du gouverneur, afin qu’elle nous rédige notre sauf-conduit. Je remarquai que Narutoki-san agissait étrangement, avant que Kazuo ne précise que c’est Tsukiharu-san qu’il regardait ainsi.
Nous étions au milieu de la journée, nous reprîmes donc directement la route. Les portes de la cité du côté des terres du Phénix s’ouvrirent pour nous laisser passer. D’innombrables réfugiés s’entassaient au bas des enceintes dans un immense camp de fortune. Parmi eux, circulaient des samurais et des moines, un brassard blanc à l’épaule. Nous fîmes un court détour au crématorium improvisé sur place dans l’espoir d’y trouver Hiko, sans succès. Fidèle au serment de sa famille de protéger les Isawa, un bushi Shiba qui passait nous fit remarquer que Tsukiharu-san devrait cacher le fait qu’elle est shugenja, afin d’éviter d’éventuels problèmes.
Nous croisâmes quantité de gens qui nous regardèrent passer, apeurés, intrigués ou autres. Finalement, nous arrivâmes à un endroit plus calme et en fin d’après-midi, nous faisions face à un petit village avec une petite rivière et un gué. En prêtant l’oreille, nous nous rendîmes compte qu’il n’y avait pas d’autres bruits que les nôtres. Les oiseaux ne chantaient pas, au mieux nous entendions quelques rares croassements. Des plaines et des rizières désertes s’étendaient devant nous, alors qu’une légère brise venant de la mer à l’Est soufflait.
La route se scindait en deux : l’une des voies donnait vers un poste de garde vide, puis le village, l’autre qui passait par le gué et allait vers le Nord. C’est le chemin que nous choisîmes.
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Plusieurs dizaines de kilomètres au nord se dessinaient de noirs et denses nuages. Nous chevauchâmes encore pour atteindre notre but le plus rapidement possible. Au crépuscule, nous finîmes par trouver un étang avec un bosquet où nous établîmes notre campement pour la nuit. Alors que nous montions la garde, une dizaine de chiens nous attaquèrent. Haruki-san fut le plus rapide à répondre à l’agression et découpa un chien en deux. J’en pourfendis un second et après quelques coups supplémentaires et un Daisuke-san légèrement blessé, les canidés fuirent sans demander leur reste. Quatre d’entre eux avaient péri sous nos lames et nos sorts. Nous dressâmes un bûcher loin du camp afin d’incinérer les quatre carcasses. Tsukiharu-san fit appel aux kamis pour guérir notre porte-étendard, puis nous revêtîmes nos armures. Le reste de la nuit fut étrange, l’atmosphère autour de nous n’étant pas naturelle.
Nous reprîmes notre route au petit matin. Nous croisâmes des rizières, une charrette renversée avec des traces de sang qui ne dataient pas de la veille, un bûcher puis des corbeaux qui se repaissaient sur la carcasse d’un bœuf. L’un des messagers de Shinsei nous regarda nous éloigner. Nous estimions d’après la carte qu’il nous faudrait encore environ 3 jours avant d’arriver à destination. Nous contournâmes plusieurs villages avant d’apercevoir un monastère derrière un bosquet de poiriers. L’odeur caractéristique de la chair humaine brûlée vint à nouveau à nos sens. En nous approchant, nous vîmes un moine assez rigoureux en train de soulever un brancard et… nous tombâmes sur Ikko. À notre surprise, Daisuke-san se précipita vers elle et entama la conversation. Le moine qui nous rejoignit bientôt s’appelait Toturi, ancien samurai du clan du Lion. Ce dernier montra clairement des réticences à en parler lorsque j’abordai le sujet de ses origines. Les dépouilles de cinq moines gisaient dans la cour. Toturi nous expliqua que les moines avaient fait seppuku par désespoir. « Le dernier descendant de Shinsei est mort dans ce monastère », nous expliqua-t-il. Toturi-san indiqua qu’il connaissait la maison Katai. Daisuke continua la discussion. Le moine avait clairement l’air sous pression. Le temple était dédié à Fukurokujin-kamisama, la fortune de la sagesse. Ce monastère était en fait celui de la Kirin.
En regardant l’horizon, nous vîmes Mori Isawa, la forêt légendaire tant redoutée que la famille Isawa n’avait jamais réussi à explorer et cartographier en entier. Au-dessus de ce qui semblait être le centre de la forêt, se tenait un étrange cyclone noir, immobile. Nous fîmes tout de suite un lien avec l’épidémie. Ce qui était inquiétant nous révéla Toturi-san était que les Maîtres des éléments de la famille Isawa semblaient ne pas s’être rendu compte de ce phénomène. Toturi souhaitait les avertir le plus vite possible. Daisuke-san lui offrit alors sa monture. Le moine refusa d’abord, mais Ikko lui dit « celui qui ne prend pas les opportunités que les fortunes lui offrent met en péril sa mission ». Toturi-san accepta finalement et se mit en route. Une fois parti, Daisuke-san nous expliqua qui le moine avait été : un ancien de la famille Akodo qui avait été écarté dans les luttes internes pour savoir qui deviendrait le chef de la famille. Un court débat eut lieu pour savoir comment nous allions faire avec un cheval en moins. Nous convînmes de se relayer et que nous marcherions à pied à tour de rôle.
De nouveau, nous arpentâmes les routes des terres du Phénix. Le lendemain, nous arrivâmes aux portes d’un bourg fortifié. Après observation, son contournement s’avérerait difficile. Kazuo-san nous dit que si nous maintenions notre rythme actuel, nous parviendrions à destination le lendemain soir. Nous étions à la mi-journée. Les portes étaient fermées. Lorsque nous nous présentâmes, ainsi que le sauf-conduit rédigé par la gouverneure de Ninka Toshi, la seule réponse des samurais du village et des gardes fut « Dégagez ! ». Malgré nos injonctions, ils laissèrent les portes fermées. Nous passâmes donc sur le pont un peu plus loin et rattrapâmes notre route quelques kilomètres plus loin. Une fois éloignés du village, Ikko me demanda pourquoi le samurai ne nous avait pas crus alors que nous étions samurais nous-mêmes. Je lui répondis qu’en pratique la parole d’un samurai ne vaut pas toujours ce qu’elle prétend être. Elle me surprit à répondre la devise de la famille Asako, « une vertu qui n’est pas mise à l’épreuve n’est pas une vertu ». Le soir venu, nous nous retrouvâmes non loin d’un monastère, celui du « prophète serein ». Nous préférâmes camper un peu plus loin afin de trop attirer l’attention. Une fois le camp installé, j’allai m’entrainer en armure. La nuit se déroula sans incident.
Lorsque Dame Soleil recommença à nous faire bénéficier de son regard bienveillant, nous pliâmes le camp, contournâmes la route principale et observâmes d’un point de vue l’organisation au monastère. Des défenses avaient mises en place autour du campement mis en place. Nous décidâmes d’aller s’enquérir de la situation là-bas. Haruki-san, Daisuke-san et moi irions sur place, tandis que Kazuo-san resterait avec Ikko et Tsukiharu-san. Plusieurs dizaines de mètres avant que nous n’arrivions à proximité du campement, une délégation de 5 personnes, un vieux moine en tête vint à notre rencontre. Les gens qui l’accompagnaient avaient contracté la peste. Daisuke-san demanda pour les chevaux, le moine répondit en nous invitant à prendre le thé. Je pris la parole en le remerciant pour son hospitalité, mais que nous pensions que ses provisions seraient plus utiles aux malades qu’à nous. Il nous remercia à son tour et nous proposa de prier les fortunes, ce que nous acceptâmes. En entrant dans l’enceinte du temple, nous constatâmes que le lieu de culte avait été transformé en hôpital. On nous fournit des linges pour nous protéger le visage. Le vieux moine nous raconta l’histoire du prophète serein. Il y a très longtemps, il y eut un enfant de 12 ans, simple d’esprit mais qui connaissait par cœur le Tao de Shinsei sans jamais l’avoir lu. En grandissant, il eut des visions de l’avenir. Ses visions devinrent de plus en plus sombres au fur et à mesure qu’il vieillissait. Nous fîmes nos prières. Le moine nous proposa une mule. J’offris un koku en échange et Haruki-san fit don de 5 koku à la fortune. Puis, il copia la recette de la potion de Ningen-sensei, afin que le moine puisse protéger les gens encore sains. C’est ainsi que nous quittâmes le monastère.
Nous rejoignîmes nos compagnons et reprîmes notre périple. Nous traversâmes les ruines d’un champ de bataille, probablement lié à des bandits. Quelques kilomètres avant notre destination, nous arrivâmes à un carrefour qui avait dû être un poste de garde, aujourd’hui dévasté. En parcourant la scène du regard, j’aperçus une forme en armure sous les décombres. Il s’avéra que c’était un mort qui marche, une des nombreuses engeances maudites du Sombre Seigneur. Haruki s’occupa à le provoquer, tandis que Kazuo-san, Daisuke-san et moi le pourfendions, supportés par Tsukiharu-san. Une fois le zombie définitivement mort et décapité, nous demandâmes à Ikko de brûler le corps. Auparavant, je récupérai la lame, l’enveloppai dans un linge, dans l’espoir de pouvoir la retourner à la famille du malheureux samurai qui avait succombé à la souillure. En fouillant le poste, nous vîmes que l’un des murs avait été défoncé. Je repérai une trace de pied immense dans le sol, une trace à quatre orteils dont je réalisai un croquis.
Ceci fait, nous parvînmes à notre destination, Michita Yasumi. On nous expliqua rapidement à l’entrée qu’il y avait des problèmes avec les kamis. Daisuke-san qui avait été soigné grâce à leurs pouvoirs il y a quelques jours fut emmené à l’infirmerie pour être examiné. On nous expliqua qu’invoquer les kamis contribue à répandre la maladie, tout en protégeant les shugenjas. On nous indiqua enfin que nous serions tous hébergés dans la même chambre car le château manquait de place avec tous les réfugiés. Kazuo-san rejoignit Daisuke-san à l’infirmerie, où ils firent la rencontre de la tante de Tsukiharu-san, Isawa Kichi. Nous attendîmes leur retour dans la chambre. Ils vinrent assez peu de temps après. Tsukiharu-san fit les présentations officielles. Elle tendit la recette de Ningen-sensei à sa tante et c’est à ce moment que le père de notre shugenja arriva.
Une audience du seigneur Asako Koji-sama nous devrait bientôt être accordée. Nous discutâmes de la maladie. Le père de Tsukiharu-san, Isawa Masaro-san, nous déclara que la fille du seigneur Asako Koji-sama, Mariko-san était malade. Nous lui fîmes part de nos découvertes par rapport à l’épidémie et décida d’accélérer les choses. Il nous accompagna au poste de garde principal et s’apprêtait à redemander une audience, quand un garde nous indiqua que nous étions sollicités pour une audience. On nous escorta à la salle dédiée. Nous posâmes nos armes comme la convention l’exige à l’entrée et nous entrâmes lorsque l’on nous fit signe. Contrairement au château du seigneur Akodo Hakenka-sama, très utilitaire, dans la lignée du clan du Lion, la décoration était ici beaucoup plus raffinée et plus diverse. Le seigneur Asako Koji-sama, la quarantaine, mince, presque maigre, soucieux et fatigué nous attendait. Plusieurs autres personnes étaient présentes, des conseillers notamment, mais nous reconnûmes Shosuro Denzaemon-san et son père Kentarô-san. En face d’eux, se tenait un samurai avec une posture de manutentionnaire. Il s’agissait d’un émissaire du clan du Crabe, Yasuki Tairu.
Le seigneur demanda à ce que la recette que nous avions fait parvenir jusqu’ici soit envoyée de toute urgence au château du Chêne pâle, où résidait actuellement la nièce du Fils du Ciel. Nous lui donnâmes le reste de nos potions. Nous parlâmes du cyclone au-dessus de Mori Isawa et Asako Koji-sama nous informa que le Maitre de l’Air était mort en tentant de le faire disparaitre. Nous présentâmes ensuite le croquis de l’empreinte trouvée dans le poste de garde. Yasuki Tairu-san demanda alors s’il pouvait faire appel à un expert pour identifier la créature à l’origine de cette trace. Sa requête lui fut accordée. Il revint quelques minutes après, accompagné d’une bushi de la famille Hida. Jeune, l’air nerveuse, les cheveux courts et avec une politesse toute relative, elle indiqua que la trace provenait d’un ogre. Le maitre des lieux demanda si elle pourrait en exterminer. Nous sentîmes qu’elle se retenait de répondre de manière brutale, la réponse étant probablement oui. On nous présenta alors à elle. Le seigneur nous remercia des efforts que nous avions fournis pour parvenir ici et nous congédia afin que nous puissions nous reposer. Il ajouta qu’il serait à l’écoute si nous avions des idées ou suggestions pour la suite des événements. Daisuke-san évoqua la descendance de Shinsei et Haruki-san la menace du Huitième Kami. Nous reçûmes la gratitude du clan du Phénix, Tsukiharu devenant la perle de la délégation de Topaze. L’audience fut levée.

