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Envie de parler de tout et n'importe quoi ? C'est bien là !

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Message par Anamorphose »

Aux portes de l'enfer

"Il suffit d'un atome pour troubler l'oeil de l'esprit." (William Shakespeare Extrait de Hamlet)

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C'est à ce moment là... A ce moment précis... Que la faille se révéla... Et que tout fût scellé.

Gisant au sol, le corps de la jeune femme saigne abondamment, ses os brisés, ses plaies béantes, dans un abime de douleur.
Réaction lacrymale, coulent les larmes de la souffrance et la rage de l'impuissance, paralysée.

Elle veut lutter avec ce corps fragile, mais il l'abandonne, terrible leçon du physique sur l'esprit.
Un esprit déterminé, engoncé dans un carcan érigé par des années d'études militaires.

Tout est supportable, tant qu'elle le voit se battre, même cette déchirure atroce par où sa vie s'enfuit.

C'est alors que le temps semble se ralentir à travers ses yeux humides.
Le chaman pousse une sorte de cri incompréhensible.
Le ciel semble répondre à l'appel de cette bête immonde qui a déjà volé tant de vies.
Elle a déjà les yeux levés, voyant l'ombre sur elle, un craquement terrible fendant les airs, le trait de foudre jaillissant vers elle.

La puissance de la nature est sans appel et cet être semble la maîtriser.

Elle regarde la lumière cruelle foncer sur elle.
Peut-être est-ce son imagination, mais il lui semble entendre quelque chose.

Un bouillon de sang la fait tousser, vrillant sa chair d'une douleur affreuse.
Elle tourne la tête, cela semble si long, si difficile.

Elle le voit, ses lèvres se tordant dans un cri alors que son corps puise dans ses dernières forces pour se propulser.
Elle sait que son armure est aussi lourde que la sienne.
Il serait impossible de s'élancer ainsi sans la volonté du désespoir.

La lumière approche... Le corps semble suspendu dans l'air pendant une seconde... Puis une souffrance plus atroce encore quand le choc des armures se fait.
Tout devient blanc et ses yeux ne distinguent plus rien.
Le bruit est assourdissant, un bourdonnement dans ses oreilles.

Elle se sent écrasée, paniquée, sa gorge incapable d'hurler.
Il y a l'ombre d'un autre cri, puis un silence de mort.
La lumière s'estompe et alors elle voit et comprend.

C'est à ce moment là, oui, à ce moment exact que le miroir s'est brisé.
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Message par Anamorphose »

De nos jours...

L'enfer est pavé de bonnes intentions.

"L'étroite voie de notre ciel propre passe toujours par la volupté de notre propre enfer." (Friedrich Nietzsche, "Les flammes de l'enfer")

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Observant les flammes crépiter, la jeune femme tente d'oublier les images de ses cauchemards.

Certaines concernent l'acte qu'elle a fait. Les autres restent incompréhensibles, mais tellement marquantes.

Elle sort lentement de sa poche un bel écrin d'argent, puis l'ouvre, découvrant le magnifique diamant qui y trône.
Il est tel une larme cristallisée enfermée dans un tombeau précieux.

Etait-il possible que La Grenouille ait eu un instant de grâce dans son esprit dérangé ?

Elle saisit délicatement la pierre, puis se lève.
Ses pieds nus malgré le froid vont sans faiblir.

Elle trouve enfin l'endroit, puis se baisse, fouillant la terre de ses ongles, laissant une douleur légère s'emparer d'elle.
Le petit tombeau fait, elle y dépose la pierre lentement, la respiration profonde, le regard froid comme la mort.

Elle enterre cette seule et unique larme pour une âme corrompue et sale.
Elle lui offre ce seul hommage, tout en le maudissant.
Elle sait qu'il haïssait la faiblesse.

Doucement, elle prend une graine qu'elle dépose près du diamant.
De cette graine, elle sait qu'il surgira un chêne immonde, symbole postume de ce que fût le dénommé Sidius De Mérinius.

Elle sait qu'à chaque fois qu'elle passera devant ce lieu, elle se souviendra de son épée dans sa chair putride, de ce moment où sa haine et sa vengeance ont pris la forme d'une lame froide et sans pitié.

Elle touche son visage, comme pour se souvenir de l'atroce douleur.

Puis elle retourne là où elle se sent bien.
Elle s'assoit et pose un dernier regard sur le petit écrin qu'il lui a offert.

Dans cet écrin, elle enferme son enfer.
Un claquement sec et les démons sont scellés en ce lieu étroit et sombre.
Puis elle la range symboliquement.

Seul sa famille de l'ombre sait la vérité : un monstre peut en cacher un autre.

Elle ferme les yeux et prend une profonde inspiration.

L'enfer, ce n'est pas les autres, c'est se retrouver seul avec soi même.
Dernière modification par Anamorphose le lun. févr. 12, 2018 9:03 pm, modifié 1 fois.
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Message par Anamorphose »

Souvenirs de Khaaly

De ces multiples yeux, la petite araignée qui vivait dans la chambre de la Chope suivait les mouvements environnants.
Bien installée dans un coin sombre de sa toile, elle attendait qu'une petite mouche dodue vienne s'échouer au creux des filaments gluants.

Tapie là, sans un bruit, elle assistait à une scène de la vie quotidienne. Témoin silencieusement et malgré elle des ébats enfiévrés de ces drôles de monstres géants à deux pattes.

Dans la nuit qui recouvrait de son voile la pièce, deux êtres n'avaient plus les pieds sur terre.
On pouvait sentir la chaleur de ces corps enlacés qui s'abandonnaient au bon vouloir de la Déesse Sunie.

Comment résister au goût divin des baisés d'un homme ?

Cela faisait plusieurs minutes que Khaaly ne se posait plus la question. Entre les mains de celui a qui elle avait tant de mal à dire non, elle sentait à nouveau le sang battre dans ses veines.
Les mains d'Alex ne cessaient de faire ressortir sa féminité et la douceur de ses lèvres laissait des traces humides sur sa chair à nue.
Elle lui appartenait ce soir et plus rien ne comptait...
Que cet instant rare : celui où deux âmes se rencontrent et s' unissent pour rejoindre le ciel.

La petite araignée assistait, muette, à ce drôle de spectacle. Elle, tout ce qu'elle voulait c'était sa petite mouche bien dodue.
Et pour ça, elle pouvait être un ange de patience.
Attendre des heures et des heures durant, sans lever un membre velu du piège à insecte dont elle avait tissé la toile.

En bas, après avoir rejoint les étoiles, les deux jeunes gens s'étaient endormis.

Au matin, la petite araignée s'affairait, toute heureuse, à envelopper, dans un cocon de soie, la gentille petite mouche dodue qui avait bien voulu répondre à son goulu vœux silencieux.

