[Shadow of the Demon Lord] Mémoires d'Hoel - Prologue
Publié : sam. nov. 10, 2018 12:58 pm
Extrait des mémoires du prêtre Hoel.
L'arrivée à Lacvue.
La journée avait été fatigante après toute cette route pour arriver au domaine de la comtesse Cassandra, bien qu’habitué aux longues marches par mon travail de patrouilleur. Travail que je dois à cette chère et au combien très belle Angela de Beaumont, une diplomate en exil qui est en train de se faire sa place à la cour. Elle m’avait trouvé ce travail après je l’ai aidé à retrouver un bijou très précieux à ses yeux, perdu au fond d’un lac … Elle doit énormément y tenir, car elle m’a annoncé que ce geste n’effacerai en rien la dette qu’elle a envers moi. Mais je digresse. La journée avait été longue donc, et Angela m’avait fait introduire à la cour en tant que serviteur où je pourrai avoir davantage l’occasion de trouver un moyen d’obtenir une formation dans les ordres, la cour étant, selon ses dires, pleines d’opportunités … Je la crois.
Mais elle est aussi pleine de déconvenues. A mon arrivé je fus regroupé dans une pièce avec 3 autres serviteurs, un nain bien poilu répondant au nom de Lacgrim, un vieil homme du nom de Leonard encore bien vif pour son âge et enfin un satyre, –en l’occurrence un être mi-homme mi-bouc à la langue un peu trop bien pendu et flanqué d’une jeune naine dont je ne sais si elle est son chaperon ou son serviteur … mais qui l’apostrophait en usant le nom d’Escaris. Et elle était là, se tenant bien droite en face de nous, Pétunia de son prénom mais c'était bien la seule chose de doux en elle. Le col serré autant que possible, la mise de gouvernante impeccable et derrière ses lunettes un œil dur et réprobateur qui se posa à tour de rôle sur chacun de nous. Elle cracha son mépris, particulièrement lorsqu’elle inspecta les non-humains parmi nous et la biquette, pardon ce très cher Escaris, fut apparemment quelque peu piqué au vif lorsque ce fut son tour. La situation aurait pu dégénérer si la jeune Sarah, princesse et sœur cadette de la comtesse, n’était pas intervenue et réduisit au silence cette diablesse de gouvernante.
Après avoir posé nos quelques affaires dans notre dortoir la soirée commençait et nous étions affamés, aussi nous nous dirigeâmes vers les cuisines où nous fîmes la connaissance de Roberta. Roberta, la cuisinière aussi généreuse que ses miches après 18 enfants … elle nous remplit la panse jusqu’à la faire presque exploser. Entre la fatigue de la journée et la digestion, nous allons bien dormir cette nuit, ou pas …
Notre ami nain dormi comme un bébé cette nuit-là, mes deux autres compagnons eurent la nuit un peu agité par de mauvais rêves et quant à moi … Pour moi ces rêves étaient très vivaces et c’était regrettable car je voyais une vraie scène de massacre, sang gorgeant le sol, tripes à l’air et tout ce qui va bien. Au milieu de ce charnier se tenait un groupe d’homme fixant le cadavre d’un bébé fraîchement massacré, l’un d’eux dit quelque chose comme « Dommage, ce n’était pas le bon, mais nos savoirs peuvent toujours vous être utiles … » et un autre rajouta « Trouvez le bon pour cette génération ! ». Sur ces belles paroles, je réussi à sortir de ma torpeur en poussant un superbe hurlement. J’étais terrorisé, le nain se demandait quel était la cause de tout se raffut et si on pouvait se rendormir et les deux autres évoquèrent quelques ressemblances entre mon rêve et les vieilles légendes. Les vieilles légendes … celles qui parlent de l’enfant qui viendra à bout du seigneur démon …