Nous nous retirâmes et nous retrouvâmes avec la bushi du Crabe, Hida Saeko-san. Après avoir fait connaissance, Tsukiharu-san, Haruki-san et moi-même nous rendîmes à la bibliothèque, tandis que Daisuke-san et Kazuo-san allaient discuter avec les émissaires du Crabe. Dans la bibliothèque, nous revîmes Isawa Masaro-san, occupé à consulter des ouvrages dans son bureau ; nous lui demandâmes la direction des rayons « ésotérisme ». Nous trouvâmes le livre « Carnet de l’Outre-Monde », qui nous présenta les différentes créatures auxquelles nous pourrions nous retrouver confrontés. Daisuke-san pendant ce temps se rendit avec Saeko-san dans le salon de thé où il retrouva Denzaemon-san et son père. Daisuke-san requit l’aide de Denzaemon-san, ce que son père accepta. Tsukiharu-san envoya Haruki auprès de sa tante pour savoir si elle avait d’autres informations sur la composition de la potion de Ningen-sensei, alors que je parcourus les ouvrages à la recherche d’informations sur Mori Isawa. Car comme l’a dit bien plus élégamment Akodo-kamisama dans son traité de stratégie, il est important de savoir où l’on met les pieds. Après avoir « discuté » avec une jeune notable Isawa muette, je trouvai quelques cartes des prémices de la forêt, avec les emplacements de quelques avant-postes. Kazuo-san revint lui aussi avec une carte, complétant ce que j’avais trouvé. Tsukiharu-san, suivant les visions de l’arbre à la cité des apparences trouva des bribes d’informations sur les Nagas mais sans plus de succès. Daisuke-san s’en alla trouver Shosuro Kentarô-san pour qu’il puisse nous fournir du jade. La fin du jour étant arrivée, nous soupâmes et allâmes nous coucher.
Nous nous levâmes à l’aube et nous préparâmes à reprendre la route. On nous fournit jade et provisions pour notre voyage. Ikko nous attendait un peu à l’extérieur du château avec sa mule. Nous revînmes sur nos pas, en direction du monastère de la Kirin pour voir le cyclone, l’objectif étant de repérer l’épicentre et d’y aller ensuite tout azimut. Mais d’abord, il nous fallait retrouver l’ogre. Nous remontâmes la piste à partir du poste de garde et nous dirigeâmes vers l’Est. Nous arrivâmes dans un paysage raviné, au relief incertain et variable. Soudain, nous entendîmes un hurlement monstrueux et un craquement glauque, à glacer le sang.
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Re: [L5A] Épopée de la délégation de Topaze

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Nous nous approchâmes et distinguâmes, derrière un bosquet d’arbres, un bipède à l’épiderme bleu-gris. Il renifla bruyamment et tourna la tête vers nous, indiquant qu’il nous avait repérés. Nous donnâmes alors l’assaut. Tout le monde l’attaqua. L’ogre devait mesurer trois mètres cinquante et avait une force démesurée. Kazuo-san et Daisuke-san après l’avoir frappé furent violemment éjectés. Ce fut Saeko-san qui l’acheva avec son tetsubô en lui broyant le crâne. Tsukiharu-san soigna les blessés, sans faire appel aux kamis cette fois.
Quand nous évoquâmes le zombie sans masque que nous avions affronté deux jours auparavant, Saeko-san fit part de son malaise car cela signifiait que le terrain devenait comme l’Outre-Monde. Ceci ne fit que renforcer notre inquiétude et nous hâtâmes de chevaucher vers le cœur de Mori Isawa. Nous atteignîmes l’orée de la forêt après une journée de marche. Nous n’avions pas dévié de notre azimut pour le moment. Nous fîmes quelques détours afin de trouver un chemin présent sur l’une de nos cartes. Le paysage était plissé. Au crépuscule, nous arrivâmes aux abords d’un village abandonné. Tous les huit nous installâmes dans ce qui fut la demeure du chef du village. Saeko-san et Denzaemon-san étaient interloqués de voir une eta avec nous mais nous leur expliquâmes qu’elle avait un rôle à jouer. Ils ne posèrent pas plus de questions, mais nous sentîmes qu’ils se retenaient. Nous utilisâmes des meubles pour nous barricader, dans la prévention d’une éventuelle attaque. Bien entendu, nous montâmes la garde, deux par deux. Mais malgré ceci, tout le monde ne dormit pas très bien cette nuit-là.