Voilà de quoi tenir durant quelque temps pensa-elle et elle sourit de toutes ces mandibules.

Khaaly était réveillée.
Elle bailla, les joues toutes roses, les cheveux emmêlés et se leva.
Sa tenue était indécente, mais ça n'avais pas l'air de gêner Alex.
Un sourire en coin, le jeune homme l' observait...
A contrecœur, il la vit enfiler sa tenue de combat.

Elle lui sourit, le regarda avec ce petit air coquin qu'elle avait quand elle le voyait.
Il fallait qu'elle s'en aille. Le travail n'attend pas...
Mais ce taquin de négociant la prit dans ses bras et une fois de plus, il se coinça les doigts dans son armure.

- Il faut vraiment que je parte - lui lança-t-elle.
- Tu es vraiment obligée ? - dit-il.
- Oui !
Et dans un sourire radieux, elle s'arracha à son étreinte.

La matinée lui semblait plus lumineuse que d'habitude.
Elle sortie et referma la porte derrière elle.
Elle reprit un air sérieux, réajusta sa tenue et entreprit d'attaquer la journée à pleine dent.

Dans le coin sombre de la pièce, une petite araignée riait...

<--->

La peau humide, les cheveux attachés en queue de cheval, une tenue en cuir et métal rouge profond, le regard perçant, Khaaly était en enfer...
Il faisait une chaleur torride, elle regardait les corps devant elle se tordre dans la douleur et dans le plaisir. Elle passait voir si ses esclaves obéissaient à leurs bourreaux respectifs.

De temps en temps, elle s'approchait d'un être et effleurait sa chair offerte, provoquant des spasmes d'excitation chez sa victime... Elle sentait son âme et la léchait comme on se nourrit de la peur quand on est le mal incarné...

Ici, elle était le diable en personne, la pire abjection qu'on ait pu engendrer, et se servait de ses charmes indécents pour amadouer ses proies... Chaque cris provoquaient une joie surnaturelle dans son coeur, la terreur et le respect qu'elle suscitait lui donnait une force qui la rendait d'une beauté irréelle...

Elle entra dans une drôle de pièce où la lumière semblait venir de nulle part.
Ses talons s'enfoncèrent dans le sol.
Les jambes écartées, les mains dans le dos, elle regardait, avec un petit sourire pervers, l'homme étendu sur le sol. Elle lui fit signe de s'agenouiller, ne quittant pas ses prunelles sombres. Il était assez séduisant, ses cheveux noirs et longs lui tombaient devant le visage, sa bouche gourmande formait un rictus de défit face à la jeune femme.

Mmm... Elle adorait quand ils étaient réticents comme celui-là, le genre dur à cuire. Le dominer serait un vrai bonheur...

Elle sortie de derrière son dos une petite lame au tranchant luisant. Il y avait encore du sang dessus : elle le lécha dans un frisson de plaisir... L'espace d'un instant, ses prunelles étaient devenues noires... Elle s'approcha de son beau rebel et commença à entamer la chair.

L'homme serrait les dents, lui lançant des regards à faire périr un mort, mais elle continuait lentement sa besogne...
Pendant qu'elle traçait les symboles sur son torse, elle avait donné un ordre mental à une de ses soeurs maléfiques. Le rituel d'imprégnation devait commencer. Après cela, il serait en son pouvoir...
Un esclave dévoué à tous ses caprices, mais qui aurait toujours sa conscience intacte, se voyant accomplir, tel un autre, des actes qu'en temps normal il n'aurait jamais pu imaginer. Gardant sa rage enfermée, ne pouvant l'assouvir et souffrant du dilemme entre la haine qu'il éprouverait pour son bourreau et un besoin quasi charnel d'être son mignon préféré...

Un rire silencieux fit frémir la poitrine de la sulfureuse diablesse. Quand elle en aurait fini avec lui, son coeur serait en miette... Elle dégusterait son âme comme on boit un bon vin et irait chasser un autre innocent... Dans un millier d'années...

Elle avait fini.
Le dernier symbole sanglant provoqua un soubresaut chez son porteur, une lumière noire jaillit brutalement de ses lèvres et de ses yeux, le tendant comme un arc, puis il retomba mollement au sol.

Khaaly s'approcha de sa démarche féline, posa un genou à terre et souleva la tête du jeune homme par les cheveux. Mais ce n'était pas lui qui était à terre : c'était elle...


Un cri retentit dans la Choppe.
Le corps en sueur, la milicienne tremblait comme une feuille dans la tempête. Le souvenir encore vif du cauchemar la paralysait de peur. Elle ne reprit ses esprits que lorsque Sekmar vînt frapper à sa porte.

- Hé ! Tout va bien là d' dans ?
- Oui... Oui, ce n'est rien, j'ai juste fais un mauvais rêve... Excusez-moi...
- Ho ! Bien... Mais faut pas crier com' ça m'Dame... Ca va faire fuir les clients, hein ? J'vous laisse...
- Merci... Encore désolée...

La voix du nain l'avait rassurée un peu, mais les images étaient encore présentes.
Elle jeta un oeil par la fenêtre : l'aube se levait à peine.
Elle savait qu'elle ne pourrait pas se rendormir...

Elle se leva, fit sa toilette, s'habilla, descendit prendre un bon bol de lait et sortit pour aller faire sa ronde. Il fallait qu'elle oublie... et vite !
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Message par Anamorphose »

De Marienka Foudretempête il me semble, hé, hé...

Un souffle...
Un seul...
Et je sais...

---

Le corps sanglant qu'ils protègent est si frêle, qu'on a du mal à croire que la vie bat encore dans ce coeur qui pulse avec lenteur.

L'une des leurs s'approche... Elle se penche avec grâce vers l'elfe qui la regarde de ses iris d'un bleu lagon, ressortant un peu plus à travers le rouge de ce sang qui la recouvre.

Le langage qui sort de cette voix douce est un apaisement...

Le regard de la créature est bienveillant, malgré les cornes qui surplombent sa tête.

- Tu es la dernière... *dans un souffle*

Puis elle parle de ce langage si particulier, mélange de verbe et de gestes subtils, alors que son regard change de couleur suivant les mots qu'elle prononce.

Une lumière chaude vient entourer le corps de l'elfe, la soulevant dans les airs un instant avant de disparaître.

- Il est temps que tu reviennes !

---

L'Axagorne affronte la tempête avec courage, tout son équipage en action afin de le préserver de la colère d' Istishia.

Le regard grave, tennant la barre, elle fixe les mouvement de vague, cherchant le meilleur angle pour que la caravelle ne sombre pas.

A son bord, ses vingts meilleurs marins savent ce qu'il faut faire. Une dizaine d'autres tentent de suivre.

Sa voix résonne dans l'air, donnant ses ordres afin qu'ils restent tous en vie, mais elle ne peut retenir la colère du dieu et il finit par avoir son dû de vies humaines...

