[L5A] Épopée de la délégation de Topaze

Vos parties elles déchirent ! N'en perdez pas la trace, faites profiter les malheureux absents.

Modérateur : Bureau

Répondre
Avatar de l’utilisateur
Oloth
Messages : 1505
Inscription : dim. déc. 25, 2016 12:31 pm
Localisation : En train de courir après le temps
Contact :

Re: [L5A] Épopée de la délégation de Topaze

Message par Oloth »

L’ambiance était bien plus décontractée que tout ce que nous avions pu voir jusqu’à présent. Nous fîmes une halte le midi pour nous restaurer dans un hameau où Mamujin-san et les siens étaient bien connus. Nous nous dirigions vers les terres de la famille Yuchi, à une dizaine de jours de voyage. Pendant le trajet le soir venu, ils nous racontèrent les légendes de leur clan, tandis que nous leur parlions de nos aventures, dans les choses qui pouvaient être révélées. Mamujin-san nous remercia pour ceci. Il évoqua un clan mineur étrange, celui de la Tortue. Son chef ne serait pas le véritable chef, car par tradition il s’agirait de l’Empereur. C’est le seul clan qui ferait du commerce avec les gaijins.
Après un dîner, il nous expliqua qu’il emporterait bientôt des souvenirs des exploits de Kazuo-san et nous. Je remarquai qu’à chaque fois qu’il parlait de voyage, il caressait sa tasse. Il nous dit finalement que l’année suivante, il entamerait le Grand Voyage, l’ultime et dernier périple traditionnel du clan de la Licorne. Il prendrait ses affaires et partirait, pour ne jamais revenir. Nous accueillîmes cette décision avec respect et admiration.


Jour 18 du mois du Cheval, an 1120 du calendrier impérial

Au cinquième jour de notre trajet, nous atteignîmes les contreforts des montagnes du Nord. Mamujin-san nous indiqua que le lendemain serait la dernière étape avant notre séparation. Il nous expliqua que nous aurions trois options : continuer à parcourir les terres de la Licorne, retourner sur les terres du Lion ou passer le col de la fleur de prunier pour rejoindre les terres du clan mineur du Lièvre puis celles du Scorpion. Nous choisîmes cette dernière proposition. La veille de notre séparation, l’ambiance pendant le repas fut différente et indescriptible. À part Kazuo-san peut-être, nous ne reverrions jamais Mamujin-san. Le lendemain, peu avant que chaque groupe poursuive son chemin, Mamujin-san nous prodigua ses derniers conseils : faire attention aux éboulements ainsi qu’aux bandits. Il nous dit que la passe serait assez étroite et nous recommanda d’être vigilants. Puis, Tsukiharu-san, Kazuo-san, Haruki-san et moi chevauchâmes plus avant pour laisser le temps à Daisuke-san de dire au revoir à Akiko-san. Il nous confia lui avoir offert un traité de stratégie, écrit par un rônin nommé Sun Tao. Nous fîmes nos adieux et partîmes en direction du Sud-Ouest.
En arrivant à la proximité d’un carrefour, nous aperçûmes un convoi, composé d’une soixantaine de personnes. Trois bannières flottaient : celles de la magistrature d’Émeraude, de la famille Kakita et de la famille Otomo. Nous vîmes trois palanquins en nous approchant. De l’un d’eux sortit Otomo Banu-sama qui nous salua et nous invita à nous joindre au convoi, vu que nous faisions route vers le même endroit. Il fut rejoint par Kakita Toshimoko-sama, le plus grand duelliste de notre ère. Nous n’osions demander la raison de leur présence ici, mais nul doute qu’elle était d’importance. On nous servit une agréable collation. Toshimoko-sama s’entretint brièvement avec nous et demanda un duel à Haruki-san, afin de vérifier s’il avait bien intégré les enseignements de l’école Kakita. Haruki-san perdit le duel et eut une conversation en privé avec Toshimoko-sama et revint un peu secoué mais les idées claires, d’après ce qu’il nous dit. Je sentis une détermination que je n’avais plus ressentie en lui depuis longtemps et cela me fit plaisir en tant que samuraiko et amie.

Le soir venu, le convoi s’arrêta dans une bourgade, où le seigneur de la famille Yuchi laissa son château à disposition de ses prestigieux hôtes. Nous réservâmes une chambre dans une auberge du village. Le lendemain matin, nous reprîmes la route. A la fin de la matinée, la route se fit plus pentue, le relief plus escarpé. Les terres devinrent plus rocailleuses, moins fertiles. Nous parvînmes au col sans encombre dans l’après-midi. Le col formait un petit plateau, composé d’un petit temple avec une enceinte et un arbre en pierre et d’une auberge. Une caravane du clan de la Licorne faisait étape.
La légende veut qu’à ce col, Togashi-kamisama et Shinsei eurent une dispute métaphysique. Ne comprenant pas, Togashi-kamisama aurait décidé de s’assoir et méditer jusqu’à ce qu’il comprenne ce dont ils avaient parlé. Le petit maitre l’observant aurait décidé de faire de même. Ils restèrent ainsi un très long moment jusqu’à ce que le kami se mette à rire aux éclats, bientôt suivi par Shinsei.
Nous installâmes le campement. Ceci terminé, Otomo Banu-sama nous invita pour le dîner. En attendant, nous avions quartier libre. Daisuke-san alla peindre, Haruki-san alla le rejoindre. Kazuo-san et Haruki-san allèrent prier au temple, tandis que j’allai m’entraîner. Le soir venu, nous retrouvâmes la compagnie du conseiller du Prince. Toshimoko-sama n’était pas là. Daisuke-san demanda si nous pouvions être d’une quelconque aide. Otomo Banu-sama accéda à cette requête et nous proposa de raccompagner Dame Miya Yumi sur les terres de sa famille, à moins de 3 jours du col. Elle était la nièce du chef de la famille. Avec l’autorisation de notre hôte, nous allâmes à sa rencontre. C’était une jeune femme, belle et sincère. Elle nous dit qu’elle nous ferait confiance, mais je sentis que quelque chose la contrariait. Je me toutefois retins de lui demander, par bienveillance et courtoisie. Nous passâmes un moment à admirer les étoiles, sous la garde de deux bushis de la famille Seppun. Puis, nous allâmes nous coucher. Trois heures avant l’aube, Daisuke-san et moi rejoignîmes les deux Seppun pour monter la garde avec eux. Ils acceptèrent notre compagnie sans que cela les perturbe.