Ne trouvant plus le sommeil, je décidai de me passer un coup d’eau sur la figure et d’aller marcher un peu. Mes pas me menèrent dans les jardins où j’errais sans but, quand une main se posa sur mon épaule. Je me figeai puis me retourna, puis me figea à nouveau. La comtesse ! Elle m’interrogea sur les raisons de ma présence ici et lui répondis que je cherchais à me changer les idées après une fort mauvaise nuit. Elle me fit comprendre que je n’étais pas le seul à avoir ce genre de cauchemar, que sa sœur y était elle aussi sujette par exemple puis elle se ressaisi et me rappela vertement qu’il y a un couvre-feu en vigueur. Elle partit en direction de ses quartiers alors que je me confondais en excuses … Quelle nuit ! Je décidai de me trouver un petit coin tranquille dans les jardins pour me calmer après toutes ces émotions quand j’entendis des bribes de conversations entre deux hommes. Le ton était celui du complot, aussi je me fis aussi discret que possible et tendis l’oreille. Ce que j’entendis fini d’achever ma journée : ces deux hommes étaient deux gardes, ourdissant un complot avec d’autres dont le capitaine, Roberta, Pétunia … et avaient pour projet de faire goûter prochainement aux nouveaux venus, c’est-à-dire nous quatre, du vin contenant du sang d’elfe. Je ne connaissais pas alors les effets de ce sang d’elfe, mais cela ne présageait rien de bon …
Dès que les gardes eurent fini leur discussion et aient vidé les lieux, je me dirigeai vers la fenêtre d’Angela en me disant « au diable les convenances, la situation est urgente ». En bas de sa fenêtre, j’y lançai un 1er gravier. Raté. Un deuxième, je failli glisser et viser celle d’à côté mais la Fortune me sourit et je parvins à rectifier mon geste in-extremis. La magnifique Angela ouvrit sa fenêtre en robe de nuit. « Qu’est-ce donc ? » demanda-t-elle. Je m’attendais à une réaction un peu plus outré … « C’est moi, Hoel, mes plus plates excuses pour vous déranger au milieu de la nuit mais il faut absolument que l’on parle, c’est urgent. » Et sur ces mot, elle lança un regard à droite, un à gauche, puis enjamba la fenêtre et escalada le lierre jusqu’en bas avec une certaine maîtrise … Tout en admirant la vue, je me dis que ce n’était pas la première fois qu’elle pratiquait ce genre d’exercice … Et je lui racontai la discussion des deux gardes. Une étincelle brilla dans ses yeux, et me suggéra d’aller trouver mes amis et d’enquêter plus en détail avec eux, car ce sang d’elfe avait deux effets principaux : d’abord offrir une grande béatitude puis une grande sensation de manque. Tous les consommateurs se retrouveraient alors à leur merci pour avoir leur dose. Nous allons avoir besoin de preuves et d’en savoir plus, et si nous réussissons nous seront ici tous gagnant – comprendre que nous quatre pourrions avoir une promotion et elle pourrait asseoir sa position et obtenir quelques faveurs. Je retournai dans mes quartiers alors qu’Angela remonta par le lierre dans ses quartiers avec une grâce qui me faisait remettre en question mes envies de devenir prêtre et ce que cela impliquait, mais je m’égare. Je réveillai les autres pour les informer et leur dire de se préparer à une journée chargé, puis me mit au lit en priant pour que cette maudite journée se termine enfin.
Je me réveillai le lendemain matin en me demandant si cette journée arriverait à être pire que la précédente, et elle en prenait le bon chemin car déjà la jeune naine avait commencé à chaperonner Escaris en le sortant du lit à coup de louche en fer. Se faire réveiller de la sorte n’est déjà pas agréable en soit, ça l’est encore moins lorsque l’on est une faë et que comme toute ces dernières on ne supporte pas le contact du fer … Et nous n’avions même pas eu le temps de nous habiller que déjà la gouvernante débarquait tel un ouragan dans notre dortoir en nous beuglant l’ordre du jour : mettre de l’ordre dans la bibliothèque ainsi que dans les quartiers de Dame Sarah, aider en cuisine, entretenir les jardins et aider à l’armurerie … Rien que ça ? Elle veut notre mort ? Nous nous répartîmes les tâches d’un air entendu afin que chacun puisse fouiner dans son coin au mieux de ses compétences. La biquette à la bibliothèque, le nain à l’armurerie, le vieillard dans les quartiers de la jeune Dame (quel vieux pervers ! Elle n’a que 14 ans !) et moi en cuisine. Nous finirons ensuite tous ensemble dans les jardins.