Comme toujours, c'est la consternation à bord, mais n'en a-t-il pas toujours été ainsi ?

Combien ? Combiens sont morts sous ce regard immense, à la fois jeune et vieux, s'assombrissant parfois... lorsque nul ne regarde... et que le silence l'entoure alors de ses bras glacials...

Combien mourront encore avant qu'elle ne disparaisse à son tour ?
Sa machoire se serre.

Les bourrasques s'amusent à soulever sa longue chevelure de miel brun. Sa bouche a un pli sévère, inhabituel, seulement là lorsqu'il faut agir dans l'urgence, marquant ainsi sa volonté farouche de ne pas céder une personne de plus au grain qui les assaille.

Soudain... Elle voit leur porte de salut... D'un mouvement sec, elle donne un grand coup de gouvernail, faisant tanguer le navire sur la droite et franchir ainsi une lame monstrueuse.
Usant de toute sa force, elle garde tant bien que mal le cap. Ses iris percent la nuit et la pluie, voyant une lumière à l'horizon : Immersy !

Le dieu n'a qu'à bien se tenir : cette fois-ci, elle ne lui laissera pas décider du sort de l'Axagorne !

---

Devant les flammes de la cheminée, elle ne peut s'empêcher de sourire.

Dans la pièce, les hommes chantent une vieille chanson de marin, le rhum coulant à flôt alors qu'il y a quelques heures encore, ils étaient ballotés par les vagues en furies.

Elle fixe les petits verres devant elle. La troisième bouteille vient d'y passer.
D'un trait, elle entame la dernière série qu'elle s'accorde pour ce soir.
L'alcool embrûmant légèrement son esprit.
Ils sont saufs... Sauf Himelda et Jensen... Deux recrues que le dieu lui a soufflé.

Comme à chaque fois, elle pleure dans son coeur. Mais sur ce visage lisse et hâlé, rien ne transperce l'air rassurant qu'elle affiche.

Une fois de plus, il faudra ravaler la colère et la peine !
Une fois de plus, elle devra chercher, remplacer, comme si de rien n'était !
Une fois de plus...

Elle avale un autre verre... cul sec !
Puis elle se lève, lentement, très droite et très digne, ramenant sa longue chevelure dans son dos, les habits usées par la tempête, mais recouvrant l'intégralité de ce corps qui semble menu et fragile, alors qu'il n'en est rien !

Puis elle part.
Un salut à ses hommes et au tavernier... Elle pousse la porte... Disparaît...

---

Dans un coin de la taverne, une ombre, reculée au fond de la grande salle observe.

Sa capuche recouvre son visage et aucune partie de son anatomie n'est visible.

Personne ne fait attention... personne !
Comme si les ténèbres la cachait.

Son regard ne quitte pas un seul instant sa proie... Pas une seule seconde...

Alors qu'il la voit se lever, il s'apprête.
Il est temps... Enfin !
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Message par Anamorphose »

Mina

Je chute...
C'est vertigineux...
Je sens la morsure du froid dévorer avec envie chaque parcelle de ma peau, pénétrant au plus profond de ma chair sanglante...
Je ne sens plus mes ailes...
Je ne vois plus rien...
Mais je sens...
Oui...
Je sens bien que la terre se rapproche...
Elle cherche à me happer...
Elle m'attire inexorablement...
Et je sais qu'une fois de plus, je sentirai la douleur...
Mais je suis douleur...
Depuis l'aube des temps...
Au moment même où j'ai accepté de prendre la relève...
Le Messager...
J'ai l'impression qu'il n'y a pas de fin...
Je sombre toujours plus...
Ma tête...
Des images... Violentes...
Des réminiscences...
Je suis crucifiée...
Mon sang se répand au sol...
Je vois une Ombre...
Pourquoi ai-je peur ?
Ce n'est qu'une Ombre...
Mais je tremble...
Je voudrai m'enfuir...
Et je ne bouge pas...
Quelque chose me retient...
Une coupe... Mon sang...
L'Ombre s'éloigne...
Que fait-elle ?
Je dois voir...
Et je vois...
Un tableau...
Immense...
Et je me vois...
Le sang... Il m'aveugle... Le sang... HAAAAAAAA !
Ma chair se déchire...
La toile se dessine...
Et ma vie ne m'appartient plus...
Pourquoi ? Qui ? Dans quel but ?
Oh, Khale ! J'ai pensé que c'était toi...
Mais je me trompais...
Je me trompais...
La douleur...
Elle rentre...
Je la sens revenir... Son antre...
Elle s'infiltre... Reprend sa place... Mais mon sang est glacé à présent...
Je sens les clous que l'on arrache...
Je vois ses lèvres remuer... L'Ombre...
Je n'entends rien...
Je sais que c'est important, mais je n'entends rien...
J'ai envie de hurler... Où est ma voix ?
J'hurle...
Le silence...
J'entends un bruissement...
Je vois les plumes sombres...
Je ne sens plus le sol...
Combien de temps ? Combien ?
La Toile... Je dois la prendre... NONNNNNN !
Rendez-moi ma vie !
Un rire... J'ai froid...
Un rire... Je tremble...
Un rire... Le néant...
Puis le choc... Brutal...
Je crois que mes os n'ont plus de substance...
Mes ailes...
Où sont mes ailes...
Le froid... C'est... Dur...
La neige... Oui... La neige...
Et l'Ombre...
Non, pas l'Ombre...
Elle m'a laissé...
Elle a ce qu'elle voulait...
Je ne m'appartiens plus...
Un visage...
Un visage ancien...
La chaleur...
Mon coeur...
Le seul...
Son image revient...
La neige... Les odeurs... C'est... Familier...
Le sol dur sur ma joue...
Je suis déjà venu ici...
Où suis-je tombée...
Oui... Je sais... Je sais à présent...
Mais j'ai si mal...
Au secours... Aidez-moi....
Si mal...
Il n'y a personne... Personne...
Un nom... Silencieux...
Un souvenir...
Combien de temps ?
Si tu m'entends... Si tu ressens... Viens à moi...
Puis le noir.

____

Je la regarde tomber.
Je l'ai ramené.
A présent, tu es mienne Mina.

____

De ceux qui seront témoins de la chute d'un ange noir, il sortira que le ciel est devenu sombre une seconde lorsque le corps ailé a touché le sol froid.
Sur les hauteurs, un corps gît, inconscient et meurtri...