Après un petit-déjeuner frugal, nous laissâmes nos montures au village et nous nous remîmes en chemin. Nous suivîmes un sentier de bûcherons qui déboucha sur des rizières. L’orée de la forêt se dressa enfin devant nous après une petite heure de marche. Un corbeau nous suivait depuis un moment. Une fois dans la forêt, Tsukiharu-san parvint enfin à communiquer avec lui. Sa réponse fut cryptique et évasive. « Quand l’élève est prêt, le maitre arrive ». Celui-ci lui dit qu’il était pour nous guider. Nous nous enfonçâmes dans la forêt. Il n’y avait aucun bruit en dehors de nos pas et de quelques craquements de branches sinistres à cause du vent. En fin d’après-midi, nous arrivâmes à un campement d’abattage, composé d’une clairière et de cahutes en bois. Daisuke-san escalada un arbre pour vérifier notre position. Le ciel est beaucoup plus noir et nuageux vers l’Est. La nuit est courte, entrecoupée de réveils en sursaut, à l’affut du moindre bruit. Je passai la nuit les mains sur mes sabres, persuadée que quelque chose allait nous attaquer dès que nous baisserions notre garde. Au petit matin, nous suivîmes de nouveau la piste. Daisuke-san grimpa régulièrement pour contrôler notre avancée. Plus nous avancions, plus le ciel s’assombrissait. Nous pouvions maintenant voir que les nuages noirs tournaient lentement. Nous n’étions donc plus très loin de la tempête surnaturelle. La lumière baissait souvent. Nous entendîmes de l’eau couler par moments. Cela faisait trois jours maintenant que nous étions partis. Cette nuit-là, Haruki-san et moi prîmes le premier tour de garde. Nous discutâmes avec Ikko. Nous eûmes une nouvelle nuit difficile. Nos doutes et nos angoisses revinrent sans cesse nous hanter et nous tirailler. En reprenant notre marche le lendemain matin, nous vîmes un ruisseau couler. Une brise glacée soufflait, nous faisant frissonner. Nous avancions dans une pénombre quasi-constante. Tout le monde était dans un état second. Certains d’entre nous commencèrent à avoir des absences. Puis nous tous en fûmes victimes. Quelqu’un proposa de nous encorder les uns les autres, ce que nous fîmes. Le phénomène s’accéléra à mesure que nous marchions et après des heures, ou peut-être des jours, ce n’était que des accès de conscience par à-coups.

Depuis combien de temps étions-nous partis ? Personne ne se le rappelait. Trois jours ? Quatre ? Une semaine ? Mais nous continuions à marcher. Pourquoi marchions-nous ? Un membre de notre groupe posait régulièrement la question, toujours sans réponse. Pourquoi étions-nous partis ? Quand avions-nous dormi pour la dernière fois ? Depuis quand n’avions-nous pas mangé ? Plus nous marchions et plus nous oubliions. Pourquoi marchions-nous ? Une épaisse brume nous entourait et nous ne voyions plus à trois mètres. Quelques fois nous distinguions des arbres à l’écorce noire. Où étions-nous ? Dans une forêt ? Laquelle ? Malgré toutes ces interrogations, nous marchions, encore et encore. Qui était celui quelques mètres devant moi à qui j’étais attachée ? Qui était celui attaché à moi quelques mètres derrière moi ? Que faisions-nous ici ? Quelque chose nous pousse à marcher. Qui suis-je ? Toute notion de temps avait disparu. Tout n’était que pénombre. Combien étions-nous à marcher depuis une éternité ?

Finalement, la brume finit par se dissiper et nous nous retrouvâmes face à une vieille route usée. Une statue de Shinsei, le petit maître, un corbeau en pierre sur son épaule se tenait à quelques mètres de nous. Sur la stèle était gravé le nom d’une ville. « La cité des deux pins ». Nos souvenirs commencèrent à refaire surface progressivement. Ikko qui était toujours en tête déclara simplement, « nous sommes arrivés ». Nous nous détachâmes les uns les autres. Plus loin nous pouvions voir les vestiges d’une ville. L’ambiance était étrange, malsaine. L’air et la lumière variaient régulièrement, comme les pulsations d’un cœur. Haruki-san et Daisuke-san allèrent prier devant la statue de Shinsei, visiblement chamboulés par ce qui venait de nous arriver. Tsukiharu-san nous dit avec inquiétude qu’elle avait peut-être attiré l’attention d’une entité malveillante. Denzaemon-san suggéra de ne pas rester ici et nous nous enfonçâmes dans la bourgade en ruines.
Tous, sauf Ikko qui resta à proximité de la stèle. Elle nous dit qu’elle était là où elle devait être et que nous étions là où nous devions être. Nous la laissâmes donc à contrecœur. Nous avancions, prêts à dégainer nos armes. Nous avions l’impression que cette ville quand elle était peuplée avait dû être un lieu de connaissance et de savoir. Et qu’un jour, quelqu’un s’est posé trop ou de mauvaises questions et que les réponses ont eu des conséquences désastreuses. Nous suivîmes les pulsations et arrivâmes devant ce qui fut jadis un temple, d’où semblaient émerger les pulsations. A cet instant, nous sentîmes des présences nous effleurer, avant de pouvoir distinguer progressivement leurs formes, puis leur peur et leurs hurlements. Nous comprîmes que c’étaient les âmes des morts, attirées ici pour un destin funeste. Nous eûmes la vision d’un immonde cœur verdâtre, sale, souillé et corrompu. Je dégainai mes sabres et lançai à mes compagnons : « Et si nous y allions ?! ».
Tout le monde sortit ses armes et nous pénétrâmes dans les ruines du temple. La corruption pouvait se faire sentir alors que nous parcourions les salles et le dédale des vestiges contaminés. Ce que nous cherchions se terrait quelque part dans le sous-sol. Daisuke-san apostropha vaillamment l’ennemi mais il ne reçut pas de réponse. Nous débouchâmes dans une ancienne bibliothèque, où des morceaux de statues brisées jonchaient le sol. Ce qui nourrissait notre colère était de voir les âmes des défunts, morts de la peste, attirés ici comme dans un piège, nous redoublâmes d’ardeur pour nous frayer un chemin jusqu’à l’ennemi. Nous trouvâmes les restes d’un campement, où gisaient des ossements humains et animaux contrefaits. Enfin, en continuant à explorer, nous trouvâmes un rouleau de parchemin, jauni et usé par le temps, puis des escaliers s’enfonçant dans le sous-sol. Un cellier, des caves, toutes les pièces dans lesquels nous parvenions étaient vides.