A mon arrivé en cuisine, Roberta était toujours aussi énergique et chaleureuse qu’à l’accoutumé, et je faisais mine de l’être également tout en étant méfiant vis-à-vis d’elle et de mon environnement. Après tout j’étais en territoire hostile. Elle me dit qu’il y avait une soirée entre noble ce soir et qu’il fallait finir les préparatifs, ainsi que préparer une petite contre-soirée pour les serviteurs. Je commençais alors par une bonne session de tartinage de terrine … parfum sang d’elfe ! Ça commence bien, va y avoir une tournée générale ce soir … puis je dû monter le vin pour les nobles et à la fin une bouteille pour la jeune princesse Sarah. Là j’eu des sueurs froides, vérifia sa bouteille et confirma qu’elle sentait bien elle aussi le sang d’elfe. Roberta était occupé de son côté, aussi j’en profitais pour échanger le contenu de cette bouteille avec la première piquette qui m’était passé sous la main. Je dissimulai sur moi la bouteille de sang d’elfe et une fois mes corvées de commis terminé je me dirigeai vers les jardins. Nous échangeâmes nos infos tout en taillant plus ou moins correctement la haie … A hauteur de nain c’était nickel ! Il ne fallait juste pas trop lever les yeux … Notre biquette avait trouvé un registre avec des noms et des livraisons par individu, le nain une fiole de sang dans les affaires d’un sergent et le vieillard avait trouvé une robe de la princesse … (ça aurait pu être pire …) et nous dit aussi que ses draps étaient « humides » et que ce n’était pas de l’urine. Mon dieu, ce vieillard est vraiment un pervers fini ! Il a même vérifié ça … Bientôt, bientôt je pourrais lui faire faire pénitence.
Puis je me mis en quête d’Angela, que je trouvai dans un couloir en compagnie de plusieurs nobliaux essayant vainement de gagner ses faveurs –qu’elle n’a encore accordé à personne- et lui demanda au mieux de cette noble assemblée si l’on pourrait se voir plus tard, pour le travail. Elle me donna rendez-vous ainsi qu’à mes amis dans son bureau, ce qui me valut des regards meurtriers. Ah quelle belle journée, je ne sais pas ce qui va me tuer en premier. Une fois réuni dans son bureau, nous lui exposâmes nos découvertes et elle blêmi en apprenant que la jeune princesse Sarah est également visé. Nous lui livrâmes le sang et le registre, et elle nous conseilla d’aller maintenant trouver le Comte en nous expliquant qu’en tant que seigneur elfe –il a fait un mariage politique avec la comtesse et il est certain que ces deux-là n’auront jamais d’héritiers- il s’ennuie ferme et adore autant l’art que les distractions … Gageons qu’un jeu d’enquête saura le divertir. Au passage il est bon de préciser qu’il était heureux pour nous que le comte et la comtesse soit tout deux hors de soupçon. Le comte ne ferait rien qui mette en péril l’alliance entre notre comté humain et son royaume des faes, quant à la comtesse elle tient bien trop à sa sœur cadette, au point d’épouser à sa place un seigneur d’elfe qu’elle ne peut pas encadrer. Leonard souleva un dernier point : vu que la princesse Sarah semble être la principale cible de la soirée, il serait plus prudent de s'assurer de sa sécurité, en la remplaçant par une doublure par exemple ... Angela fut entièrement d'accord avec cela et demanda à notre ami s'il voulait bien prendre sa place et identité ... oui nous apprîmes à ce moment là qu'il était un changelin, un métamorphe. Ce n'était donc pas simplement un vieux pervers ...