<--->

(Mina est un Messager, une créature unique et solitaire qui ressent la douleur de tout ce qui vit. Sa fonction est de soulager les morts, mais avant tout de porter les messages de l'Impératrice des Dree (Une race ancienne de conquérants immortels), Iree Drake, à travers les plans des multivers.
La fonction de Messager se passe uniquement entre les membres d'une même famille et celui qui passe le relais meurt.
Le Messager est le leader ultime des Ombres. Elles lui sont donc fidèles et la serve comme il se doit. Le personnage a une dimension tragique et d’inexorabilité. )
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Message par Anamorphose »

Irène Krane alias Iree Drakke

Irène Krane/ Iree Drakke
Spoiler
Image
La femme que vous avez devant les yeux est sculpturale.
Son allure est à la fois martiale et féline.
Ses longs cheveux de neige tombent en cascade souple sur ses reins cambrés.
Ses grands yeux rouges sang où dansent des paillettes dorées vous fixent.
De longs cils blancs les entourent.

Elle dégage une aura chaleureuse et maternelle.
Sa température corporelle est légèrement plus élevée que la normale.
Ses cornes sont sculptées avec art. Sa peau est laiteuse, immaculée.
Sa bouche légèrement charnue est framboise.
Il y a de la douceur qui se dégage d'elle.

Pourtant, vous n'arrivez pas à définir les effluves de son parfum, si troublant. Il vous envoute lentement, sans que vous n'y prêtiez attention.
Sa voix profonde et chaude est un délice.

Son armure moulante semble vivante, comme si la matière était d'origine organique, peut-être même intelligente.
Tout en elle respire un goût d'exotisme lointain. Comme si elle n'était pas de ce temps.
D'ailleurs, qui est-elle vraiment ?

Son port est impeccable.
Elle est visiblement issue d'une famille noble.
Elle vous sourit, vous dit bonjour et...


<--->

Il était une fois...

Il y a fort, fort longtemps...

Image


Dans le palais de cristal noir, des milliers de chandelles se reflétaient sur les murs prismatiques.
Un orchestre réunissant les meilleurs bardes jouait un air enjoué.
Des centaines d'invités en tenue de bal faisaient un brouhaha qui couvrait la mélodie joyeuse.

Du haut de l'immense escalier, quatre silhouettes observaient ce petit monde d'un air impassible.
De loin, on aurait pu dire quatre statues à la beauté troublante, chacune d'entre elles possédant un charme particulier.

L'une d'elles, une femme sculpturale, à l'allure paradoxale, à la fois martiale et altière, plongeait son regard rouge sang sur le flot de personne.
Sa robe blanche et translucide semblait cousue à même sa chair. La complexité de la trame en faisait une véritable œuvre d'art. De longs fils de soie recouverts de minuscules diamants couvraient ses épaules par endroits.
Son buste était enserré dans une guêpière si légère qu'elle paraissait faite d'air.
Le dos révélait une échancrure particulièrement vertigineuse, laissant entrevoir l'orée de son fessier. Les reste du tissu fragile tombant comme une rivière moirée le long de ses longues jambes à la peau laiteuse.
Ses longs cheveux de neige cachaient en partie ce déluge de provocation.

En bas de la salle, un regard fixait attentivement le Général des armées de l'Empire. On ne pouvait rester indifférent après avoir croisé son chemin, il le savait, mais la réalité dépassait ses espérances.
L'observateur murmura son nom silencieusement : Iree.

L'une des quatre femmes déploya d'immenses ailes noire de jais d'un coup sec et sonore, le bruit faisant tourner toutes les têtes.
Un silence pesant figea l'espace et le temps dans l'immense hall du palais, l’orchestre cessant de jouer : tous retenaient leur souffle.

Se déplaçant avec une grâce proche de celle des anges, l'Impératrice s'avança, ses escarpins précieux foulant les marches lentement.
A sa suite, la "Conteuse" et la créature ailée suivaient.
Le Général terminait la marche, chacun retenant son souffle devant ce spectacle imposant.

Avant que la dernière marche ne soit foulée, tout les nobles mirent un genoux à terre, s'inclinant respectueusement.
Le regard de l'Impératrice se posa un instant sur cette foule bigarrée, ses prunelles d'azur à la lueur carnassière perçant ce petit monde avec un esprit froid et calculateur.
Seul son sourire paraissait faire oublier qui elle était.
D'un geste lent, elle dessina des volutes complexes dans l'air.
Les milliers de chandelles semblèrent s'éteindre un instant, puis une lumière éclatante jaillit en millier de rayons pour inonder la salle d'une lueur éblouissante.

- Que la fête commence !

La voix était douce, mais ferme. Le ton impérieux.

Le plafond du palais s'ouvrit vers le ciel étoilé, comme une fleur qui éclot, et un vol de dragon d'or passa dans une pluie d'étoiles.
Le tonnerre gronda et une explosion de feu d'artifice fit blanchir le ciel.
La musique démarra comme un appel à la liesse, merveilleuse, entraînante ; les violons se déchaînant avec passion.

Accompagnée de ses Dames, l'Impératrice commença à ouvrir le bal. Quatre cavaliers de haute naissance leur donnant le bras.
Ce n'est que lorsque le reste des invités se mirent à danser, qu'Iree quitta discrètement cette débauche de luxe pour se diriger vers les jardins du palais.

Un peu plus loin, son admirateur secret suivait...


<---->

Dans un passé proche...

Comme le temps passe...

Je regarde les éléments qui se déchaînent autour de moi.
La violence du vent, la pluie qui frappe fort contre ma peau, les éclairs dans le ciel : je ressens et les pensées affluent...

Nos enfants sont à l'abri à Wilparell.
Je songe à repartir.
Je songe à retrouver ma cité si belle, loin des tourments que j'ai en partie semée.
Légion est définitivement hors d'état de nuire.
Sin m'a encore sauvé et j'ai enfin compris ce qu'il était réellement.
La vie continue de couler en moi, vorace.

Sin...
Je ne peux m'empêcher de sourire.
Quel couple nous formons...
Deux volcans en fusion...
La passion dévorante et pourtant... Au delà de ça, bien plus...
Comment cela est-il possible ?
Je pensais que l'ennui finirait par me tuer...
Et puis...
C'est drôle, encore une fois, elle me réserve une surprise et voilà que je sombre devant une créature sauvage, hors de contrôle...
Je me demande encore à présent comment il a pu s'enticher de moi.
Il connait mon âme... Il aurait du fuir...

Je regarde une nouvelle fois le chaos autour de moi.
Tout s'embrase. Le ciel est vivant.
J'aime ce temps, comme j'aime un paradoxe.
Mon époux... Mon autre...
Nous aurions pu être du même sang lui et moi...
Même si je refoule ce qu'il n'hésite pas à exprimer.
Il n'y a que peu de bon en moi...
Et pourtant...

Je me pose des milliers de questions, comme toujours.
Je regarde autour de moi.
Je peux sentir l'ouragan approcher.
Déchaîner les éléments, je l'ai si souvent fais...
J'ai placé mes pions.
Mon souffle leur a donné la vie.
Et à présent, je les regarde évoluer.
Le libre arbitre...