Soudain, la bile nous monta à la gorge. Les palpitations étaient très proches. Une sensation de malaise insoutenable nous étreignit. Ce que nous cherchions était dans la dernière pièce. Nous entrâmes, armes aux poings. C’était une salle en ruine, dévastée, recouverte de cendres, dont il était impossible de dire quel eut été son usage passé. Au centre de cette pièce, lévitait une abomination dont on pouvait supposer qu’elle avait dû être humaine, une femme, à en juger par les restes de kimono qui couvraient cette… chose. L’un des bras était immonde, boursouflé et violacé, un horrible bubon purulent remplaçait une jambe, tandis que le visage était une fusion atroce et contre-nature entre un insecte et un loup. L’abomination nous regarda et nous sentîmes qu’elle avait compris pourquoi nous étions là.
Ce fut un Haruki-san téméraire et brave qui lança l’assaut. Daisuke-san et Denzaemon-san frappèrent à leur tour, suivis par votre humble conteuse. Haruki-san et moi fûmes les premiers à être attaqués en retour, et nous finîmes projetés par l’entité démoniaque dans un flash lumineux malsain, plusieurs mètres plus loin. Agonisante, et me vidant de mon sang, je vis Haruki-san inconscient, Tsukiharu-san et Daisuke-san immobiles… Incapable de me relever ni de hurler, j’aperçus Denzaemon-san tirer une flèche et Saeko-san assener un dernier coup de tetsubô à l’horreur, avant qu’elle ne laisse échapper un nouvel immonde flash lumineux verdâtre. Tout s’affadit alors et je sentis mes souvenirs se dissoudre.
Quand j’ouvrai les yeux, j’étais avec mes compagnons dans un lieu étrange, grisâtre, constitué de pics de roche stérile. Nous connaissions ce lieu car nous l’avions parcouru maintes fois par le passé. Nous étions dans le Meidô, le Royaume de l’attente, où les âmes sont jugées avant d’accéder à leur prochaine existence. Nous marchions avec une multitude d’autres âmes, dans une file interminable. C’est alors que nous entendîmes une mélodie jouée au shakuhachi, la flute dont jouent les komusos, ces moines errants qui parcourent Rokugan. L’un d’entre eux était là, regardant dans notre direction. C’est à contrecœur que nous suivîmes le moine, qui me mena à une petite source de lumière, un lampion qui flottait dans l’air. Il éclairait une porte d’entrée, et nous lûmes « le pavillon des héros » au-dessus de la porte. Par un signe de tête, le komuso nous dit d’entrer. Nous nous exécutâmes. Derrière le comptoir, se tenait Megumi-kamisama, qui fut très surpris et s'exclama que nous ne devions pas être ici. À ce moment-là, le moine errant s’évapora dans le Meidô.
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Oloth
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« Bienvenue mes amis dans le Royaume des Héros ! », se reprit la Fortune. Il nous invita à nous assoir et apporta quantité de mets à boire et à manger. Nous étions sept et pas là où nous étions censés être. Il nous dit que l’Ordre avait été perturbé et que sept autres étaient attendus à notre place. C’était un vrai capharnaüm et Megumi-kamisama annonça qu’il devait nous renvoyer à la cité des deux pins, que le komuso avait triché. S’ensuit une discussion où nous dialoguâmes du principe de la Roue, des cycles de l’existence. Il nous dit que les humains étaient libres, que les Dieux et les Fortunes servaient la Roue, tandis que nous servions des valeurs. La Destinée était là bien avant tout. Elle englobait toute chose depuis avant la naissance de Seigneur Lune et de Dame Soleil. Il ajouta qu’il existait un groupe de mortels dont le but était d’arrêter la roue, un autre qui souhaitait la transcender, et qu’il y avait plusieurs types de cycles. Daisuke-san fut celui qui sembla le plus affecté par cette discussion. Tout ce que nous pensions, toutes nos convictions venaient d’être chamboulées.
Notre dialogue prit fin et Megumi-kamisama nous désigna la porte. Quand nous la passâmes, nous nous retrouvâmes dans les ruines de la cité des deux pins. La tempête était en train de se dissiper et Dame Soleil recommençait à nous réchauffer de sa douce chaleur. Les âmes semblaient ne plus affluer vers le temple. Nous nous dirigeâmes vers l’entrée de la ville. À une trentaine de mètres de la stèle, se tenait Ikko, en compagnie des trois komusos que nous avions croisés plusieurs semaines auparavant. L’un d’eux tendit un sabre à Ikko et un corbeau vint se poser sur son épaule. Nous reconnûmes alors la descendante de Shinsei. Alors que nous étions encore sous le choc, Ikko s’en alla. L’un des moines retira alors son masque. C’était Ningen-sensei. Nous avions participé à tout cela. Nous nous connaissions tous depuis 1000 ans. Ningen-sensei nous parla du plus puissant des kamis, Shiba-kamisama et de comment nous pouvions transcender la Roue. Il nous apprit, ou nous réapprit que Fu-Leng n’était pas le vrai nom du Sombre Seigneur. Ningen-sensei nous raconta qu’il était né le jour des Tonnerres, et que l’arbre à la cité des apparences planté le même jour. Il atteignit l’illumination après avoir cherché et cherché. Mais il décida de revenir en arrière et de ne partir qu’une fois que le dernier être humain aurait atteint lui aussi le nirvana. Au début, il était seul, mais il fut rejoint par un autre, puis encore un autre. L’un des moines fut le premier à atteindre l’illumination sans l’avoir cherchée. Nous avions été ses disciples dans nos existences passées. Tout ce qu’il souhaitait était de trouver un nouveau moyen d’avancer ensemble.
Je lui demandai alors quand nous commencions. Il me répondit que nous avions déjà commencé. Daisuke-san était vraiment secoué par toutes ces révélations et ne parvenait plus très bien à contenir sa colère et sa frustration. Ningen-sensei reprit et nous dit qu’il fut un ami d’Agasha Kitsuki. L’un de ses deux compagnons était à l’origine des techniques de forge que nous utilisons aujourd’hui, tandis que l’autre avait composé la moitié des musiques jouées dans tout l’Empire. Néanmoins, il nous intima de ne rien révéler de tout ceci, en particulier à Ikko car « ils » prendraient des mesures. Nous supposions qu’il parlait du groupe qui voulait détruire la Roue. Il expliqua que le but ultime du Jigoku, son intention était de tout corrompre. Daisuke-san dégaina alors son sabre et Haruki-san, Tsukiharu-san et moi-même nous interposâmes entre lui et Ningen-sensei. Je sortis mon sabre et l’utilisai pour forcer celui de Daisuke-san à se diriger vers le sol. Nous parvînmes à le calmer et nous pûmes nous remettre en chemin.
Nous remontâmes la piste que nous avions suivie en venant. Nous vîmes que la nature reprenait progressivement ses droits face à l’abomination que nous avions détruite. Nous fîmes un bout de route avec les 3 komusos. Arrivés à un carrefour en friche, nous nous séparâmes. Environ dix minutes plus tard, nous vîmes nos montures, en bonne santé et chargées de provisions qui nous attendaient. La progression fut lente car la route n’en était plus une depuis longtemps. Le soir venu, la tempête n’était plus qu’un lointain souvenir, mais nous ne dormîmes pas tranquillement malgré tout. La seconde journée dans la forêt et la nuit qui suivit se déroulèrent sans encombre.

Nous atteignîmes l’orée de la forêt dans la matinée du troisième jour de notre retour du Meidô. Nous échangeâmes du moment le plus propice pour revenir au château et nous décidâmes que nous arriverions le lendemain matin. Nous bivouaquâmes dans un hameau désert près d’un cours d’eau, à quelques heures de Michita Yasumi. Il y avait des traces de pillage. Le lendemain matin, nous nous levâmes aux aurores et reprîmes notre route. Nous arrivâmes en vue du château deux heures après le lever de Dame Soleil. Plus loin sur la route, Tsukiharu-san et moi aperçûmes un groupe de cavaliers du Phénix en armes, en provenance de la cité. Nous ralentîmes le pas et les laissâmes approcher. Ils étaient une dizaine, portant un étendard aux couleurs de leur clan. Lorsqu’ils furent à notre niveau, Haruki-san reconnut l’un des officiers du seigneur Asako Koji-sama. Nous fûmes accueillis par un retentissant « UTSU ! BANZAI ! ». Les cavaliers nous escortèrent jusqu’à la cité. Dans la ville, les heimin se prosternèrent sur notre chemin. Peu avant, Haruki-san fit signe à Tsukiharu-san de se placer à ses côtés, en tête du cortège.
Devant les portes du château, le seigneur Asako Koji-sama nous attendait en tenue d’apparat. Il nous félicita chaudement et nous invita à entrer. Nous pûmes nous changer avant de rejoindre la grande salle où des dizaines de convives nous attendaient. Plusieurs toasts furent levés en notre honneur. Nous vîmes Asako Mariko-san, la fille du seigneur arriver. Elle apparaissait encore un peu faible, mais elle était vivante et ses jours n’étaient plus en danger. Avant d’inviter Haruki-san à conter ce que nous avions réalisé, le daimyô requit notre présence au mariage de sa fille dans quatre jours, ce que nous acceptâmes avec joie. L’assemblée fut conquise au grand final, lorsque Haruki-san déclara que le coup fatal fut porté par nous, tous ensemble. Les deux jours qui suivirent furent éprouvants mais d’une toute autre façon, entre les repas, la boisson et la flagornerie de plusieurs notables qui tentaient de gagner en influence grâce au succès de notre entreprise. Nous apprîmes que la Princesse avait organisé des réjouissances au château du Chêne pâle, pour la fin de l’épidémie et la fin des épreuves, au-delà desquelles elle avait trouvé un époux, en la personne du fils du champion du clan du Crabe.
Le troisième jour, Daisuke-san et moi allâmes au dôjô nous entrainer car l’oisiveté nous pesait. Cela faisait déjà six jours que nous avions exterminé l’abomination. Nous étions le treizième jour du mois du Serpent.