Nous avons laissé notre ami changelin avec Angela pour qu’ils discutent des derniers détails les concernant et sommes allé trouver le comte dans ses quartiers en train de peindre et lui avons proposé un jeu, ce qui a piqué son intérêt. Après l’avoir appâté, nous lui avons conseillé d’aller s’entretenir avec Angela pour plus d’information, ce qu’il a accepté avec enthousiasme. Tant qu’à faire d’être dans les appartements vide du comte, nous en avons profité pour fureter un peu … son coup de pinceau a encore matière à progression. Par contre sa réserve d’alcool est fort sympathique, voyez-vous, nous y avons trouvé une note qui disait : « pas plus de deux bouteilles par personnes ». Puis qui s’est ajusté en « sauf pour la biquette, une seule pour elle ». Là-dessus, la biquette a pris la note et s’est amusé à la secouer dans tous les sens en disant « et ça ? ça t’énerve ? hein dis ça t’énerve ? » Un cri de douleur et une main de biquette en sang plus tard, nous eûmes notre réponse … Oui ça a énervé le bout de papier … Il fut ranger bien gentiment dans son armoire avec ses bouteilles et nous avons vidé les lieux, croisant un peu plus tard le père excentrique de biquette. C’est le genre de mage qui se promène avec une cape qui traîne par terre sur plusieurs mètres avec écrit dessus « Veni, Vedi, Veci » et le dernier qui a fait un commentaire a eu des problèmes digestifs … Charmante famille.
Le soir arriva, la soirée se déroula … jusqu’à ce que le comte et seigneur elfe commence à expliquer calmement à son auditoire qu’il est un vétéran de la guerre et des intrigues de cour. Puis avec presque autant de calme, il a fait le ménage en faisant un bain de sang avec son épée d’os. Cela ne fit pas le bonheur de la comtesse qui n’était au courant de rien, aussi son cher et tendre époux lui expliqua brièvement la situation. Puis vint le moment d’interroger le seul et unique survivant du complot : le capitaine. Il fit le fier en prétendant qu’il resterait muet comme une tombe, une épée de la comtesse planté sous le genou plus tard, il se mit à table. Il s’avéra que le but de tout cela était une vengeance personnelle doublé d’une tentative de prendre le pouvoir, sans plus d’implication. Devenu inutile, le capitaine rejoignit les siens.
Nous fûmes récompensé pour nos services un peu plus tard dans une ambiance glaciale, où chacun eu droit à la formation de son choix aux frais de la couronne. Je vais enfin pouvoir devenir prêtre ! Et mon amie Angela gagne en influence ainsi qu’une reconsidération de la part de la couronne d’un traité qu’elle était venue négocier (sans espoir à la base). Les choses semblent s’arranger pour nous ! C’en est presque inquiétant …
L'arrivée à Lacvue.
La journée avait été fatigante après toute cette route pour arriver au domaine de la comtesse Cassandra, bien qu’habitué aux longues marches par mon travail de patrouilleur. Travail que je dois à cette chère et au combien très belle Angela de Beaumont, une diplomate en exil qui est en train de se faire sa place à la cour. Elle m’avait trouvé ce travail après je l’ai aidé à retrouver un bijou très précieux à ses yeux, perdu au fond d’un lac … Elle doit énormément y tenir, car elle m’a annoncé que ce geste n’effacerai en rien la dette qu’elle a envers moi. Mais je digresse. La journée avait été longue donc, et Angela m’avait fait introduire à la cour en tant que serviteur où je pourrai avoir davantage l’occasion de trouver un moyen d’obtenir une formation dans les ordres, la cour étant, selon ses dires, pleines d’opportunités … Je la crois.
Mais elle est aussi pleine de déconvenues. A mon arrivé je fus regroupé dans une pièce avec 3 autres serviteurs, un nain bien poilu répondant au nom de Lacgrim, un vieil homme du nom de Leonard encore bien vif pour son âge et enfin un satyre, –en l’occurrence un être mi-homme mi-bouc à la langue un peu trop bien pendu et flanqué d’une jeune naine dont je ne sais si elle est son chaperon ou son serviteur … mais qui l’apostrophait en usant le nom d’Escaris. Et elle était là, se tenant bien droite en face de nous, Pétunia de son prénom mais c'était bien la seule chose de doux en elle. Le col serré autant que possible, la mise de gouvernante impeccable et derrière ses lunettes un œil dur et réprobateur qui se posa à tour de rôle sur chacun de nous. Elle cracha son mépris, particulièrement lorsqu’elle inspecta les non-humains parmi nous et la biquette, pardon ce très cher Escaris, fut apparemment quelque peu piqué au vif lorsque ce fut son tour. La situation aurait pu dégénérer si la jeune Sarah, princesse et sœur cadette de la comtesse, n’était pas intervenue et réduisit au silence cette diablesse de gouvernante.