L'humanité...
Dire que ce mot n'existait pas de mon temps...
Ces êtres qui se battent et qui espèrent...
Je trouve cela touchant...
Et agaçant...

Je dois taire la bête qui sommeille en moi, bien qu'elle s'amuse énormément ces derniers temps.
Les monstres n'ont pas forcément un visage ingrat...
Ce monde change...
Il y a quelque chose qui travaille à sa perte... Et cette chose, je la connais... Nous l'avons libérée
Encore une fois, je prends place et j'observe.

Je ressens, oui...
Je ressens tellement !

[...]

Thorondor regardait sa maîtresse. Kath dans ses bras, il savait quand cela n'allait pas.
Il se faisait du soucis.
Il pouvait voir ce que très peu pouvaient percevoir, parfois, lorsqu'elle reprenait sa forme originelle.
Il avait toujours été fasciné par ses immenses ailes.
Lorsque les étoiles naissaient et disparaissaient, il pouvait lui aussi le ressentir.
Pourquoi cacher quelque chose d'aussi magnifique ?
Il continuer à se poser la question, bien que depuis le temps, il avait sa petite idée.
Quelle bêtise avait-elle encore faite ?
Il sourit.
Elle avait toujours été impossible, même enfant.
Il la revit courir vers lui, riant, radieuse, ayant fait un tour de cochon à l'un de ses frères.
A présent, il était le seul à pouvoir encore la regarder. Les siens avaient eux aussi disparus de la surface de ce monde.
Kath s'était endormie.
Il alla la poser dans le lit.
Comme elle lui ressemblait...
Il se tourna et regarda les garçons.
Eux étaient plus le portrait de son époux.
Trois petits diables, pourtant tous différents, il le savait.
Encore une fois, il sourit.
C'était un tel miracle de voir de si petits êtres en ces murs ancestraux !
Avaient-ils finis de payer ?
La veille, elle était venue le voir. Elle lui avait raconté. Il avait longuement caressé ses longs cheveux de neige. Il était resté silencieux, la laissant s'exprimer à son aise.
Et puis elle s'était endormie, la tête sur ses genoux, sa robe blanche se perdant sur le grand tapis de la chambre.
Doucement, il l'avait portée dans son lit, puis comme si souvent, il l'avait bordée, pensif.
Il était resté là un long moment, à veiller sur son sommeil, puis s'était retiré, voyant que tout allait bien.
Certains pensent que les dieux sont intouchables, nichés dans leur tour inaccessible à s'amuser au dépend d'autrui...
Personne n'imaginait à quel point ils étaient fragiles et vulnérables.
Il suffisait d'une seule chose, une seule...

Au petit matin, lorsqu'il était venu lui apporter son petit déjeuner, elle n'était plus là.
Dans la pièce, il sentait encore son parfum.
Au sol, des traces lumineuses.
Elle avait ouvert le vortex cette nuit.
Encore une fois, elle l'avait quitté.
Il soupira.
Il savait qu'il n'y avait pas d'espoir.
Un bruit de pas se fit entendre derrière lui : une petite fille le fixait de ses immenses yeux rubis. Ses boucles blanches entouraient son visage aux traits fins. Marchant maladroitement, elle vint s'accrocher à sa jambe.
Il savait qu'encore une fois, il serait pris au piège.
Et pourtant, il sourit...
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Souvenirs...
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L'espace d'une seconde, une odeur étrange envahit la pièce.
Puis la réalité vacilla.
Au milieu de la pièce, quelque chose se déchira.
Des flux d'énergie firent vibrer les meubles.
Le vortex se matérialisa et elle fut vomit par ce trou béant, tombant sur ses jambes fléchies, les mains au sol, ses longs cheveux embrassant les dalles froides de l'immense salle.

Comme si de rien n'était, elle se releva tel un félin, puis un pas après l'autre, elle se dirigea vers les escaliers qui menaient à l'étage.
D'un geste nonchalant de la main, elle remit ses mèches folles en place, ne prêtant attention ni aux esclaves, ni aux serviteurs qui s’affairaient dans le manoir.

Pourtant, certains regards se posaient sur elle, intrigués.
Dans les alcôves, des chuchotements et des bruissements de tissus brisaient le silence des lieux.
La maîtresse était rentrée bien plus tôt que prévu et les murs s'emplirent d'inquiétude.

Le bruit de ses bottes de cuir sombre claquait à chaque coup de talon sur le marbre d'obsidienne qui recouvrait le sol de ce long couloir.
Son visage était totalement fermé.
Seul son regard en disait long et cela ne présageait rien de bon.

Elle murmura et la lourde porte ciselée de sa chambre s'ouvrit avec fracas.
Elle entra et cette dernière se referma avec la même violence.
Dans le couloir, des pas rapides se firent entendre.
Un homme de taille massive et à la beauté troublante arriva.
Il prit une longue inspiration, puis pénétra dans la pièce après avoir frappé.

Ses yeux violets étaient habitués à la pénombre.
Il la vît. Mais jamais son sourire ne franchît la limite de son esprit.
Il profita de la seconde où elle était encore le dos à lui, perchée sur le balcon qui dominait la cité, pour l'observer.
Il admirait cette chevelure sauvage que le vent féroce s'amusait à rendre indomptable.
Il sentit ce parfum qu'il était impossible d'oublier, même lorsqu'elle partait durant des jours.
Son attention se posa sur ses mains, fines et fortes à la fois, jointes au creux de ses reins nus.

Il perçut les mouvements de son armure.
Longtemps, lorsqu'il était enfant, il s'était demandé de quoi elle était faite. Et puis, avec le temps, il avait oublié.
Au fond, cela n'avait pas d'importance, tant qu'il la voyait sur la peau de celle à qui il avait juré fidélité.
Des souvenirs revinrent.
Des affrontements dont il ressentait encore la morsure.
La sueur, le bruit du métal , les feintes, les petites traîtrises dont elle usait pour le bluffer alors qu'elle lui enseignait les rudiments du combat.
Ce qu'il savait, il le lui devait. Mais pas seulement...
Il y avait bien plus...

Il se racla la gorge, un genou posé au sol, la main sur la garde de son épée, la tête à présent baissée, respectueux devant son Général.
Elle se retourna et s'attarda un instant sur le jeune homme.
Un long moment de silence suivit ce simple mouvement.
Elle le regardait... Profondément... Comme elle savait si bien le faire.
Elle se sentît terriblement vieille d'un coup.
Comme si le poids de toutes ces années pesait lourdement sur ces épaules.
Elle aimait ses hommes. Elle en avait entraîné plusieurs d'entre eux : les plus prometteurs.
Combien devait-elle en sacrifier ?