Le lendemain était donc le jour du mariage d’Asako Mariko-san et de Shosuro Denzaemon-san. Des serviteurs nous apportèrent des kimonos d’apparat, aux couleurs de nos clans respectifs. Tout commença par une grande cérémonie religieuse. Denzaemon-san apparut aux couleurs de son clan, tandis que sa future épouse était vêtue de blanc. Chaque fois, ils s’absentèrent et tous revenaient, habillés d’un nouveau vêtement de couleur rouge, symbole du mariage et du changement. A la fin de la cérémonie, ils burent dans la même coupe de saké, ce qui scella leur union. Un grand feu d’artifice débuta alors. Les époux se retirèrent au coucher du soleil. Ce fut le signal de la fête.
Haruki-san se rendit dans le jardin, tandis que j’accompagnai Tsukiharu-san quelques minutes. Elle allait consulter les astres, je souhaitais me reposer. Nous croisâmes Saeko-san et échangeâmes quelques mots. Seule, je passai à côté du petit ruisseau qui coulait dans le jardin. Les carpes se baladaient nonchalamment. J’aperçus alors quelque chose au milieu du ruisseau. C’était un katana sans son fourreau, planté dans le cours d’eau. La tsuba était représentait mon clan. Ce qui me parut encore plus bizarre était que l’eau semblait couler autour de la lame, comme si la lame ne coupait pas le courant. Je me rappelai alors d’une très vieille légende dont on ne parle jamais ; il existerait une lignée de forgerons dans la famille Shiba, composée uniquement de femmes qui porteraient le nom de Masamune, qui forgeraient des sabres de paix. Je sortis le sabre de l’eau et fit quelques passes. Le sabre ne sifflait pas dans l’air, ce qui me déconcerta quelque peu. J’interpellai un serviteur et lui demandai un linge propre. Une fois le serviteur revenu, j’enveloppai la lame et partis me coucher.

Le lendemain matin, les époux annoncèrent qu’ils partiraient sous peu sur les terres du Scorpion. En fin de matinée, nous apprîmes que la nièce de l’Empereur annonçait ses fiançailles avec Hida Sukume, fils cadet du champion du Crabe. La nouvelle fit grand bruit car c’était la première fois qu’un membre du clan du Crabe se retrouvait aussi prêt du Fils du Ciel par le mariage. L’Empereur n’avait toujours pas déclaré où se tiendrait sa Cour d’hiver, sachant que les prétendants, le Lion, la Grue et le Scorpion rivalisaient dans cette course. Je me procurai une tsuka et une tsuba pour mon nouveau sabre. Sur la lame, le poinçon « Masamune 21 » était inscrit. Une fois ceci fait, nous nous préparâmes à repartir. Nous prîmes congé du seigneur Asasko Koji-sama et nous dirigeâmes tous les cinq vers Ninka Toshi. Nous croisâmes sur la route le champion du clan du Phénix qui nous dit simplement « Merci. ». Haruki et moi discutâmes de ma nouvelle lame. Arrivés non loin des portes de la cité du traité respecté, une délégation nous attendait. Elle était menée par Isawa Narutoki-san. Ce dernier vint à notre rencontre et nous escorta jusqu’au palais du gouverneur, comme s’il n’y avait jamais eu de problème. Nous fûmes conviés à un excellent repas protocolaire, où Narutoki-san fit comprendre à Tsukiharu-san ses intentions de la demander en mariage. Nous ne séjournâmes qu’une nuit à Ninka Toshi avant de reprendre notre route vers les terres de ma famille. Nous fîmes un crochet par la cité des apparences où nous allâmes rendre visite à Ningen-sensei. Haruki-san évoqua la poids d’un fardeau qu’il portait sans plus de précision. Nous apprîmes que le groupe qui tentait de nous nuire s’appelait le Kolat. Nous mangeâmes un excellent repas et profitâmes d’une bonne nuit avant de continuer notre périple, qui nous ferait bientôt passer par le col de la fleur de prunier.

(page 24/36 de mes notes!!! Je serai ptet bientôt à jour ! \o/ Et si je peux et que vous êtes sages, je vous ferai profiter un jour du carnet secret de Yuuko qui donne quelques détails croustillants sur notre équipe de bras cassés ;D)
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Oloth
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Daisuke-san rendit une courte visite à Kenji-san avant notre départ. Nous chevauchâmes trois jours vers l’Ouest avant d’arriver sur les terres de mon clan. Un soir après avoir établi le campement, je demandai à Tsukiharu-san si elle pouvait inspecter mon sabre. J’étais curieuse de connaître la raison de son étrangeté. Notre shugenja exauça mon souhait et m’annonça que ma lame s’appelait Shizuka, du nom du kami de la Terre qui lui était lié. Shizuka dit qu’elle se réveillerait lorsque je serais attaquée.

J’avais envoyé une lettre à mes parents pour les avertir de notre visite, avant notre départ de Michita Yasumi. Mes parents seraient donc avertis de notre arrivée prochaine. Nous lûmes le rouleau de parchemin trouvé à la Cité des deux pins et comprîmes ce qui c’était passé là-bas ce qu’était la chose que nous avions combattu…

Nous arrivâmes à Mimura, le village de la promesse, dont mon père était le gokenin, le gestionnaire depuis avant ma naissance. J’expliquai à mes compagnons que le nom de mon village natal datait d’une trentaine d’année, lorsqu’un célèbre diplomate de la Grue, Doji Agatamori-sama passa par Mimura, en se rendant sur les terres du clan de la Libellule non loin d’ici. Son yojimbo ayant souffert d’une intoxication alimentaire, ils auraient été contraints de rester plusieurs jours, le temps de sa convalescence. En se promenant, Doji Agatamori-sama aurait été conquis par l’hospitalité et la beauté des collines. En partant, il laissa au prédécesseur de mon père un poème qui disait, « tout cet endroit m’a accueilli comme si je revenais à la maison après un long voyage. Alors, je lui ai promis de revenir un jour et de ne plus jamais en repartir. ». Dix ans plus tard, Doji Agatamori-sama se rasa le crâne et revint s’installer au village, construisant à ses frais un petit temple dédié au Petit Maitre qu’il occupait comme abbé depuis. Mon père et les anciens du village me racontèrent que l’année où Agatamori-sensei revint au village, le jeune Prince Hantei Jodan qui est aujourd’hui le Fils du Ciel lui rendit visite et bénit le temple, ainsi que le village. J’ajoutai qu’Agatamori-sensei était d’une patience et d’une politesse infinie, mais aussi d’une vivacité surprenante pour son âge vénérable, et qu’il était une des personnes les plus respectées de tout Mimura. Nombreux sont ceux qui venaient chercher conseil auprès de lui.


Jour 25 du mois du Serpent, an 1120 du calendrier impérial

Nous étions dans la dernière semaine du Printemps. Autour du village alternaient les rizières et les étendues de nature sauvage. Au loin, nous pouvions voir les montagnes enneigées. Je me rendis compte que ce panorama m’avait manqué. La missive envoyée à mes parents était arrivée visiblement car nous étions attendus par quelques ashigarus à notre arrivée devant les portes. Ils me souhaitèrent un bon retour et la bienvenue à mes compagnons d’armes. Nous traversâmes le village et nous dirigeâmes vers la demeure de mes parents. Un serviteur nous accueillit et nous mena à la salle d’audience où nous attendaient mon père, Kitsuki Satoshi, issu du clan du Lion et ma mère, Kituski Asami, ancienne magistrate d’Emeraude. Je fis les présentations puis on nous amena thé et collations. Quand je demandai où était mon jeune et espiègle frère Yashiro-kun, mon père m’expliqua qu’il était au Château de la Voix du Sabre, afin de suivre les enseignements de l’école Akodo et qu’il découvre ainsi la famille du côté de son père. Je ne montrai pas mon léger pincement au cœur et nous devisâmes gaiement. Mes parents étaient déjà au courant de ce que nous venions de réaliser sur les terres du Phénix. Ma mère avait toujours d’excellentes sources d’informations.

Je profitai de ce moment pour rendre le katana familial à mes parents, leur expliquant que l’on m’avait fait don d’une autre lame. Ma mère inspecta C’est alors que mon grand frère Tetsuo fit son apparition, portant son armure de yoriki, l’officier judiciaire du village et l’air encore plus sérieux qu’avant mon départ. Intérieurement, je souris car je ne pensais pas cette chose possible. Après nous avoir salués, il annonça que nous avions la visite d’un membre de notre clan, Togashi Oshi. Lorsque ce dernier entrant, nous retînmes tous notre respiration. Cet homme était le plus massif que nous n’avions jamais vu. Peut-être était-il le plus massif de tout Rokugan. Étant sur le point de faire visiter le village à mes compagnons, sur les conseils avisés de ma mère, je lui proposai de se joindre à nous. Il accepta. La balade fut fort agréable et fidèle à la réputation des moines Isezumi du Dragon, Togashi Oshi-sama n’était pas loquace. Il sembla reconnaître Kazuo-san et demanda à lui parler seul à seul. Notre frère d’arme nous raconta par la suite qu’un autre Isezumi connaissait sa jeune sœur Akiko-san et qu’il demandait de ses nouvelles.
Nous rendîmes visite à Agatamori-sensei qui nous offrit courtoisement le thé dans son petit temple. Nous croisâmes Yasuki Kome, un curieux marchand du clan du Crabe installé ici depuis longtemps et nous terminâmes notre après-midi à la Bénédiction du Prince, la meilleure auberge de Mimura, tenue par la mystérieuse Kitoki. Nous regagnâmes la demeure de mes parents pour le repas et je passai une nuit très agréable dans mon futon.