Après avoir posé nos quelques affaires dans notre dortoir la soirée commençait et nous étions affamés, aussi nous nous dirigeâmes vers les cuisines où nous fîmes la connaissance de Roberta. Roberta, la cuisinière aussi généreuse que ses miches après 18 enfants … elle nous remplit la panse jusqu’à la faire presque exploser. Entre la fatigue de la journée et la digestion, nous allons bien dormir cette nuit, ou pas …
Notre ami nain dormi comme un bébé cette nuit-là, mes deux autres compagnons eurent la nuit un peu agité par de mauvais rêves et quant à moi … Pour moi ces rêves étaient très vivaces et c’était regrettable car je voyais une vraie scène de massacre, sang gorgeant le sol, tripes à l’air et tout ce qui va bien. Au milieu de ce charnier se tenait un groupe d’homme fixant le cadavre d’un bébé fraîchement massacré, l’un d’eux dit quelque chose comme « Dommage, ce n’était pas le bon, mais nos savoirs peuvent toujours vous être utiles … » et un autre rajouta « Trouvez le bon pour cette génération ! ». Sur ces belles paroles, je réussi à sortir de ma torpeur en poussant un superbe hurlement. J’étais terrorisé, le nain se demandait quel était la cause de tout se raffut et si on pouvait se rendormir et les deux autres évoquèrent quelques ressemblances entre mon rêve et les vieilles légendes. Les vieilles légendes … celles qui parlent de l’enfant qui viendra à bout du seigneur démon …
Ne trouvant plus le sommeil, je décidai de me passer un coup d’eau sur la figure et d’aller marcher un peu. Mes pas me menèrent dans les jardins où j’errais sans but, quand une main se posa sur mon épaule. Je me figeai puis me retourna, puis me figea à nouveau. La comtesse ! Elle m’interrogea sur les raisons de ma présence ici et lui répondis que je cherchais à me changer les idées après une fort mauvaise nuit. Elle me fit comprendre que je n’étais pas le seul à avoir ce genre de cauchemar, que sa sœur y était elle aussi sujette par exemple puis elle se ressaisi et me rappela vertement qu’il y a un couvre-feu en vigueur. Elle partit en direction de ses quartiers alors que je me confondais en excuses … Quelle nuit ! Je décidai de me trouver un petit coin tranquille dans les jardins pour me calmer après toutes ces émotions quand j’entendis des bribes de conversations entre deux hommes. Le ton était celui du complot, aussi je me fis aussi discret que possible et tendis l’oreille. Ce que j’entendis fini d’achever ma journée : ces deux hommes étaient deux gardes, ourdissant un complot avec d’autres dont le capitaine, Roberta, Pétunia … et avaient pour projet de faire goûter prochainement aux nouveaux venus, c’est-à-dire nous quatre, du vin contenant du sang d’elfe. Je ne connaissais pas alors les effets de ce sang d’elfe, mais cela ne présageait rien de bon …
Dès que les gardes eurent fini leur discussion et aient vidé les lieux, je me dirigeai vers la fenêtre d’Angela en me disant « au diable les convenances, la situation est urgente ». En bas de sa fenêtre, j’y lançai un 1er gravier. Raté. Un deuxième, je failli glisser et viser celle d’à côté mais la Fortune me sourit et je parvins à rectifier mon geste in-extremis. La magnifique Angela ouvrit sa fenêtre en robe de nuit. « Qu’est-ce donc ? » demanda-t-elle. Je m’attendais à une réaction un peu plus outré … « C’est moi, Hoel, mes plus plates excuses pour vous déranger au milieu de la nuit mais il faut absolument que l’on parle, c’est urgent. » Et sur ces mot, elle lança un regard à droite, un à gauche, puis enjamba la fenêtre et escalada le lierre jusqu’en bas avec une certaine maîtrise … Tout en admirant la vue, je me dis que ce n’était pas la première fois qu’elle pratiquait ce genre d’exercice … Et je lui racontai la discussion des deux gardes. Une étincelle brilla dans ses yeux, et me suggéra d’aller trouver mes amis et d’enquêter plus en détail avec eux, car ce sang d’elfe avait deux effets principaux : d’abord offrir une grande béatitude puis une grande sensation de manque. Tous les consommateurs se retrouveraient alors à leur merci pour avoir leur dose. Nous allons avoir besoin de preuves et d’en savoir plus, et si nous réussissons nous seront ici tous gagnant – comprendre que nous quatre pourrions avoir une promotion et elle pourrait asseoir sa position et obtenir quelques faveurs. Je retournai dans mes quartiers alors qu’Angela remonta par le lierre dans ses quartiers avec une grâce qui me faisait remettre en question mes envies de devenir prêtre et ce que cela impliquait, mais je m’égare. Je réveillai les autres pour les informer et leur dire de se préparer à une journée chargé, puis me mit au lit en priant pour que cette maudite journée se termine enfin.