Une ombre voila un instant son regard sanglant.
Son cœur se serra une seconde, puis elle se reprit.
Il y avait des moments où il fallait être dure, oublier tout sentiment.
Tel était le prix à payer lorsque tant de responsabilités reposaient sur ses épaules.
Sa voix s'éleva, se répercutant sur les murs de sa chambre. Ses ordres tombèrent les uns après les autres, comme des lames tranchantes.
Au fur et à mesure qu'elle parlait, elle voyait le visage de son Commandant changer perceptiblement.
Elle pouvait lire en lui comme dans un livre ouvert.
Pourtant, elle savait qu'il ne discuterait pas ce qu'elle venait de lui demander.

Depuis son départ et la mort prématurée de l'Impératrice, Wilparell avait sombré dans les méandres malsaines d'une noblesse qui se dévorait le pouvoir dans le sang de son peuple.
Jusque là, elle n'avait pas réagit, préférant laisser les loups s'entretuer entre eux, mais dernièrement, quelque chose était arrivé et il était à présent hors de question qu'elle reste neutre.


<---->

Ad patres...

Des centaines de chandelles étaient allumées dans la chapelle du temple de Chauntéa.
Dans une pièce, deux corps reposaient dans des cercueils anciens, ouvragés.
Le silence régnait en ces lieux.

Des bouquets de roses noires embaumaient. Les préférées de sa mère...

La jeune femme qui priait dans la pièce ressemblait trait pour trait à la femme qui se trouvait dans le premier cercueil.
Pour un néophyte, on aurait dit deux sœurs.
Or... Ce n'était pas le cas.

Kathryna, était encore une très jeune femme. Une Dree de sang mêlé. Mais pas n'importe quel sang...
Car celui qui coulait dans ses veines était le fruit d'une expérience qui avait échappé à ses maîtres.
C'était drôle, le destin avait fini par redonner à cette race éteinte ses lettres de noblesse.

Si Zolkar avait réfléchi à cela, il se serait approprié son corps et celui de ses frères.
Car, si ces parents n'étaient plus, la descendance était à présent assurée.
Et l'héritage qu'ils leur avaient laissé était peu quantifiable.
D'ailleurs, à ce moment là, Kath ignorait complètement ce qui l'attendait.
Plongée dans son chagrin et dans sa dévotion pour la Grande Mère, elle n'avait pas fermée l’œil depuis trois jours.

Depuis son retour dans sa cité natale, tout était allé tellement vite !
D'abord cet étrange homme qui l'avait abordé, cherchant à lui extorqué des information sur Iree, ensuite, sa rencontre avec Ombre, le mariage de Khaël et Elghin, cet individu à l'aura peu engageante qui l'avait abordé et puis...
Hier, devant le manoir, elle avait fait la connaissance de son parrain. Sa seule famille avec ses frères...
Il avait promis de la protéger et de venger la mort de ses parents.

Et Charibe... Elle n'avait pas revue sa nounou protectrice depuis ces évènements tragiques.

L'image de l'orchidée noire qui entachait la chair de sa mère lui revint en mémoire.
L'assassin savait ce qu'il faisait. Il l'avait signé. Sûr de lui... Ou d'elle...
Elle ne cessait de repenser à cela.
Qui pouvait aussi bien connaître les siens pour savoir comment détruire ce qui n'aurait du l'être ?

Elle se rappela soudain d'une entrevue de sa mère avec un de ses lieutenants, à Wilparell.
Le visage soucieux d'Iree... Elle avait senti comme une fêlure à cet instant. Et pourtant, sa mère s'était contentée de lui sourire doucement lorsqu'elle lui avait posé la question.
Ses mots étaient rassurants...
Mais elle savait bien ce qu'elle avait ressenti !

Se pouvait-il que cela vienne de la cité ?
Qui ?
Qui en voulait à sa mère ?
Qui avait engagé son meurtrier ?
Et pourquoi ?

Quelque chose fit vaciller les chandelles.
Elle sortit de ses pensées.
Il y avait quelqu'un dans la pièce... Elle pouvait sentir ce parfum n'importe où...
Une main douce se posa sur son épaule...
Elle la fixa, le regard brillant.
Puis se releva et se jeta dans les bras du jeune homme qui lui faisait face.

- Corwin ! Oh ! Corwin ! Tu es enfin là ! Mon frère !

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Résurection...
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Bientôt... Très bientôt...

Le voile se soulève.

Est-ce un rêve ?

Non !

Ses pas félins effleurent à peine les pavés de la cité où des années avant, son corps fut inumé.

Est-ce possible ?

Il semble que oui.

Pourquoi ?

Son regard de feu se balance au gré de sa curiosité, sa mémoire revenant lentement à la vie.

Une nuée d'images violentes viennent frapper son cerveau tout frais. Brûlure des souvenirs de naguère. Certains que l'on voudrait oublier.

Des paillettes d'or se mettent à danser dans ses prunelles.

Son visage est indemne.

Mais elle semble si lointaine, presque nonchalante.

Son corps se déhanche l'air de rien. Tout en elle attire le désir sauvage.

Son parfum se répend, fleur du mal...

Elle est de retour.

Et à nouveau, elle s’ennuie...
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Message par Anamorphose »

Chaleur...

Le même visage...
Si semblables...
Et pourtant si différentes...

Iree regardait sa fille, comme une mère peut contempler son enfant.
Elle était fière, oui, mais pas que ça.
Kath...

Elle tendit sa main à travers le nexus, ses doigts frôlant sa joue.

- Ah... Avant que j'oublie... Tu as le bonjour d'un vieil ami...
- Qui ?
- Orn ![/font]

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Les Yeux De Bette Davis

Ses cheveux sont d'un doré Harlow, ses lèvres de douces surprises
Ses mains ne sont jamais froides, elle a les yeux de Bette Davis

Elle fera jouer de la musique, tu n'auras pas à y penser deux fois
Elle est aussi pure que la neige de New York, elle a les yeux de Bette Davis

Et elle va te tourmenter, te mettre mal à l'aise
Tout ça rien que pour te plaire
Elle est précautionneuse, et elle sait juste
Ce que ça prend pour faire rougir un pro
Elle a les soupirs de Greta Garbo, elle a les yeux de Bette Davis

Elle te laissera la ramener chez elle, ça lui ouvre l'appétit
Elle t'asseoira sur le thrône, elle a les yeux de Bette Davis

Elle te fera culbuter, rouler comme si tu étais un dé
Jusqu'à ce que tu en ressortes bleu, elle a les yeux de Bette Davis

Elle t'exposera, quand elle neigera sur toi
Espérant que tu te satisfasse des miettes qu'elle te laisse
Elle est féroce et elle sait ce que
Ça prend pour faire rougir un pro
Tous les mecs pensent que c'est une espionne, elle a les yeux de Bette Davis

Et elle va te tourmenter, te mettre mal à l'aise
Tout ça rien que pour te plaire
Elle est précautionneuse, et elle sait juste
Ce que ça prend pour faire rougir un pro
Tous les mecs pensent que c'est une espionne, elle a les yeux de Bette Davis

Et elle va te tourmenter,
Te mettre mal à l'aise
Rien que pour te plaire, elle a les yeux de Bette Davis

Elle t'exposera,
Quand elle neigera sur toi

Elle neigera sur toi, elle a les yeux de Bette Davis
Et elle te tourmentera...
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Elle était revenue...
Mais elle avait abandonné sa traîne derrière elle.
Et en foulant ce sol, elle revenait à cette vie de bohème qu'elle avait tant chérie.