Le lendemain matin, nous pliâmes bagages après un copieux petit-déjeuner. Nous allâmes présenter nos hommages et recevoir la bénédiction d’Agatamori-sensei. Ancien diplomate, il était encore bien au fait des choses de la Cour. Nous parlâmes notamment du Prince et de l’étoile du Chrysanthème d’acier que Tsukiharu-san avait déjà vu à plusieurs reprises dans ses études astronomiques. Le vénérable sensei nous raconta que le Prince était né sous cette étoile funeste. L’on racontait qu’il ferait des cauchemars que les serviteurs ne seraient pas autorisés à divulguer. Talent prophétique ou esprit dérangé, nul ne le savait encore. Mais plusieurs oracles prédirent qu’il n’ vivrait pas au-delà de sa vingtième année. Agatamori-sensei nous parla aussi d’Otomo Banu-sama, qui apparemment n’était pas le plus honorable membre de la famille impériale. Il nous évoqua enfin un groupe d’élite appelé les Mondaiketsu, chargé de communiquer de manière directe la colère de l’Empereur.

Nous reprîmes la route l’après-midi, vers les terres du clan de la Licorne à l’Ouest. Nous longeâmes la rivière du marchand noyé. Nous prévoyions de faire escale au Château de la Voix du Sabre où résidaient Akodo Saemon-sama et sa femme Yumi-sama. Puis, nous nous rendrions à la Cité de la grenouille riche. Il nous fallut 2 jours pour atteindre notre première escale. Nous traversâmes un gué. Après un enchaînement de ravines et de canyons, nous parvînmes à un espace dégagé, un plateau artificiel réalisé par nos ancêtres il y a fort longtemps. En apercevant le château et son enceinte, nous eûmes l’irrésistible impression d’être hors du temps. Nous fûmes accueillis par Dame Yumi-sama à notre arrivée, son mari étant occupé. La cour intérieure était plus spacieuse que chez le seigneur Hakenka. En face de nous se tenait le bastion principal. À notre droite se trouvaient le jardin et le temple, tandis qu’à gauche se dressait le terrain pour les manœuvres. Cette ambiance surannée ne nous quittait pas et s’accentua même lorsque nous pénétrâmes dans le bastion. L’aménagement était très épuré, de rares tableaux très anciens étaient accrochés aux murs. On nous amena à la salle d’audience. La décoration était classique. Le siège du seigneur Saemon-sama était vide. Dame Yumi-sama occupait le siège à côté. Une silhouette féminine, agenouillée et encapuchonnée se tenait à sa droite. Lorsqu’elle souleva son capuchon, nous reconnûmes les yeux vairons de Kitsu Reika-san, l’une des candidates du championnat de Topaze. Nos deux hôtes chuchotèrent l’une à l’autre.

Dame Yumi-sama nous proposa une balade dans le jardin avec Reika-san, pendant qu’elle irait voir son mari et préparer une audience dans les règles. Nous acceptâmes et nous nous rendîmes au jardin. Au cours de notre discussion, nous apprîmes qu’elle était une sodan senzo, une shugenja capable d’arpenter le meido et interagir avec les esprits. Reika-san nous indiqua qu’elle avait mis du sel dans le jardin, mais nous n’avions rien vu ou ressenti. Cela signifiait donc que nous n’étions pas des fantômes. Devant notre surprise, elle nous dit que nous portions la marque du Meido, une aura grisâtre autour de nous. Nous réussîmes à la convaincre qu’il n’y avait rien à craindre en lui racontant partiellement ce qui nous était arrivé.
Ceci clarifié, nous retournâmes à la salle d’audience où Dame Yumi-sama nous attendait. Elle nous mena au dôjô pour rejoindre le seigneur Saemon-sama. Alors que nous franchissions le bâtiment pour atteindre la cour du fond, nous vîmes le seigneur Hakenka-sama traverser l’une des cloisons et atterrir plus de 3 mètres plus loin, son bokken en morceaux. Hakenka-sama se releva, un immense sourire aux lèvres. Face à lui, le seigneur Saemon avait l’air à bout de force. « C’est donc cela, le doux sabre de l’hiver ! » articula-t-il. Dame Yumi-sama eut peine à dissimuler sa joie. Les deux seigneurs allèrent faire un brin de toilette et nous revînmes à la salle d’audience. Nous échangeâmes les nouvelles respectives de nos groupes et familles puis on nous donna congé.

Je partis m’entrainer et croisai mon petit frère Yashiro, en compagnie d’autres enfants. Je passai donc un moment avec eux. Pendant ce temps, Daisuke-san s’en alla peindre avec Kazuo-san, Reika-san, Tsukiharu-san et Haruki-san se lancèrent dans un rituel pour s’entretenir avec le défunt père du champion de Topaze. Ils apprirent l’existence d’un sabre nommé Zansetsuken, une lame funeste, pleine de mensonges, mais paradoxalement toujours liée à des porteurs honorables. Il leur fut révélé que ce katana était sur les terres où nous nous trouvions… ils se rendirent auprès du maître de Reika-san qui détenait Zansetsuken. Après un long dialogue et une encore plus longue période d’hésitation, Haruki décida d’en hériter.
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Oloth
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La peinture que Daisuke-san réalisa était un portrait plutôt réussi de Kazuo-san à cheval. Vers la fin de l’après-midi, tout le monde rentra au château et un petit banquet fut organisé. La soirée fut fort agréable. Le lendemain matin, Haruki-san et moi allâmes échanger quelques passes d’armes avec nos nouvelles lames. Daisuke alla requérir l’aide de Reika-san pour consulter ses ancêtres. Il en revînt à la fois bouleversé et résolu. Une fois que nous étions tous réunis, nous partîmes à la recherche d’un coin tranquille et à l’écart d’oreilles indiscrètes, que nous finîmes par trouver. Quand nous fûmes installés, Tsukiharu-san se lança alors dans un rituel de communion avec Zansetsuken. L’esprit lié au katana nous apporta quelques réponses et indiqua qu’il n’était pas l’esprit semblant rôder autour de notre shugenja et du Champion de Topaze… Nous n’en fûmes que plus perplexes.


Jour 1 du mois du Cheval, an 1120 du calendrier impérial

C’est le premier jour de l’été que nous annonçâmes notre départ du Château de la Voix du Sabre. Nous fûmes profondément honorés par Akodo Saemon-sama et Akodo Hakenka-sama qui chevauchèrent avec nous jusqu’aux limites du domaine. Après avoir présenté nos respects aux deux seigneurs, nous prîmes la direction de la Cité de la grenouille riche, une ville dirigée par des rônins nous expliqua Kazuo-san. Nous suivîmes la route impériale du Nord et longeâmes à nouveau la rivière du marchand noyé. Autour de nous, les rizières firent progressivement place à des champs d’orge et des habitations plus isolées et adaptées au climat plus froid.

Nous arrivâmes à destination quatre jours plus tard. Des rônins montaient la garde aux portes de la ville. Dès lors que nous passâmes le seuil après le contrôle réglementaire, seul Kazuo-san ne fut pas saisi par ce que nous vîmes car il connaissait cette ville. Tout était bariolé, comme la cité entière n’était qu’un seul et même quartier. Des marchandises exotiques et étranges, ainsi que des armes se bousculaient sur les innombrables étals des marchands. Les gens s’apostrophaient, se hélaient… Très vite, Kazuo-san fit de même. Il prit la tête de notre groupe pour nous guider à travers les méandres de la ville vers le caravansérail que dirigeait son oncle et père adoptif. Ce fut la jeune sœur de Kazuo-san, Shinjo Akiko-san qui vint à notre rencontre en courant, ce qui lui fit perdre une sandale en route. Daisuke-san se précipita pour la ramasser et lui rendre. Kazuo-san fit les présentations. Nous rejoignîmes ensuite la femme de Kazuo-san, Lixoué-san qui était enceinte de jumeaux. Elle nous conduisit à la tante de l’oncle de Kazuo-san et Akiko-san. Akiko-san s’en alla préparer du thé et elle nous servit rapidement alors que nous nous installions. A notre surprise, le thé était noir et non pas vert, comme nous le buvions normalement. De même, le service à thé était différent. L’influence du loin voyage du clan de la Licorne hors de Rokugan avait laissé des traces, comme nous pouvions le constater, mais cela était rafraichissant. Nous discutâmes de notre voyage et échangeâmes des nouvelles de l’Empire et des alentours. Après la collation, Mamujin-san, l’oncle de Kazuo-san nous proposa une liqueur, une spécialité de son clan appelée le wisuki. Nous goûtâmes et fûmes tous d’accord que cette boisson n’était pas pour les constitutions fragiles.