Je me réveillai le lendemain matin en me demandant si cette journée arriverait à être pire que la précédente, et elle en prenait le bon chemin car déjà la jeune naine avait commencé à chaperonner Escaris en le sortant du lit à coup de louche en fer. Se faire réveiller de la sorte n’est déjà pas agréable en soit, ça l’est encore moins lorsque l’on est une faë et que comme toute ces dernières on ne supporte pas le contact du fer … Et nous n’avions même pas eu le temps de nous habiller que déjà la gouvernante débarquait tel un ouragan dans notre dortoir en nous beuglant l’ordre du jour : mettre de l’ordre dans la bibliothèque ainsi que dans les quartiers de Dame Sarah, aider en cuisine, entretenir les jardins et aider à l’armurerie … Rien que ça ? Elle veut notre mort ? Nous nous répartîmes les tâches d’un air entendu afin que chacun puisse fouiner dans son coin au mieux de ses compétences. La biquette à la bibliothèque, le nain à l’armurerie, le vieillard dans les quartiers de la jeune Dame (quel vieux pervers ! Elle n’a que 14 ans !) et moi en cuisine. Nous finirons ensuite tous ensemble dans les jardins.
A mon arrivé en cuisine, Roberta était toujours aussi énergique et chaleureuse qu’à l’accoutumé, et je faisais mine de l’être également tout en étant méfiant vis-à-vis d’elle et de mon environnement. Après tout j’étais en territoire hostile. Elle me dit qu’il y avait une soirée entre noble ce soir et qu’il fallait finir les préparatifs, ainsi que préparer une petite contre-soirée pour les serviteurs. Je commençais alors par une bonne session de tartinage de terrine … parfum sang d’elfe ! Ça commence bien, va y avoir une tournée générale ce soir … puis je dû monter le vin pour les nobles et à la fin une bouteille pour la jeune princesse Sarah. Là j’eu des sueurs froides, vérifia sa bouteille et confirma qu’elle sentait bien elle aussi le sang d’elfe. Roberta était occupé de son côté, aussi j’en profitais pour échanger le contenu de cette bouteille avec la première piquette qui m’était passé sous la main. Je dissimulai sur moi la bouteille de sang d’elfe et une fois mes corvées de commis terminé je me dirigeai vers les jardins. Nous échangeâmes nos infos tout en taillant plus ou moins correctement la haie … A hauteur de nain c’était nickel ! Il ne fallait juste pas trop lever les yeux … Notre biquette avait trouvé un registre avec des noms et des livraisons par individu, le nain une fiole de sang dans les affaires d’un sergent et le vieillard avait trouvé une robe de la princesse … (ça aurait pu être pire …) et nous dit aussi que ses draps étaient « humides » et que ce n’était pas de l’urine. Mon dieu, ce vieillard est vraiment un pervers fini ! Il a même vérifié ça … Bientôt, bientôt je pourrais lui faire faire pénitence.