Mais voilà...
Encore une fois, au creux de l’ennuie le plus mortel, la vie revenait lui faire un pied de nez.
Et encore une fois, elle dévorerait.

Bien sur, elle avait goûté la chair du jeune garde qu'elle avait coincé dans une ruelle.
Sentir le corps en peine, demandant à abréger ce désir charnel, le regard implorant, la chair à fleur de peau.
Oh, combien il était délicieux de savourer cela, ici, au risque qu'un passant surgisse, surprenant l'instant critique.
Au fond, n'était-ce pas cela le plus amusant ?
Bien au delà de prendre en bouche une quelconque part...

Elle l'avait laissé, repue... Du moins pour ce moment là...
Car la faim la dévorait toujours.

Et c'est en marchant, guillerette, le nez au vent, mais toujours impériale, qu'ils s'étaient croisés.
Ah... Ce moment là... Il avait ce petit quelque chose... Cette électricité latente.
Un sourire avait suffit.
Ils n'auraient même pas eu besoin des formules de politesse qu'elle sentait déjà le doux parfum de l'orage.
Presque de suite, le contact charnel avait été établis, mais c'était subtil.
Et très vite, l'alchimie...
Parce que parfois, il y a des évidences.

Un vieil ami...
Des connaissances...
Au fil des conversations, entrecoupées de la moiteur de leurs corps, il y avait des rires, de la complicité, un peu de sérieux aussi.
Ils avaient un vécu, pas vraiment très calme il faut dire.
Elle, une vie n'aurait pas suffit à rapporter ses tribulations.
Lui, il pouvait s’enorgueillir d'un passé aussi peu sage.
De franchise en révélations, le lien...
Du lien, un respect...
Et des choses que même les mots ne peuvent refléter.

Et puis, il avait fait un pas de plus.
Et même si cela signifiait de dépasser la souffrance et d'oser, il avait pris ce risque.
Elle lui avait révélé bien des choses.
Il savait à qui il avait à faire.
Certains anges ont les ailes noires.
Mais peut-on encore les voir comme des anges ?

La journée avait été intéressante.
D'abord dans ce petit coin sombre.
Ensuite, devant le regard d'un pauvre soulard.
Et puis en bas, dans la cave, cognant le mur froid.
Ils auraient pu continuer encore et encore.

Quelque chose de plus était arrivé ce soir là.
Ils le savaient, ils le sentaient.
Toujours cette alchimie.
Ce jumeau démoniaque.
L'autre.
Et, le regardant dormir, enveloppée de ses bras, Iree...

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Juste un détail...

Elle n'avait pas pu fermer l’œil.
Dans la pénombre, elle regardait son visage.
Juste un détail...

Elle se leva en silence, faisant attention à ne pas le réveiller.
Ses pas glissaient sur le sol glacial de leur demeure. Chacun d'eux lui arrachaient un lambeau de douleur.
Le moment entre la chambre et les escaliers lui parut un désert de solitude.
Encore une fois, elle se tourna, fixant le lit.
Puis elle activa le vortex, son corps aspiré loin d'ici.

...

Ses pas laissaient des traces dans le sable rouge, sa robe immaculée mourant derrière elle, aérienne dans sa trame de ses fils soyeux.
Elle n'était plus revenue ici depuis des lustres.
Elle observa le ciel étoilé. Elle ferma ses yeux et pendant un instant, elle cru sentir ses bras se refermer autour d'elle.
"Tu me manques..."

Il y avait toujours les bancs de pierres, mais le temps avait fait son office.
Elle s'assit sur l'un d'eux, croisant ses mains sur ses genoux.
Il ne fallu pas longtemps pour qu'elle sente sa présence.

Une main douce se posa sur son épaule, puis son parfum, si semblable au sien, vint lui chatouiller le nez.
Elles n'avaient pas réellement besoin des mots pour se parler.

Kathryna avait senti le bouleversement, comme tous ces enfants et petits enfants.
Mais elle était la première à être là, comme toujours.
A les voir côte à côte, on aurait dit deux jumelles tant la ressemblance était frappante.

Elles se regardèrent, comme une mère et une fille peuvent le faire lorsque les paroles n'ont plus leur place.
Et pour une fois, ce fut Kath qui prit sa mère dans ses bras.

*Je n'ai pas envie de te perdre maman*

*Je sais*

*Je t'aime*

*Je suis tellement fière de toi Kath. Tellement...*

Kath posa son regard bienveillant sur sa mère.
Sa voix douce et chaleureuse résonna dans le désert des ombres alors qu'elle posait ses lèvres sur le front de sa maman.

- Je suis là maman... Et bientôt, nous serons tous autour de toi... Je sens déjà Vincento... Il sera avec nous d'ici quelques instants.

- Je suis si fatiguée Kath... Si fatiguée...

- Je sais... Nous le savons tous... Tu veux que nous en parlions ?

- Où me suis-je trompée ?

- Tu ne t'ai pas trompée maman... C'est simplement que le monde est ainsi... Je sais ce que cela fait... Il m'a fallu trente ans pour revenir moi...

- Je suis allée sur sa tombe avant de venir ici. Et je me suis demandée pourquoi je devais respirer encore, pourquoi la mort ne m'a pas laissée en paix, à ses côtés. Et j'ai eu envie qu'il soit encore là, oui, j'en ai eu terriblement envie, alors même que je suis si éprise d'un autre.

- Orn t'aime maman. Il n'a en aucun cas souhaité te faire du mal. Il n'a pas songé que cela pourrait te toucher. Les hommes pensent de façon simple. Tu leur dis quelque chose et il ne vont pas chercher plus loin, c'est tout. C'est comme ça. L'humanité est ainsi faite.

- Qu'est-ce que j'ai raté Kath ? *Elle fixa sa fille*

- Rien. Tu es juste amoureuse. Et en amour, rien n'est rationnel et rien n'est aussi précieux que d'être la seule étoile dans le firmament. Je sais que tu aimes briller haut dans le ciel, mais voilà, des étoiles, il y en a une infinité, toutes avec leur charme étincelant. *Elle sourit tendrement*

- Je brille si peu ce soir, ma chérie... Je ne cesse de sentir cette brûlure dans mon cœur... Et le poids des années... Il me semble, en cet instant, que la terre va m'engloutir et au final... J'aurai enfin la paix. Je n'en peux plus de vivre. Je n'en peux plus des jeux, du pouvoir, de cet éternel recommencement. J'ai vu tant de choses dont ce monde n'a même pas idée. Et maintenant, je trace une dernière ligne. J'ai déjà tant de chance d'avoir pu vivre tout cela. Mais derrière le masque de mon sourire, il y a ce vide qui ne fait que se creuser d'avantage.