Akiko-san nous accorda le plaisir de nous faire visiter la ville, tout en racontant son histoire. La traversée de l’immense marché fut extrêmement lente, à cause du nombre incalculable de gens qui circulaient. Elle nous amena dans un excellent salon de thé avant de nous faire visiter un musée dédié à des divinités païennes, datant de l’époque précédant l’arrivée de Dame Shinjo-kamisama. Nous pûmes donc admirer plusieurs artefacts dont l’ancien drapeau de la Licorne, qui aurait été capturé lors de la bataille du cerf blanc contre les gaijins. Des gens avaient alors émis l’hypothèse que notre monde serait circulaire. Akiko-san attira notre attention sur un anneau étrange, dont le motif ressemblait au corbeau du petit maître, puis sur un fragment du légendaire miroir de Dame Shinjo-kamisama. Après cette visite, Daisuke-san alla au marché et revint avec de petites statuettes en verre à l’effigie des clans majeurs et nous en fit cadeau. Nous regagnâmes le caravansérail et dinâmes. Akiko-san nous indiqua à chaque fois si le plat contenait de la viande. Une heure après le coucher du soleil, un feu d’artifice eut lieu que nous admirâmes des toits. Daisuje-san en profita pour offrir la satuette de la Licorne à Akiko-san. Puis, nous le vîmes rejoindre Mamujin-san pour entamer une longue conversation, et je supposai qu’Akiko-san devait être l’un, sinon le sujet de leur conversation. Aux regards que j’échangeai avec mes compagnons, je compris que je n’étais pas la seule à penser cela… le feu d’artifice prit fin et nous nous dirigeâmes vers la tente qui avait été préparée pour nous.

Kazuo-san avait décidé de dormir avec nous cette nuit-là. Nous étions tous en train de discuter avant de sombrer dans le sommeil quand tout à coup, tout devint noir autour de nous. Il n’y avait plus aucun bruit. Tsukiharu-san sentit une menace surnaturelle, très proche de nous. Mes yeux habitués à l’obscurité, je distinguai une lueur, irradiant de nos paquetages. Je me dirigeai vers elle et quand je la saisis, je reconnus Zansetsuken, le sabre d’Haruki-san. Le sabre murmurait : « Yoshino… Yoshino… ». J’en fis part aux autres et le tendis vers Haruki-san qui dégaina immédiatement.

Nous nous retrouvâmes dans ce qui ressemblait à un théâtre décrépi et morbide. J’eus la effrayante impression de marcher sur des corps tant le sol était mou… Cette idée me glaça le sang. Haruki-san se dirigea vers la scène, tandis que mes autres compagnons et moi restâmes ensemble. Nous vîmes une jeune fille assise au premier rang et une silhouette malfaisante nous tournant le dos. Soudain, nos ombres se séparèrent de nous, se dressèrent et nous attaquèrent. Malgré tous nos efforts et notre acharnement, nos coups ne portaient pas, ou pas assez… et je vis plusieurs de mes compagnons tomber, avant de succomber à mon tour. Seul Kazuo-san et Haruki-san étaient encore debout quand je perdis connaissance. Lorsque nous reprîmes nos esprits, nous étions tous dans la tente avec l’impression que quelque chose d’infime en nous avait disparu. Mais le plus étrange était surtout la présence de Kakita-Kenji-san et son katana dans le plus simple appareil et une jeune fille que nous reconnûmes comme étant la concubine d’Haruki-san. Nous prêtâmes des vêtements à Kenji-san. Seul « survivant » de cet assaut, Haruki-san nous conta ce qui s’était passé. Alors que nous étions « morts », et qu’il se retrouvait à un contre six, il eut une brève interaction avec son sabre, à qui il demanda de l’aide. C‘est alors que le rideau du théâtre s’est déchiré et Kenji-san apparu, katana à la main. Les ombres et la silhouette prirent peur en le voyant et les deux membres de l’école Kakita parvinrent à repousser ces créatures. Kenji-san nous expliqua qu’il avait entendu crier à l’aide chez lui et qu’il arriva ici en sortant de sa chambre à coucher.
Quand nous demandâmes si la jeune femme l’air absent était bien la concubine d’Haruki-san, ce dernier fit signe que non et nous dit qu’il avait eu une vision. Elle s’appelait Yasuki Yoshino. Tsukiharu-san grâce à ses talents de médecin lui fit reprendre conscience. Mais elle agissait comme une enfant alors qu’elle avait un vingtaine d’années. Le Champion de Topaze nous expliqua que la famille Yasuki, dont le mon était une carpe comme sur le kimono de Yoshino-san, était un repère de crapules. Huit-cents ans plus tôt, le Champion du clan de la Grue de l’époque découvrit que la famille Yasuki, alors membre du clan de la Grue, prenait part à d’odieux trafics. Il les menaça et les somma d’arrêter. Ils répondirent en trahissant leur clan et en rejoignant celui du Crabe. En fouillant le kimono de Yoshino, Tsukiharu-san et moi trouvâmes ses papiers. Elle était la fille du chef de la famille Yasuki, et une ascendante directe d’Haruki-san. De plus, Zansetsuken avait été forgée par elle… Nous comprîmes tous qu’Haruki-san était le lointain descendant d’une famille de traîtres et que lui et ses proches seraient peut-être condamnés si cela venait à se savoir…

Nous décidâmes de la confier à Asako Ningen-sensei et demandâmes à Kenji-san s’il pourrait l’escorter à la Cité des Apparences. Ce dernier accepta. Nous accompagnâmes Kenji-san et Yoshino-san à l’auberge la plus proche. La nuit ne fut pas la plus tranquille de notre périple. Nous nous réveillâmes avant l’aube pour retrouver notre sauveur et Yoshino-san. Nous leur donnâmes de quoi subvenir à leur retour. Et Daisuke-san leur donna une lettre, à destination de ses parents. Nous fîmes nos adieux et retournâmes au caravansérail, pliâmes notre tente et prîmes la route avec la famille de Kazuo-san.
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Oloth
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L’ambiance était bien plus décontractée que tout ce que nous avions pu voir jusqu’à présent. Nous fîmes une halte le midi pour nous restaurer dans un hameau où Mamujin-san et les siens étaient bien connus. Nous nous dirigions vers les terres de la famille Yuchi, à une dizaine de jours de voyage. Pendant le trajet le soir venu, ils nous racontèrent les légendes de leur clan, tandis que nous leur parlions de nos aventures, dans les choses qui pouvaient être révélées. Mamujin-san nous remercia pour ceci. Il évoqua un clan mineur étrange, celui de la Tortue. Son chef ne serait pas le véritable chef, car par tradition il s’agirait de l’Empereur. C’est le seul clan qui ferait du commerce avec les gaijins.
Après un dîner, il nous expliqua qu’il emporterait bientôt des souvenirs des exploits de Kazuo-san et nous. Je remarquai qu’à chaque fois qu’il parlait de voyage, il caressait sa tasse. Il nous dit finalement que l’année suivante, il entamerait le Grand Voyage, l’ultime et dernier périple traditionnel du clan de la Licorne. Il prendrait ses affaires et partirait, pour ne jamais revenir. Nous accueillîmes cette décision avec respect et admiration.