Puis je me mis en quête d’Angela, que je trouvai dans un couloir en compagnie de plusieurs nobliaux essayant vainement de gagner ses faveurs –qu’elle n’a encore accordé à personne- et lui demanda au mieux de cette noble assemblée si l’on pourrait se voir plus tard, pour le travail. Elle me donna rendez-vous ainsi qu’à mes amis dans son bureau, ce qui me valut des regards meurtriers. Ah quelle belle journée, je ne sais pas ce qui va me tuer en premier. Une fois réuni dans son bureau, nous lui exposâmes nos découvertes et elle blêmi en apprenant que la jeune princesse Sarah est également visé. Nous lui livrâmes le sang et le registre, et elle nous conseilla d’aller maintenant trouver le Comte en nous expliquant qu’en tant que seigneur elfe –il a fait un mariage politique avec la comtesse et il est certain que ces deux-là n’auront jamais d’héritiers- il s’ennuie ferme et adore autant l’art que les distractions … Gageons qu’un jeu d’enquête saura le divertir. Au passage il est bon de préciser qu’il était heureux pour nous que le comte et la comtesse soit tout deux hors de soupçon. Le comte ne ferait rien qui mette en péril l’alliance entre notre comté humain et son royaume des faes, quant à la comtesse elle tient bien trop à sa sœur cadette, au point d’épouser à sa place un seigneur d’elfe qu’elle ne peut pas encadrer. Leonard souleva un dernier point : vu que la princesse Sarah semble être la principale cible de la soirée, il serait plus prudent de s'assurer de sa sécurité, en la remplaçant par une doublure par exemple ... Angela fut entièrement d'accord avec cela et demanda à notre ami s'il voulait bien prendre sa place et identité ... oui nous apprîmes à ce moment là qu'il était un changelin, un métamorphe. Ce n'était donc pas simplement un vieux pervers ...
Nous avons laissé notre ami changelin avec Angela pour qu’ils discutent des derniers détails les concernant et sommes allé trouver le comte dans ses quartiers en train de peindre et lui avons proposé un jeu, ce qui a piqué son intérêt. Après l’avoir appâté, nous lui avons conseillé d’aller s’entretenir avec Angela pour plus d’information, ce qu’il a accepté avec enthousiasme. Tant qu’à faire d’être dans les appartements vide du comte, nous en avons profité pour fureter un peu … son coup de pinceau a encore matière à progression. Par contre sa réserve d’alcool est fort sympathique, voyez-vous, nous y avons trouvé une note qui disait : « pas plus de deux bouteilles par personnes ». Puis qui s’est ajusté en « sauf pour la biquette, une seule pour elle ». Là-dessus, la biquette a pris la note et s’est amusé à la secouer dans tous les sens en disant « et ça ? ça t’énerve ? hein dis ça t’énerve ? » Un cri de douleur et une main de biquette en sang plus tard, nous eûmes notre réponse … Oui ça a énervé le bout de papier … Il fut ranger bien gentiment dans son armoire avec ses bouteilles et nous avons vidé les lieux, croisant un peu plus tard le père excentrique de biquette. C’est le genre de mage qui se promène avec une cape qui traîne par terre sur plusieurs mètres avec écrit dessus « Veni, Vedi, Veci » et le dernier qui a fait un commentaire a eu des problèmes digestifs … Charmante famille.
Le soir arriva, la soirée se déroula … jusqu’à ce que le comte et seigneur elfe commence à expliquer calmement à son auditoire qu’il est un vétéran de la guerre et des intrigues de cour. Puis avec presque autant de calme, il a fait le ménage en faisant un bain de sang avec son épée d’os. Cela ne fit pas le bonheur de la comtesse qui n’était au courant de rien, aussi son cher et tendre époux lui expliqua brièvement la situation. Puis vint le moment d’interroger le seul et unique survivant du complot : le capitaine. Il fit le fier en prétendant qu’il resterait muet comme une tombe, une épée de la comtesse planté sous le genou plus tard, il se mit à table. Il s’avéra que le but de tout cela était une vengeance personnelle doublé d’une tentative de prendre le pouvoir, sans plus d’implication. Devenu inutile, le capitaine rejoignit les siens.
Nous fûmes récompensé pour nos services un peu plus tard dans une ambiance glaciale, où chacun eu droit à la formation de son choix aux frais de la couronne. Je vais enfin pouvoir devenir prêtre ! Et mon amie Angela gagne en influence ainsi qu’une reconsidération de la part de la couronne d’un traité qu’elle était venue négocier (sans espoir à la base). Les choses semblent s’arranger pour nous ! C’en est presque inquiétant …