- Tu es juste malheureuse maman. Je regrette juste que cela ait précipité ta décision de nous quitter. Le processus est vraiment irréversible ?

- Oui et puis j'ai fais mon choix. Et même sans cela, j'aurai mis un terme à mon voyage. C'est à vous de continuer l'histoire, ma chérie. Tu sais, il avait une façon unique de me surprendre. Il a été le seul à ne jamais avoir besoin d'une autre. Nous n'y pensions même pas. Et tu vois, ça, ça me manque terriblement.

- Pourquoi ne pas dire simplement à Orn que tu ne veux plus qu'il joue dans ce domaine.

- Ma chérie... De quel droit devrais-je le priver de cela ? C'est lorsqu'on commence à brider un être qu'il vous échappe. Et je n'ai pas envie de le perdre. Alors autant me mettre de côté et le laisser faire ce qu'il veut. Au moins, tant que je souffre, c'est qu'il me reste encore un peu d'humanité. Et ce n'est pas comme si j'étais une gentille fille. Je me suis perdue si souvent dans des paradis artificiels, dans une luxure qui, au final, ne m'apporte plus vraiment rien. Il a encore tout à vivre. Moi j'ai déjà tout vécu.

- Je sais ce que l'on peut sacrifier par amour. Mais je te le redis, Orn t'aime et il serait triste de te voir ainsi. Il n'a jamais voulu te blesser. Tout cela n'était qu'un jeu sans conséquence pour lui.

- Une part de moi en a conscience, celle de la raison. Et puis, je suis responsable de la méprise. J'espérais juste bêtement qu'il n'avait pas besoin de ces jeux là sans moi, c'est tout et c'est cela qui me fait le plus mal.

- Et la jalousie un peu aussi non ?

- Si je tenais celui qui a crée ce sentiment là, je lui tordrais le cou, ça oui ! Je déteste être jalouse, mais c'est plus fort que moi. Je vois rouge.

- Ta jalousie est naturelle. Et puis cela montre que tes liens sont forts. Il serait plus inquiétant pour lui que cela t’indiffère.

- Bien plus inquiétant, en effet... Il me faut simplement un peu de temps pour avaler cette histoire là.

- Au moins, tu n'as rien cassé.

- Disons que je me suis fait violence pour ne pas détruire quelque chose, oui. Mais cela m'a demandé un effort considérable.

- Je sais. Le palais à tremblé à plusieurs reprises. Je crois même qu'il va falloir faire colmater des fissures.

- Il fallait que je reporte ma colère quelque part et mieux valait ces vieux murs solides qu'un endroit fragile.

- Ça va mieux à présent ?

- Cela ira mieux dans quelques temps. C'est encore trop frais pour que j'ai un regard lointain sur tout cela. Et j'ai encore trop envie de taper dans quelque chose.

Kathryna serra un peu plus sa mère dans ses bras.

Son regard se releva vers un visage familier.
Un sourire doux vint enlunir ses lèvres.
Une pensée vive traversa son esprit en regardant le géant à la peau bleue et au regard rouge qui la fixait.

*Comme tu ressembles à notre père...*

Vincento rendit un sourire carnassier à sa sœur, avant de regarder sa mère.

- Qui dois-je tuer pour que tu me souris maman !

Iree posa son regard à présent gris sur son fils, ne pouvant s'empêcher de lui sourire malgré sa tristesse.

- J'aurai bien quelques noms à te donner mon chéri, mais je doute qu'ils apprécient.

- Dis-moi toujours. Je me sens d'humeur à massacrer joyeusement quelques dissidents à notre maison.

Elle fixa son fils attentivement.
Combien de temps ne c'étaient-ils pas revu ?
Cela lui sembla si lointain...

- Alors ! On parle de trucider du rebelle sans moi !

Kraine venait de surgir de derrière une dune.
Si ce n'avait été la différence de leurs armures, nul n'aurait pu dire lequel de ses deux fils était Kraine ou Vincento.

Une bouffée d'amour emplit son coeur à la vision de ses trois enfants réunis en ce jour.
Il ne manquait plus que Corwin pour qu'ils soient tous ensemble.

Kath regarda sa mère.
Elle avait eu la même pensée, si ce n'est ce pincement de coeur en plus en songeant à son frère décédé.
Il était mort pour qu'elle puisse vivre, elle, et pas un jour ne passait sans qu'elle ne pense à lui.

Alors qu'elle songeait à cela, arrivèrent ses propres enfants, surgissant de la brume.
Les fils et filles de ses frères suivaient à l'arrière.
Tous avaient sentis le changement.

- Je crois que nous somme tous là maman.

Iree avait le regard perdu sur ses petits enfants.
Elle réalisait une fois de plus, le miracle accordé par la vie.
Ils représentaient, à eux tous, l'avenir de la maison impériale et la continuité du sang.

Elle ferma un instant les yeux, respirant profondément, souriant alors pour la première fois depuis sa blessure.

*Je suis certaine que tu les vois aussi...*

Kath posa un baiser sur la joue de sa mère.

*Je suis aussi certaine qu'il nous regarde... Oui...*

Iree prit sa fille dans ses bras et la serra tendrement.

- Il était si heureux quand il te mettait une épée entre les mains... Il n'avait pas une grande patience et voulait déjà que tu sois une petite guerrière accomplie alors que tu ne pouvais même pas soulever une lame ! Je sais maintenant qu'il serait si fier de toi... Ma si douce et si sage fille !

Elles rirent à ces souvenirs et ce rire là faisait un bien fou à Iree.

Kraine vint soulever sa mère soudainement, la faisant décoller du sol pour la serrer vivement et l'embrasser sur les deux joues avant de la reposer comme si elle ne pesait pas plus qu'une plume.

- Et bien ! Je me sens toute petite là, mon grand !

- C'est peut-être parce que tu es toute petite maman !

Puis il partit d'un rire tonitruant.

Vincento donna une grande tape dans le dos de son frère, souriant de tous ses crocs.

Oui, elle se sentait toute petite en cet instant, mais peut-être pas de la façon dont le voyait ses fils.
Elle chassa ses dernières pensées de son esprit.
Il était temps de parler des choses sérieuses.
Le conseil de famille était désormais ouvert.

Une seconde fois, elle regarda le ciel et sourit à une étoile.
Elle songea au temps qui guérit les blessures.
Ce temps qui lui était à présent compté.

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