Jour 18 du mois du Cheval, an 1120 du calendrier impérial

Au cinquième jour de notre trajet, nous atteignîmes les contreforts des montagnes du Nord. Mamujin-san nous indiqua que le lendemain serait la dernière étape avant notre séparation. Il nous expliqua que nous aurions trois options : continuer à parcourir les terres de la Licorne, retourner sur les terres du Lion ou passer le col de la fleur de prunier pour rejoindre les terres du clan mineur du Lièvre puis celles du Scorpion. Nous choisîmes cette dernière proposition. La veille de notre séparation, l’ambiance pendant le repas fut différente et indescriptible. À part Kazuo-san peut-être, nous ne reverrions jamais Mamujin-san. Le lendemain, peu avant que chaque groupe poursuive son chemin, Mamujin-san nous prodigua ses derniers conseils : faire attention aux éboulements ainsi qu’aux bandits. Il nous dit que la passe serait assez étroite et nous recommanda d’être vigilants. Puis, Tsukiharu-san, Kazuo-san, Haruki-san et moi chevauchâmes plus avant pour laisser le temps à Daisuke-san de dire au revoir à Akiko-san. Il nous confia lui avoir offert un traité de stratégie, écrit par un rônin nommé Sun Tao. Nous fîmes nos adieux et partîmes en direction du Sud-Ouest.
En arrivant à la proximité d’un carrefour, nous aperçûmes un convoi, composé d’une soixantaine de personnes. Trois bannières flottaient : celles de la magistrature d’Émeraude, de la famille Kakita et de la famille Otomo. Nous vîmes trois palanquins en nous approchant. De l’un d’eux sortit Otomo Banu-sama qui nous salua et nous invita à nous joindre au convoi, vu que nous faisions route vers le même endroit. Il fut rejoint par Kakita Toshimoko-sama, le plus grand duelliste de notre ère. Nous n’osions demander la raison de leur présence ici, mais nul doute qu’elle était d’importance. On nous servit une agréable collation. Toshimoko-sama s’entretint brièvement avec nous et demanda un duel à Haruki-san, afin de vérifier s’il avait bien intégré les enseignements de l’école Kakita. Haruki-san perdit le duel et eut une conversation en privé avec Toshimoko-sama et revint un peu secoué mais les idées claires, d’après ce qu’il nous dit. Je sentis une détermination que je n’avais plus ressentie en lui depuis longtemps et cela me fit plaisir en tant que samuraiko et amie.

Le soir venu, le convoi s’arrêta dans une bourgade, où le seigneur de la famille Yuchi laissa son château à disposition de ses prestigieux hôtes. Nous réservâmes une chambre dans une auberge du village. Le lendemain matin, nous reprîmes la route. A la fin de la matinée, la route se fit plus pentue, le relief plus escarpé. Les terres devinrent plus rocailleuses, moins fertiles. Nous parvînmes au col sans encombre dans l’après-midi. Le col formait un petit plateau, composé d’un petit temple avec une enceinte et un arbre en pierre et d’une auberge. Une caravane du clan de la Licorne faisait étape.
La légende veut qu’à ce col, Togashi-kamisama et Shinsei eurent une dispute métaphysique. Ne comprenant pas, Togashi-kamisama aurait décidé de s’assoir et méditer jusqu’à ce qu’il comprenne ce dont ils avaient parlé. Le petit maitre l’observant aurait décidé de faire de même. Ils restèrent ainsi un très long moment jusqu’à ce que le kami se mette à rire aux éclats, bientôt suivi par Shinsei.
Nous installâmes le campement. Ceci terminé, Otomo Banu-sama nous invita pour le dîner. En attendant, nous avions quartier libre. Daisuke-san alla peindre, Haruki-san alla le rejoindre. Kazuo-san et Haruki-san allèrent prier au temple, tandis que j’allai m’entraîner. Le soir venu, nous retrouvâmes la compagnie du conseiller du Prince. Toshimoko-sama n’était pas là. Daisuke-san demanda si nous pouvions être d’une quelconque aide. Otomo Banu-sama accéda à cette requête et nous proposa de raccompagner Dame Miya Yumi sur les terres de sa famille, à moins de 3 jours du col. Elle était la nièce du chef de la famille. Avec l’autorisation de notre hôte, nous allâmes à sa rencontre. C’était une jeune femme, belle et sincère. Elle nous dit qu’elle nous ferait confiance, mais je sentis que quelque chose la contrariait. Je me toutefois retins de lui demander, par bienveillance et courtoisie. Nous passâmes un moment à admirer les étoiles, sous la garde de deux bushis de la famille Seppun. Puis, nous allâmes nous coucher. Trois heures avant l’aube, Daisuke-san et moi rejoignîmes les deux Seppun pour monter la garde avec eux. Ils acceptèrent notre compagnie sans que cela les perturbe.

Lorsque Dame Soleil pointa ses premiers rayons sur nous, Daisuke-san et moi vîmes Toshimoko-sama au pied de l’arbre en pierre. Il attendait quelqu’un. Nous comprîmes qu’un duel allait avoir lieu. Les autres nous rejoignirent quelque temps après. L’adversaire du duelliste Kakita arriva enfin. Nous reconnûmes Katsu Ichi. Le maitre et le rônin discutèrent brièvement, sans animosité. Ils ouvrirent une bouteille de saké et trinquèrent. Puis, ils se mirent en position. Les spectateurs qui commençaient à s’amasser retinrent leur souffle. Nous nous approchâmes. Personne ne vit comment cela se passa, mais tout se termina en une fraction de seconde. Toshimoko-sama était toujours debout. Katsu Ichi était blessé au côté et respirait difficilement. Il grimaça, s’inclina et tourna les talons. Daisuke-san se hâta de le rejoindre et de s’enquérir de son état. Quelques instants plus tard, Toshimoko-sama s’effondra, mort. Des clameurs naquirent dans la foule et bientôt des cris fusèrent, certains bushis présents souhaitant provoquer Katsu Ichi en duel. Mais tous les présents savaient que ce duel avait été honorable et accompli dans les règles. Le plus grand duelliste de notre génération était mort, et nous venions d’assister à son dernier combat. Nous nous recueillîmes devant sa dépouille avant de plier le camp et rejoindre Dame Miya Yumi-sama.

Pour plus de sécurité, nous décidâmes de passer par des chemins détournés pour nous rendre sur les terres des Miya. En chevauchant, nous vîmes que Tsukiharu-san se sentait de plus en plus mal et nous dit qu’elle avait une impression de déjà-vu. Nous fîmes halte sur les ruines de ce qui avait dû être une tour fortifiée. Nous montâmes le camp aussi vite que possible. Les deux Seppun n’avaient pas l’air rassuré et je pensais que c’était de notre faute. Notre shugenja avait maintenant des absences et déclara haletante que son pouvoir s’inversait et s’amplifiait… nous lui demandâmes de nous guider vers la source si elle le pouvait. Nous dîmes aux deux gardes du corps de nous attendre une heure, et de plier bagage si nous n’étions pas revenus avant. Nous soutînmes Tsukiharu-san à travers les arbres et les rochers jusqu’à un éboulement récent. Il avait mis à jour une anfractuosité dans la roche, menant sur une grotte. Nous nous y engageâmes, sur le qui-vive. Nos armures nous gênaient beaucoup dans notre progression.
Heureusement, le conduit se fit plus large, jusqu’à ce que nous puissions nous relever. Après un certain temps, nous entendîmes des chants et des harmoniques qui nous étaient inconnus. Nous débouchâmes dans une cavité où la pierre était taillée. Des couloirs et des embranchements se tenaient devant nous. Nous comprîmes que la musique résonnait dans nos têtes. La roche était translucide, sans aucune aspérité. Lorsque nous touchâmes la roche, la musique s’arrêta. Nous choisîmes l’un des couloirs et nous arrivâmes devant cinq statues, toutes bipèdes mais avec des têtes et des membres animaux : corbeau, félin, reptile, poisson et une créature grossière ressemblant à un troll. Tsukiharu-san qui se sentait un peu mieux nous indiqua qu’il s’agissait de créatures légendaires : les Kenku, les Kitsu, les Okujin et les Ningyo. La texture de la roche était étrange. La cinquième race lui était inconnue. Haruki se plaça au centre sans que cela déclenche quoi que ce soit. Puis, nous suivîmes l’un des couloirs, et après une quinzaine de mètres, nous parvînmes à une immense salle sphérique. La lumière ambiante provenait d’une gigantesque vasque d’eau au centre. Je vis quelque chose dedans. Quelque chose qui s’arrêta de chanter lorsque nous nous approchâmes. Et qui sortit de l’eau.

C’était une créature bien plus grande et volumineuse qu’un être humain. Sa peau oscillait entre le blanc et le bleu. Ses traits étaient féminins, plutôt humains. Le buste était humain, mais le reste reptilien. Sa chevelure était bleue et noire, ses yeux jaunes de reptile nous fixaient. Dressée, cette créature devait dépasser les trois mètres. Elle nous renifla et scruta chacun d’entre nous, Tsukiharu-san en particulier. Elle passa ses mains au-dessus d’elle et finit par articuler difficilement, « Je être La Mara. Tu être Tsukiharu ». Tsukiharu-san comprit qu’elle était une Naga.
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