Lorsque Dame Soleil pointa ses premiers rayons sur nous, Daisuke-san et moi vîmes Toshimoko-sama au pied de l’arbre en pierre. Il attendait quelqu’un. Nous comprîmes qu’un duel allait avoir lieu. Les autres nous rejoignirent quelque temps après. L’adversaire du duelliste Kakita arriva enfin. Nous reconnûmes Katsu Ichi. Le maitre et le rônin discutèrent brièvement, sans animosité. Ils ouvrirent une bouteille de saké et trinquèrent. Puis, ils se mirent en position. Les spectateurs qui commençaient à s’amasser retinrent leur souffle. Nous nous approchâmes. Personne ne vit comment cela se passa, mais tout se termina en une fraction de seconde. Toshimoko-sama était toujours debout. Katsu Ichi était blessé au côté et respirait difficilement. Il grimaça, s’inclina et tourna les talons. Daisuke-san se hâta de le rejoindre et de s’enquérir de son état. Quelques instants plus tard, Toshimoko-sama s’effondra, mort. Des clameurs naquirent dans la foule et bientôt des cris fusèrent, certains bushis présents souhaitant provoquer Katsu Ichi en duel. Mais tous les présents savaient que ce duel avait été honorable et accompli dans les règles. Le plus grand duelliste de notre génération était mort, et nous venions d’assister à son dernier combat. Nous nous recueillîmes devant sa dépouille avant de plier le camp et rejoindre Dame Miya Yumi-sama.

Pour plus de sécurité, nous décidâmes de passer par des chemins détournés pour nous rendre sur les terres des Miya. En chevauchant, nous vîmes que Tsukiharu-san se sentait de plus en plus mal et nous dit qu’elle avait une impression de déjà-vu. Nous fîmes halte sur les ruines de ce qui avait dû être une tour fortifiée. Nous montâmes le camp aussi vite que possible. Les deux Seppun n’avaient pas l’air rassuré et je pensais que c’était de notre faute. Notre shugenja avait maintenant des absences et déclara haletante que son pouvoir s’inversait et s’amplifiait… nous lui demandâmes de nous guider vers la source si elle le pouvait. Nous dîmes aux deux gardes du corps de nous attendre une heure, et de plier bagage si nous n’étions pas revenus avant. Nous soutînmes Tsukiharu-san à travers les arbres et les rochers jusqu’à un éboulement récent. Il avait mis à jour une anfractuosité dans la roche, menant sur une grotte. Nous nous y engageâmes, sur le qui-vive. Nos armures nous gênaient beaucoup dans notre progression.
Heureusement, le conduit se fit plus large, jusqu’à ce que nous puissions nous relever. Après un certain temps, nous entendîmes des chants et des harmoniques qui nous étaient inconnus. Nous débouchâmes dans une cavité où la pierre était taillée. Des couloirs et des embranchements se tenaient devant nous. Nous comprîmes que la musique résonnait dans nos têtes. La roche était translucide, sans aucune aspérité. Lorsque nous touchâmes la roche, la musique s’arrêta. Nous choisîmes l’un des couloirs et nous arrivâmes devant cinq statues, toutes bipèdes mais avec des têtes et des membres animaux : corbeau, félin, reptile, poisson et une créature grossière ressemblant à un troll. Tsukiharu-san qui se sentait un peu mieux nous indiqua qu’il s’agissait de créatures légendaires : les Kenku, les Kitsu, les Okujin et les Ningyo. La texture de la roche était étrange. La cinquième race lui était inconnue. Haruki se plaça au centre sans que cela déclenche quoi que ce soit. Puis, nous suivîmes l’un des couloirs, et après une quinzaine de mètres, nous parvînmes à une immense salle sphérique. La lumière ambiante provenait d’une gigantesque vasque d’eau au centre. Je vis quelque chose dedans. Quelque chose qui s’arrêta de chanter lorsque nous nous approchâmes. Et qui sortit de l’eau.

C’était une créature bien plus grande et volumineuse qu’un être humain. Sa peau oscillait entre le blanc et le bleu. Ses traits étaient féminins, plutôt humains. Le buste était humain, mais le reste reptilien. Sa chevelure était bleue et noire, ses yeux jaunes de reptile nous fixaient. Dressée, cette créature devait dépasser les trois mètres. Elle nous renifla et scruta chacun d’entre nous, Tsukiharu-san en particulier. Elle passa ses mains au-dessus d’elle et finit par articuler difficilement, « Je être La Mara. Tu être Tsukiharu ». Tsukiharu-san comprit qu’elle était une Naga.
Répondre